Chapitre 28

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Mattew

Aujourd'hui je finis à 15 heures, je me décide donc -enfin- à aller rendre visite à mes anciens professeurs. J'ai hâte de voir leur tête. J'espère surtout que madame Manneusse sera toujours là. La seule enseignante qui a toujours eu foi en moi. Je la considérais un peu comme ma mère, puisque la mienne est aux abonnées absentes.

Je repasse chez moi pour poser mes affaires, sans me changer. Etant donné que c'est presque de l'autre côté de la ville, je prends ma voiture, ce que je fais rarement. En fait c'est seulement pour les trajets supérieurs à trente minutes de marche. Je m'y rends en une quinzaine de minutes, car peu d'automobilistes circulent avant 17 heures.

Voir ce bâtiment me rend nostalgique. Je chasse rapidement mes souvenirs qui me hantent déjà bien assez. Plus j'approche de l'entrée, plus je suis excité et effrayé. Pour me détendre je préviens rapidement Alyssia, penser à elle a le don de me calmer. Je suis légèrement déçu de savoir que je ne la verrai pas ce week-end, mais j'ai moi aussi du travail qui m'attend. Je ne dois pas oublier qu'elles sont mes priorités. En fait non, c'est bien Alyssia qui est le plus importante.

Je déglutis et sonne sans attendre pour ne pas me dégonfler. On m'ouvre quasi instantanément et j'ai la bonne surprise de voir que c'est toujours Marion qui est à l'accueil.

- Mattew ?

- En personne, je ricane un peu gênée de la voir bouche bée.

Ce n'est pas comme si je ne m'y attendais pas. Elle me scrute un instant, comme si elle vérifiait qu'elle ne rêve pas, puis quitte son poste pour m'enlacer.

- Mon dieu Mattew tu as changé ! s'exclame-t-elle encore sous le choc. Tu es...

- Normal ? Clean ? Un homme ? je lui soumets.

- Ça te va très bien d'être clean comme tu dis. Quand as-tu quitté le, enfin tu sais. Je ne pensais pas que c'était possible.

Mieux vaut passer les détails lugubres. Je suis là pour annoncer des bonnes nouvelles.

- Le gang ? Ouais, j'ai passé un mauvais quart d'heure, mais ça valait le coup parce qu'aujourd'hui je suis heureux. Et surtout je suis professeur d'anglais, dis-je impassible.

- Mais c'est super Mattew ! Vraiment, félicitations ! Je suis très contente pour toi !

- Merci Marion. Toi ça va ?

- Oui très bien. Je ne vais pas t'embêter pas avec mes histoires, je suppose que tu es là pour revoir tous tes professeurs ?

- En effet.

Elle retourne à son bureau et laisse un mot sur un post-it. En prenant ses clés elle m'annonce :

- Je t'accompagne à la salle des profs mais je ne vais pas rester longtemps. C'est bientôt la pause.

- Pas de soucis. Merci.

On traverse l'établissement. Leur salle est assez isolée ce qui doit être plutôt agréable pour eux. Quand je pense à la nôtre – en plein couloir – et le bruit qui va avec, je me demande si je ne vais pas proposer un changement de lieu. Elle entre en première toute guillerette.

- Bonjour à ceux que je n'ai pas vu ! Vous ne devinerez jamais qui vient vous rendre visite !

Je pénètre dans la salle contiguë sortant de derrière les casiers. J'entends quelques exclamations qui me font à la fois pincer les lèvres et sourire. Il y a plus de monde que ce à quoi je m'attendais et les réactions sont multiples. Mon professeur de mathématiques monsieur Roger est le premier à saisir la parole.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant