Chapitre 70

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Mattew

- C'est moi !

Ne recevant pas de réponse j'en déduis qu'Alyssia n'est pas rentrée.

Je file directement à la douche pour me débarrasser de la sueur qui colle à ma peau. Je lance ma playlist et me décrasse.

Une fois sec, je décide d'aller vérifier mes mails sur mon ordinateur. Je vais donc dans la chambre pour le chercher quand mon regard se porte vers un portable resté sur le lit. Je reconnais celui qu'Alyssia a tenté de me cacher la veille.

Je comprends qu'elle a dû l'oublier par mégarde mais trouve toutefois le timing à la fois douteux et parfait.

Je n'hésite qu'une seconde avant de l'attraper. Je sais que c'est mal mais j'ai besoin d'être rassuré. Je le déverrouille facilement, puisque que le code est le même que sur son vrai téléphone. A croire que tout joue en ma faveur.

Je constate rapidement qu'il n'y a aucune application installées. La galerie s'avère elle aussi être vide. Je laisse mon doigt au-dessus de l'icône des messages juste le temps de redouter ce que je vais y trouver.

Il n'y a qu'une conversation. Le nom qui lui est attribué me provoque un frisson d'effroi qui remonte le long de ma colonne vertébrale. Kyoto.

Je regarde les messages et comprends enfin pourquoi Alyssia a tenté de me le cacher. Je fulmine qu'elle ne m'en ait pas parlé immédiatement, néanmoins je comprends. Je sais ce que c'est d'avoir Ashley sur le dos.

Je sais, mais la dernière chose que je veux c'est qu'Alyssia soit impliqué dans tout ça. Elle n'a pas à subir le joug de cette folle.

Je me balance entre deux contradictions, la tête enfouie dans mes paumes. Je me bats contre moi-même.

Je suis si furieux contre Ashley, que je pourrais casser la gueule du premier venu.

Je suis si dévasté de ne pas avoir su protéger Alyssia de tout ça, que je suis à deux doigts de fondre en larmes.

Je n'ai pas le temps d'y penser plus longtemps, le bruit de la clé dans la serrure me surprend. Je me lève précipitamment et repose le portable où il était. Je m'assois au bureau et ouvre mon ordinateur, qui par chance s'allume instantanément.

Alyssia pousse la porte de la chambre et me rejoint.

- Tu es rentré depuis longtemps ?

- Pas plus de trente minutes. Tu t'es bien amusée ?

- A fond !

Je lui souris avec le plus de sincérité possible, mais il me semble tout de même faux. Elle ne relève pas et fait demi-tour. Je la vois du coin de l'œil marquer un arrêt après deux pas. Elle se retourne vers moi, la mine inquiète.

- Tu... vas bien ?

- Absolument, je lui mens. Pourquoi ça ?

- Non, non, pour rien. C'est super ! Vraiment super.

- Ok.

Je fronce les sourcils, avant de comprendre qu'elle vient de récupérer le portable que j'ai fouillé un peu plus tôt.

Elle marche à reculons vers la porte, continuant de dire à quel point c'est génial que j'aille bien, la rendant de plus en plus bizarre. Si je ne savais pas de quoi il retourne, je me serais vraiment inquiété.

Quand elle est vraiment sortie de la pièce, j'expire avec force, me serrant l'arête du nez pour m'apaiser.

~.~.~

Alyssia

Ce que je peux être stupide !

S'il n'avait pas de doutes, je pense qu'avec la scène que je viens de produire ses soupçons se seront éveillés. J'aurais simplement pu récupérer le portable – que j'ai laissé comme une idiote sur le lit – et partir. Pourtant j'avais besoin d'être sûre qu'il n'avait rien vu de ce que j'essaie de lui cacher.

Je m'appuie contre le mur le temps de reprendre mon souffle. Les yeux fermés, la tête levée vers le plafond, je relativise.

Je préfère retourner au salon avant d'avoir à justifier ma position. Mattew ne tarde pas à me rejoindre, son portable dans les mains.

- Henzo vient de m'envoyer un article qui est paru dans le journal local. J'hésites encore entre le choc et le rire.

- De quoi ça parle ? m'enquis-je.

- De nous.

Je me redresse brutalement du canapé. Je manque de lui arracher le téléphone des mains.

- Pardon ?! Comment ça : « de nous » ?

- Et bien de notre relation. Visiblement c'est devenu une affaire publique.

Je m'impatiente. Lui reste toujours aussi serein, comme si tout ça était normal.

- Tu veux rire ? le relancé-je.

- Je ne serais pas allé chercher une idée aussi tordue, si c'était le cas. Ecoute un peu ça.

Je m'accoude au dossier du canapé, craignant la suite.

- « Le lycée Sainte-Mary est pris de cours suite à la démission d'un de leur professeur d'anglais. En effet, celui-ci entretient une relation avec une de ses élèves. Celle-ci n'est autre que la fille de notre maire, Clarke Reeves. Ce dernier n'a pas souhaité se prononcer sur le sujet. D'après plusieurs sources, sa fille n'est pas retournée chez elle depuis l'annonce de sa relation avec son enseignant. »

J'en suis bouche-bée. Ils n'ont pas froid dans le dos. De quel droit se permettent-ils de mettre ça en ligne ? Certes, c'est la vérité, mais ça reste privée. Je n'avais pas nécessairement envie que la ville entière apprenne mes problèmes avec mes parents.

- Mon père doit être vert. Il a certainement fait virer celui qui a publié ça.

- Le tout agrémenté d'une jolie photo prise à notre insu, poursuit-il calmement. Je devrais demander à l'auteur de me l'envoyer, elle est très réussie.

- Une photo ?! Tu te fous de moi ?

Il me tend son portable pour que je vérifie par moi-même.

En effet, un cliché de nous deux en train de nous embrasser image les faits énoncés au-dessus. Elle date du jour où il est venu me chercher en cours. C'est probablement un élève qui l'a prise.

Je me sens vraiment honteuse d'être ainsi affichée. J'enfouis ma tête dans un coussin en me lamentant.

Mattew vient me rejoindre et me prend dans ses bras. Il me dit que ce n'est rien, que personne ne lit ce journal à part Henzo et que si jamais certains l'ont lu, ils auront tout oublié demain.

J'ai vraiment envie de le croire. Néanmoins, je sais que mon père ne pourra jamais oublier ça. Il doit hurler à la trahison dans toute la maison.

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Est-ce que les problèmes arrivent ? Que pensez-vous qu'il va se passer ? N'oubliez pas le like si ça vous a plu !

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant