Alyssia
J'ai fini les cours plus tôt aujourd'hui. En sortant de la salle, j'envoie un message à Mattew pour savoir où il est. Je reçois quelques secondes plus tard sa réponse me disant qu'il est à côté et passe me prendre.
Je suis presque sûre qu'il était à l'appartement, mais le connaissant il préfère arrêter toute activité pour venir me chercher, plutôt que me laisser rentrer seule. Je souris bêtement face à cela et me place stratégiquement sur le parking.
C'est malheureusement un tout autre homme qui m'y attend. Son regard noir n'augure rien de bon.
- Qu'est-ce que tu fais là papa ? demandé-je irritée.
- Tu rentres immédiatement à la maison.
- Certainement pas.
Je trace ma route et lui passe à côté en enfilant mes écouteurs.
- Monte de suite dans cette voiture ! s'emporte-t-il.
Mon père a horreur qu'on lui tienne tête. Je prends donc un malin plaisir à le faire. Bien que ça vienne avant tout du cœur.
- Pourquoi je ferai ça ? Je te rappelle que tu m'as viré de la maison ! Tu veux me ramener juste à cause de l'article. Et d'ailleurs comment tu as pu savoir à quelle heure je finissais les cours ?
- Je suis le maire, j'ai accès à toutes les informations que je veux.
Je n'essaie même plus d'être discrète. J'ai juste envie que mon père sache ce que ça fait d'être humilié. Que ça lui coute son mandat ou non, ça ne m'importe plus.
- Donc parce que tu es le maire, tu te crois au-dessus de tout et tout le monde ? Tu t'imagines que je dois t'obéir au doigt et à l'œil après ce que vous m'avez fait toi et maman ?
- Tais-toi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! crache-t-il.
Je m'apprête à répliquer, quand mon sauveur arrive.
- Tout va bien mon cœur ?
- Oui je t'attendais.
Je me dirige vers Mattew, qui est sorti de la voiture et s'est avancé.
- Vous, éloignez-vous de ma fille ! crie mon père en le pointant du doigt.
- Il me semble que ce n'est pas à vous de décider ce qu'elle doit faire ou non.
Il place sa main sur ma taille comme pour me protéger de tout ce qu'il se passe.
- Comment osez-vous vous adresser à moi de cette manière ? s'indigne mon paternel.
- Vous avez abandonné votre fille, l'accuse Mattew. A présent, elle n'a aucun compte à vous rendre.
Il détourne alors son attention de lui et s'adresse à moi.
- Allez, viens on rentre.
Il remonte sa main sur mon épaule et nous faisons demi-tour pour monter en voiture.
- Elle ne va nulle part avec vous.
Il s'empare du bras de mon copain pour l'arrêter. Ce dernier se retourne vivement et lui lance son poing à la figure.
Je suis stupéfaite.
Mon père se trouve les fesses par terre, la main recouvrant sa joue, poussant d'horribles jurons.
- Ne posez plus jamais la main sur moi, menace Mattew. Je me contrefous que vous soyez maire ou couturier ou quoi que ce soit d'autre, vous êtes un salaud !
Et je suis là. Spectatrice de tout ça. Je regarde mon petit ami hurler sur mon père – qu'il vient de frapper.
- Vous et votre femme, vous êtes de pauvres merdes, qui ne valent pas mieux que mes propres parents ! Vous abandonnez vos enfants et croyez pouvoir garder la mainmise sur...
- C'est bon laisse-le, j'interviens enfin, posant ma main sur sa poitrine.
Il daigne se calmer assez pour plonger ses yeux noisette dans les miens. Je lui transmets le peu d'énergie positive que j'ai en moi. Il semble se détendre et hoche lentement la tête.
Il prend ma main et la serre fort. Nous repartons à la voiture et nous installons en silence. Jusqu'à ce que mon père se relève et nous crie – me crie – dessus.
- Tu vas le regretter Alyssia ! Tu m'entends ? Tu vas le regretter et nous supplier de te reprendre avec nous !
Mattew démarre plus rapidement qu'il ne l'a jamais fait, sans pour autant prononcer un mot. Je n'arrive pas à déterminer la cause de ce silence.
Je le vois se crisper. Je le sens. Sa conduite n'est pas aussi souple que d'habite. Il manque d'oublier de tourner à un croisement et de brûler un feu rouge.
Quand nous arrivons à l'appartement, je m'apprête à l'interroger mais il me devance.
- Je suis désolé.
- Désolé ? Mais pour quelles raisons ? m'étonné-je en retirant mon blouson.
- De m'être emporté si violemment. Je... je suis allé trop loin. Même si c'est un connard je n'aurais pas dû le frapper. Ça reste ton père.
Mon père... Dans les gènes oui, mais au fond de moi je ne le vois plus comme tel.
Je m'approche de Mattew et l'oblige à relever la tête pour me faire face. Je le rassure d'un sourire, puis en lui expliquant mon ressenti sur tout ça.
- Honnêtement, après le choc passé, c'était jubilatoire de le voir comme ça. Je veux dire, il mérite cette humiliation. Et c'est encore mieux qu'il l'ait reçu alors que tu me défendais.
- Mais je ne supporte pas d'être comme ça, et d'autant plus lorsque tu es à mes côtés.
Son air triste et honteux me peine. Je saisis sa main et entrelace nos doigts. Je plante mes yeux dans les siens, lui montrant que rien ne pourra m'éloigner de lui.
- Comment ?
- Impulsif et incontrôlable.
Je pince les lèvres et secoue imperceptiblement la tête.
Je sais qu'il fait référence à son passé. A ce qu'il a fait et éprouvé en le faisant.
Je sais que là maintenant, il se dit qu'il n'a pas tant changé que ça.
Et j'aimerais lui dire tout ce à quoi je pense en ce moment. Tout l'amour, toute la fierté que j'éprouve pour lui.
J'aimerais qu'il se voit comme moi je le vois. Qu'il se rende compte de l'homme bon qu'il est devenu. De tout ce qu'il a accompli pour en arriver là.
A la place, c'est une simple phrase qui sort de ma bouche. Une phrase qui semble le rassurer autant que l'émouvoir.
- C'est pourtant comme ça que je t'aime.
Il me prend dans ses bras sans crier gare et je suis presque sûre de sentir une larme rouler sur mon épaule.
- Tu n'as pas à changer en ma présence, continué-je. Parce que je suis tombé amoureuse de toi pour celui que tu es.
- Qu'est-ce que je serais sans toi ? me souffle-t-il
- Tu serais toujours Mattew Bargens.
- Non. Je ne suis vraiment devenu moi que lorsque je t'ai rencontré.
Et comme si mon cœur et mon visage s'étaient donnés le mot, ils s'échauffent en même temps.
Nous resserrons notre étreinte. Je sens battre nos cœurs à l'unisson sous les couches de vêtements qui nous séparent.
Je voudrais que cet instant dure à jamais.
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J'espère que ce chapitre vous a plu ! Est-ce le calme avant la tempête ?
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Apprends-moi à t'aimer [premier jet]
RomanceAlyssia Reeves est une adolescente complexée, qui se pose trop de questions. En plus de ne pas croire en l'amour, elle est une bille en anglais. Elle se retrouve à faire des cours particuliers avec Mattew Bargens, un jeune professeur plutôt attirant...