Chapitre 34

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Alyssia

Heure estimée du décès : 14h00.

J'aimerais étrangler Mattew pour me forcer à le voir, mais je me suis promis de ne pas l'approcher de mon plein gré.

Je ne dois pas flancher.

- Je suis sûre que je vais y arriver, me dis-je à moi-même en observant mon reflet.

Pourquoi je vérifie ma tenue d'ailleurs ? Je ne veux impressionner personne. Ça c'est ce que tu dis.

La sonnette d'entrée retentit, m'empêchant de mener un combat intérieur pour déterminer qui de mon cerveau ou mon cœur l'emportera aujourd'hui.

Je ne me précipite pas cette fois-ci. Je prends mon temps pour descendre et je le laisse avec ma mère. Il mérite de souffrir encore un peu.

Malheureusement pour moi, il me repère à peine ai-je passé la dernière marche. Il clôt la discussion avec ma mère et me rejoint sans laisser paraître la moindre émotion. Je passe devant comme à chaque fois et fais semblant de lui claquer la porte au nez lorsqu'il rentre. Ne sois pas si gamine, Alyssia, pitié.

Il a le regard rieur, je perçois même une lueur de désir au fond ses iris. Je me détourne rapidement et m'assois. Je récite mes cinq verbes et suis heureuse de constater qu'ils me sont bien restés en mémoire, pour une fois.

Deux heures.

Je dois passer deux heures dans ma chambre en sa compagnie et mon cœur faiblit déjà. Je ne pensais pas que ce serait si dur d'ignorer des sentiments. Je compatis un peu pour Luca à présent.

- Alyssia ? Tu m'écoutes ?

- Oh pardon, tu disais quoi ?

Je n'avais pas prévu de le tutoyer, c'est sorti naturellement. J'ai pris de mauvaises habitudes.

- Je vais te donner un texte et des questions pour tester ta compréhension de l'écrit. Je te laisse une heure de paix pour bosser et après on regarde ce que ça donne.

- Ok.

Je me détourne et attends, mettant un point d'honneur à garder mes distances.

- Je peux m'installer sur ton lit pour travailler ? reprend-t-il après un court silence.

- Je ne sais pas si c'est idéal... contré-je.

- J'ai étudié dans des situations pires que celle-ci. Tu ne devrais pas autant t'inquiéter pour moi.

Je sais qu'il fait exprès de m'aguicher, je baisse malgré tout la tête, rougissante. Il me tend les feuilles dont j'ai besoin et je me mets au travail sans demander mon reste.

L'heure qui suit est longue. Je n'ai vraiment pas envie de continuer. Je me surprends à repenser à comment il m'avait aidé à travailler l'autre soir dans son appartement. Je regrette cette méthode, puis me remémore mon lundi soir, ce qui a pour effet de me ramener sur terre.

Je sens que Mattew me dévisage lorsque les petits cheveux sur me nuque se hérissent. Je me tourne violemment pour le prendre sur le fait, mais il n'en semble pas gêné. Au contraire son regard s'intensifie quand il rencontre le mien.

Je me lève instinctivement, mes jambes ne répondent plus aux menaces de mon cerveau. Je le rejoins près du lit. Il y est assis les pieds ancrés au sol.

Lorsque je m'approche il dépose sur le matelas les copies qu'il avait jusqu'à présent sur ses jambes. Il m'attire à lui sans plus attendre. Je me laisse faire sans vraiment savoir pourquoi. Je me sens juste bien.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant