Chapitre 50

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Alyssia

Il est environ 17 heures quand je reçois un appel d'un numéro que je ne connais pas. J'hésite à décrocher mais je me dis que ça pourrait être l'hôpital.

- Oui ?

- Alyssia Reeves ? C'est madame Forzetti la directrice.

- Que puis-je pour vous ?

Pourquoi est-ce qu'elle m'appelle un samedi ? Est-ce qu'elle est au courant de l'accident ?

- J'ai eu vent de l'agression dont vous avez été victime ce vendredi. J'aimeriez que vous me confirmiez les faits et que vous me décriviez les adolescents.

- Qui vous en a parlé ?! m'exclamé-je

- Vous ne contredisez donc pas les propos de votre enseignant ?

Mattew ! Evidemment ! Je me promets de l'étrangler juste après. Mais après tout... c'est pour moi qu'il a fait ça, non ?

- Non...

- Etes-vous capable de me dire à quoi ils ressemblent ? continue-t-elle sur le même ton.

- Je peux vous donner leurs noms, ils sont connus ici. C'est Cole et Dylan.

Le silence qui suit me donne l'impression qu'elle était déjà au courant. Apparemment elle n'a aucune envie de sévir. Je me demande bien ce que Mattew lui a dit pour la convaincre, parce que ça a clairement l'air de l'embêter, mais pas pour les bonnes raisons.

- Je vois... reprend-t-elle. Soyez rassurée vous ne les reverrai plus d'ici quelques temps.

- Merci.

Je ne sais pas pourquoi je la remercie puisque c'est complètement normal de les virer. C'est le monde à l'envers.

- Bonne journée et bonne vacances mademoiselle Reeves.

- A vous aussi madame.

Je raccroche et compose directement le numéro de Mattew, qui décroche après une sonnerie.

- Alyssia tu as un problème ?

- Non reposes tes clés.

- Comment tu sais ?! s'étonne-t-il.

- Je te connais.

A vrai dire je l'ai entendu les prendre au moment où il répondait, mais je ne vais pas lui dire.

- Qu'est-ce qu'il se passe alors ?

- Madame Forzetti m'a appelé.

- Tu m'en veux.

Il est tellement pragmatique que je ne sais même plus.

Merci, est la seule chose que j'arrive à lui dire. Pour le coup il le mérite vraiment. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais revu ces deux... mecs.

- Tu ne peux pas me remercier alors que je n'ai pas su te protéger.

- Tu as fait bien plus que tu ne le penses, je lui confie.

- Si tu savais comme je suis désolé pour ce qui t'arrive en ce moment, soupire Mattew. Je ne veux pas te perdre, je t'aime tellement Alyssia.

Il a presque murmuré ses derniers mots, pourtant ils me font vibrer comme s'ils les avaient criés au monde entier.

- Mattew, je...

- C'est bon, oublies ce que je viens de dire. Désolé de te brusquer comme ça. Ce n'est clairement pas ta priorité.

- J'allais te dire que je t'aime aussi.

- Alyssia...

- Mais pour être honnête, le coupé-je, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de se remettre ensemble. Pas tant que l'on n'a pas mis les choses à plat. Surtout en ce qui te concerne. Je ne veux pas que ça recommence comme avant.

Il marque un petit temps d'arrêt avant de me répondre. Je sais déjà qu'il ne me fera pas changer d'avis là-dessus. Néanmoins je suis heureuse qu'on puisse en parler à cœur ouvert.

- Tu as raison. Et après ce qu'il s'est passé je ne peux plus te cacher mon passé. Mais je ne sais pas si je suis prêt à tout te balancer dès demain.

- Est-ce que tu seras prêt un jour ? je lui demande en sachant déjà la réponse. Tu ne peux plus reculer. Si je dois mourir, j'aimerais savoir pourquoi.

J'avoue que je voulais d'abord le provoquer, mais en y réfléchissant c'est plutôt vrai. Victoire m'a dit qu'ils viendraient finir le travail si on n'en avait pas fini.

J'ai eu encore plus peur que lorsqu'elle a envoyé la voiture dans le fossé. J'étais à peine consciente lorsque les motards se sont approchés, mais je savais que ma vie ne tenait qu'à un mouvement.

- Ne dis pas ça je t'en prie... Laisses-moi deux jours. En plus tu dois te reposer. Mais je te promets de ne plus me dégonfler.

Je hoche la tête pour lui signifier que je suis capable d'attendre encore quelques jours, avant de me rappeler qu'il ne peut pas me voir.

- C'est d'accord. On se tient au courant ?

- Bien sûr. Reposes toi bien surtout, me rappelle-t-il.

- Oui papa.

- Ne m'appelle plus jamais comme ça.

- J'avoue que c'était bizarre, rigolé-je.

Finalement nous ne raccrochons pas et continuons de papoter de tout et de rien pendant près d'un heure. Ça fait un bien fou. Je ne pense plus à rien avec lui. Je suis juste bien.

Il décide finalement d'aller à la boxe et je me sens soudain faible de ne pas pouvoir venir avec lui. Je ne pensais pas qu'un sport pourrait un jour me manquer. Surtout un sport de combat.

Je fais alors ce que je fais de mieux. Je lis. Je lis jusqu'à ce que mon estomac me rappelle à l'ordre. Puis je me souviens que mes parents ont arrêté de me nourrir. Il est probablement 20 heures passées et le fait que je sorte de l'hôpital n'a pas l'air de les inquiéter plus que ça.

Je descends donc voir si j'ai de quoi manger. Apparemment je vais devoir me faire cuire des pâtes. Je ne m'attendais pas à devenir indépendante avant la fin du lycée. Comme quoi tout est possible. Mais étant donné que je vis toujours chez mes parents, la situation est bizarre.

Je ne cherche même pas à leur parler. Ils sont tous les deux en train de travailler, alors ce n'est certainement pas le moment de les confronter. D'ailleurs est-ce que le moment a un jour été propice ? Je ne pense pas au vu de leur réaction la seule fois où je me suis opposée à eux. En public en plus ! Ils ne s'en remettront pas.

A vrai dire ça n'a pas d'importance pour moi. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, je ferai de même. C'est aussi simple que ça. Je ne prends pas cela pour une punition, bien au contraire.

Je profite de la cuisson des pâtes pour envoyer un message aux filles. Je suppose que Luca les a prévenus dès qu'il a su. Elles ne tardent pas à me répondre et je les rassure davantage.

Je sens que je vais recevoir des visites supplémentaires ces prochains jours. Pourtant la seule personne que je veux vraiment voir c'est Mattew. Les mots de Victoire tournent en boucle dans ma tête.

Les souvenirs remontent à la surface et je suis en train de pleurer la mort d'une femme que j'ai connu vingt minutes. Une femme qui m'a sauvé la vie. Je n'arrive toujours pas à réaliser.

Le minuteur sonne, m'indiquant que je vais pouvoir manger, alors je sèche mes larmes ne souhaitant pas ajouter de sel à mon plat. Mon humour est vraiment déplorable.

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Voici le chapitre du jour, pourvu qu'il vous plaise ! Des attentes pour la suite ? N'oubliez pas le like !

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant