Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 61

Alyssia

Je cours le plus vite que je peux.

Je ne cours pas pour me dépenser, je cours pour me sauver.

Je tente d'échapper à deux hommes. Je ne peux distinguer leurs visages, cachés sous un casque de moto à la visière noire.

Je ne sais pas où je vais mais je cours. Je m'enfonce dans les rues inconnues qui se présentent à moi. Je ne m'arrête pas tant que les hommes en noir me poursuivent. Où que j'aille, ils sont toujours derrière moi.

Je perds haleine et trébuche contre une pierre invisible. Je m'écorche les genoux en tombant, mais je me relève immédiatement.

Je reprends ma course en vérifiant la distance entre moi et mes assaillants. Il n'en reste plus qu'un et il se rapproche un peu plus à chaque seconde.

Soudain je bute dans quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Le deuxième motard m'agrippe les poignets et me pousse violemment contre le mur. Il m'y maintient, attendant son ami qui n'est plus qu'à quelques mètres.

Les deux hommes se mettent alors à me toucher sur tout le corps, ignorant mes suppliques. Ils se parlent comme si je n'étais pas là, leurs voix étouffées par les casques.

- Elle en veut celle-là ! dit l'un

- Elle va être servie ! lui répond l'autre.

Je leur exhorte de me laisser partir. Je pleure que je ne veux pas qu'ils me touchent. Mais c'est comme s'ils ne m'entendaient pas. Mes mots semblent être un souffle, emporté par le vent.

- Pitié...

- Tu entends ça ? Voilà qu'elle nous supplie maintenant ! s'exclame le premier.

- Elle est pressée dis donc ! C'est une bonne petite chienne ! ajoute le second.

Leurs paroles me donnent envie de vomir. Je tousse et crache de la bile à leurs pieds. Ils ne semblent pas apprécier l'incident. Leurs regards se durcissent et leurs poignes se resserrent. Leurs gestes deviennent plus pressants. Mes cris se transforment en hurlement continus.

Pourtant personne ne m'entend. Personne ne me vient en aide.

Les larmes coulent. Je suis terrifiée.

- Arrêtez ! Laissez-moi ! Laissez-moi partir ! imploré-je à nouveau.

L'un d'eux me secoue mais je me débats, le poussant et le griffant au visage.

- Non, arrêtez je vous dis ! Lâchez-moi ! m'égosillé-je.

- Alyssia c'est moi ! C'est Mattew ! Calme-toi, c'est juste moi.

Je sais que je connais cette voix. Je sais que je peux lui faire confiance. Néanmoins, je ne vois nulle part celui à qui elle appartient. Personne d'autre n'est présent, mis à part mes agresseurs. Ce doit être mon cerveau qui crée des hallucinations sonores. Je ne dois pas me laisser prendre.

- Non... Non je ne veux pas ! Pitié laissez-moi...

- Alyssia, réveille-toi. C'est Mattew. Tu fais un cauchemar !

Non. Tout ceci est bien réel. Je ne peux pas céder à des illusions.

Tout devient flou autour de moi. Je crois que je vais perdre connaissance. Je ne veux pas me retrouver dans un monde de brume. Je dois lutter.

- Alyssia, réveille-toi s'il te plaît. Ne m'oblige pas à te gifler !

J'ouvre alors les yeux. Je suis dans le noir complet. Les deux hommes ont disparus, mais quelqu'un continue à me secouer. Je n'arrive pas à distinguer de qui il s'agit, néanmoins sa présence me dépossède de ma peur.