Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 35

Mattew

J'ai à peine le temps de voir la moto démarrer quand je sors que j'abats mon poing sur le sol. Tant pis si sa mère regarde.

Je suis vraiment trop con ! Je choisis toujours les mauvaises ou ça se passe comment ?

Je m'empresse d'envoyer un message à Henzo pour qu'il me retrouve à la boxe et m'y rends presque en courant. Je dois décompresser d'urgence avant de m'en prendre à un inconnu.

Je suis à la salle en moins de dix minutes, soulagé de voir que mon meilleur ami est déjà sur place. Il ne me pose pas de question. Ce n'est que lorsque j'entre dans les vestiaires et passe devant les miroirs que je réalise que j'ai l'air enragé. Ce n'est pas qu'une impression d'ailleurs.

On se dirige directement vers les sacs de frappe. Henzo sait parfaitement de quoi j'ai besoin. Evacuer. Il se place derrière, pressentant la puissance de mes coups.

Je tape une fois, deux fois, trois fois, cent fois... De plus en plus fort, de plus en plus vite. Je suis à deux doigts de hurler, mais je me contiens pour ne pas attirer l'attention.

Mon meilleur ami a parfois du mal à retenir le sac de partir, il s'abstient néanmoins de me le faire remarquer quand ça arrive. Alors je continue de taper comme ça, jusqu'à l'épuisement.

Je ne sais pas combien de temps a passé, je suis exténué. Je m'affale contre le mur, Henzo me rejoint.

- Alors, tu vas me dire ce qu'il s'est passé ? Vous avez tenu quand même une heure et demie.

- J'y ai cru sérieux. Pendant un instant, j'ai pensé que tout redeviendrait comme avant.

Je ne réponds absolument pas à sa question, je suis encore en train de me demander comment on a fait pour en arriver là.

- Pourquoi ce ne serait pas le cas ?

- Elle n'a pas confiance. Elle ne veut pas me faire confiance. Elle m'a demandé de tout déballer. J'ai refusé et lui ai dit de patienter, alors elle m'a jeté, expliqué-je dans un souffle.

- Merde mec désolé. Je pensais vraiment qu'elle comprendrait.

Je le vois faire la moue, ce qui me prouve qu'il est sincère. Il a cru en Alyssia. Il avait l'espoir qu'elle me sortirait définitivement de la merde.

- On s'est tous les deux trompés.

- Pour tout te dire, je suis toujours persuadé qu'Alyssia est la fille que tu attendais. Malheureusement elle ne sait pas forcément comment réagir à toutes les situations. La tienne étant quand même – avouons-le – assez différente des autres.

Je le regarde éberlué. Est-ce qu'il a raison ce crétin ? En tout cas, je n'ai pas envie de trouver des excuses à Alyssia pour le moment.

- Je vais finir par croire au soutien féminin.

- Tu m'insultes là ?

- Et toi tu ne m'aides pas du tout.

On reste dans cette position en silence encore un moment. Je me recroqueville soudain sur moi-même, les mains sur ma tête, cette dernière enfouie dans mes jambes.

- Elle me manque déjà c'est horrible. J'arrête pas de me dire que, peu importe le chemin que j'aurais choisi, l'issue aurait été la même.

- C'est-à-dire ? me demande Henzo l'air dubitatif.

- J'ai décidé de ne pas lui dire tout de suite et elle m'a quitté. Si je lui avait raconté elle serait partie en courant. Dans tous les cas, j'aurais ressenti ce manque.