Chapitre 48

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Mattew

- Mattew, ce n'est pas le moment de replonger. Retire ce joint de ta bouche, me commande mon meilleur ami.

Il essaie de joindre le geste à la parole, néanmoins je le repousse sans ménagement. Son regard mécontent me fait passer le message que je refuse d'entendre. Je ne l'écoute pas plus pour autant. Je tire une grande bouffée, mes yeux accrochés aux siens. Provocation quand tu nous tiens.

- Ce n'est pas le moment de merder mec. Tu as peut-être perdu Victoire, mais Alyssia est toujours là. Tu dois te battre pour elle.

Je sais qu'il aimerait ajouter « et pour moi ». Il ne l'a jamais dit à voix haute, mais son attitude parle d'elle-même.

- Henzo, c'est justement pour cela que je dois replonger. Pour vous sauver. C'est la condition pour qu'Ashley vous laisse.

- Non je refuse ! Tu la connais, elle serait capable de te demander de nous tabasser pour te tester.

Je le regarde, hébété. Pourtant en y réfléchissant il a probablement raison. Voyant que je ne réagis pas, il poursuit.

- Tu as pu faire marche arrière une fois, la deuxième causera ta mort. Et sans doute la nôtre par la même occasion... Tu dois rester auprès de nous afin de veiller sur elle. Tu ne te pardonnerais pas sa mort Matt. Je le sais aussi bien que toi, termine-t-il dans un souffle.

- Je ne sais pas si je suis capable de la protéger, avoué-je. Même si je voulais m'en éloigner pour qu'elle ne soit plus la cible d'Ashley, c'est trop tard. Elle l'a dans sa ligne de mire, et on est tous les deux conscients qu'elle ne va pas changer d'avis.

On évite à chaque fois de se rappeler qu'Henzo est également sur la liste des personnes à éliminer, pour me motiver à revenir dans le gang.

Mais il a raison.

Elle finira ce qu'elle a entreprit, même si je reviens à ses côtés. Elle est comme ça, c'est ce qui a toujours fait d'elle la boss. Etant donné que Kyoto ne s'occupe pas elle-même du sale boulot, je serai celui qui doit effectuer cette tâche.

Je suis complètement paumé.

Et ce baiser tout à l'heure m'a encore plus retourné. Je veux être avec Alyssia et pourtant tout semble nous en empêcher.

Je me rappelle alors ma promesse de faire payer à ces deux garçons ce qu'ils lui ont fait aujourd'hui. Le problème c'est que l'on est en vacances. Est-ce que j'ai encore le temps d'appeler la directrice ? Je devrais peut-être attendre demain ? Je sais qu'elle fait pas mal d'heure supplémentaire, j'ai peut-être une chance.

J'éteins précipitamment mon joint et m'empare de mon téléphone et mes clés. Pourvu que le lycée soit toujours ouvert. Je fonce à ma voiture avant qu'Henzo ne me dise que je ne suis pas en état de conduire. J'active le Bluetooth et appelle le secrétariat bien que je sache qu'il est fermé. Je n'ai évidemment aucune réponse, ce qui me fait accélérer au-delà de la vitesse autorisée.

Je me dépêche d'ouvrir les portes avec mon pass d'enseignant, mais ma précipitation me ralentit plus qu'autre chose.

Inspire. Expire.

Je poursuis ma course dans les couloirs, me rendant directement au bureau de madame Forzetti sous les regards étonnés du personnel d'entretien toujours présent. Je toque à peine à la porte, manquant totalement de respect. J'attends tout de même une approbation avant de pénétrer dans la pièce.

- Monsieur Bargens, qu'est-ce qui vous amène à cette heure-ci ? Vous avez l'air préoccupé.

Je reprends ma respiration avant de lui expliquer ma présence. Elle m'écoute avec le plus grand calme, son visage trahissant à peine ses émotions. Je suis près de la crise d'hystérie en constatant qu'elle n'est pas plus inquiète que ça.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant