Chapitre 9

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Mattew

Je sens dans sa voix la détresse. Je me tourne brusquement vers elle, lâchant Jérémy que je massacrais. Et là je comprends. Je vois qu'elle est effrayée et en état de choc.

- J'ai fait assez de boxe pour aujourd'hui. Viens on rentre

Elle reste sur place, le regard fixé sur celui qui l'agressais quelques minutes plus tôt. Je commence à paniquer et lui prends doucement la main. Je caresse délicatement la marque rouge que lui a laissé la poigne de Jérémy de ma main libre et la rassure.

- Il ne va rien t'arriver maintenant. Mais il vaudrait mieux que tu rentres. Suis-moi s'il te plaît, lui chuchotai-je.

Elle daigne enfin me regarder et la peur semble légèrement s'effacer. Elle baisse les yeux vers nos mains liés. Je suis son regard et vois que mon poing est bien amoché. Je la tire doucement pour la sortir définitivement de sa torpeur et elle accepte enfin de me suivre.

Je la fais entrer dans les vestiaires avec moi tant pis, je ne veux plus la laisser seule. J'ai fait l'erreur une fois, ça ne se reproduira plus.

Je l'assois sur le banc et lui relâche la main sans pour autant la quitter des yeux. Je nettoie le sang sur mes mains et m'observe dans la glace. Rien de bien méchant, mais je vais avoir fière allure en cours. Pourvu que madame Forzetti, la directrice, ne l'apprenne pas. Ça aura le temps de cicatriser ce week-end. En attendant, je dois rentrer nettoyer tout ça mais je refuse de laisser Alyssia retourner chez elle dans cet état.

- Alyssia, ça ne te dérange pas si on passe chez moi ? Je te déposerai en voiture chez toi après.

- Je n'ai pas donné d'heure à ma mère, murmure-t-elle comme une approbation.

- Bien. Tu te sens comment ?

La question semble idiote, pourtant j'ai besoin de savoir.

- Encore déboussolée mais ça va.

- Je suis vraiment impardonnable. Je n'aurais pas dû te laisser alors que je savais de quoi Jérémy est capable.

Je m'en veux réellement. Pourra-t-elle me pardonner et me faire à nouveau confiance ?

- Ce n'est pas de vôtre faute. C'est moi qui l'ai giflé, souffle-t-elle.

- Il n'avait pas à te parler de la sorte.

Repenser à ce qu'il lui a dit, me donne envie de sévir à nouveau.

- Vous avez entendu ?

- Disons qu'il a la voix qui porte et que je suis sorti des vestiaires au bon moment, confirmé-je.

- J'ai vraiment honte, vous savez.

- Tu ne dois pas, tu n'as rien à te reprocher. Allez viens partons.

Je lui reprends la main pour qu'elle me suive et qu'elle sache que je suis là. Je ne supporte pas le fait qu'elle s'en veuille, qu'elle se sente honteuse de ce qui vient de se passer.

Tu aurais dû être là. Tout ça c'est ta faute, si tu ne l'avais pas amené ici ça ne serai pas arrivé. Voilà les seules choses auxquelles je pense pendant que nous marchons pour aller à mon appartement.

Arrivés à la porte d'entrée de l'immeuble, je préfère la prévenir.

- Je suis au troisième étage sans ascenseur, ça va aller ?

Elle acquiesce, néanmoins je mets une main autour de sa taille pour la soutenir en cas de besoin. Ce contact me réchauffe le cœur, autant que ça me brise que ce soit dans ces conditions.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant