Chapitre 55

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Alyssia

Retourner en cours après avoir disparue une semaine de plus après les vacances c'est étrange. Mais ça l'est d'autant plus lorsque notre nom est dans toutes les bouches.

Les rumeurs ne se sont pas tassées. Au contraire. Plusieurs personnes sont venues me demander si j'avais vraiment proposé à Dylan et Cole de les sucer. Je ne sais pas ce qu'ils ont racontés, en tous cas leur renvoi ne leur a pas fait plaisir. Ils s'attendaient à quoi sérieux ?

Tout ce remue-ménage autour de moi m'a complètement remis le moral à zéro. Je suis actuellement enfermée aux toilettes pour pleurer. Je n'ai pas l'habitude de craquer si ouvertement en public, mais je ne tiens plus.

J'ai envie de redevenir transparente comme il y a quelques temps. Redevenir la fille sans intérêt. Redevenir juste la « fille du maire ».

Qu'est-ce qu'il s'est passé dans ma tête ? A quel moment je me suis dit : « Sortons avec le professeur d'anglais, c'est sans conséquences et pas du tout bizarre ! ».

Et à quel moment j'ai pu avoir des sentiments pour lui ? Il n'y a pas de bouton retour à ce que je sache. Je suis mal, très mal.

Il est trop tard pour changer de classe. Je ne parle pas de changer d'établissement. Je ne peux pas faire virer tous ceux qui me harcèlent, il ne resterait plus grand monde de toute façon. Alors je fais quoi clairement ?

Je garde la tête haute devant tous ces gens et je pleure le soir en rentrant chez moi ? J'évite Mattew à tout jamais et me renferme sur moi-même ?

On voit souvent des personnes se faire harceler. On est la plupart du temps impuissant, mais c'est toujours facile quand on est spectateur. La place de la victime est la pire.

C'est celle qui subit. Celle qui encaisse. Celle qui souffre. Celle qui se sent faible. Celle qui souvent ne croit plus en rien. Celle qui malheureusement n'accorde plus d'importance à sa vie.

Je n'avais jamais ressenti un si grand vide et un énorme poids simultanément. Nous n'avons plus d'espoir, nous ne sommes plus qu'une carcasse sans âme. Néanmoins notre vie est toujours là et elle nous pèse. On ne peut la réduire à néant d'un claquement de doigt –quoique se taillader les veines est aussi rapide.

- Alyssia, est-ce que tu es là ?!

Les filles viennent de débarquer dans les toilettes, ouvrant la porte avec fracas. Un hoquet me trahit et elles se mettent rapidement à frapper à la bonne porte.

- Alyssia Elisabeth Reeves ! Ouvre cette porte immédiatement ou je la fracasse ! menace Matylde.

Je n'ai absolument pas de deuxième prénom, mais elle a pour habitude de nous en donner un lorsqu'elle est très remontée. La sachant capable de casser la seule barrière entre nous, je la déverrouille.

Elle se précipite sur moi pour voir dans quel état je suis. Sans doute pas du tout convaincue par ma tête rougie de larmes, elle prend mon téléphone dans ma poche. Elle le déverrouille avec mon empreinte et le tend à Laélïana qui est restée légèrement en retrait.

- Appelle-le.

Mon amie s'en empare sans un mot et hoche la tête avant de s'éloigner.

- Qui est-ce... qu'elle appelle... Matylde ? hoqueté-je, tentant en vain de faire transparaître mon agacement dans ma voix.

- Le seul capable de t'apaiser, me répond-t-elle simplement.

- Non c'est hors de question ! Je refuse ! On ne doit pas nous voir ensemble !

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant