Chapitre 40

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Alyssia

Je crois bien que j'ai passé le dimanche le plus calme de toute ma vie. J'ai lu Insaisissable de Tahereh Mafi presque toute la journée après avoir pu faire une grasse matinée, une vraie. J'ai totalement ignoré les devoirs qu'il me restait à faire et ça fait du bien. Jusqu'au moment où l'on se rend compte que c'est trop tard pour les faire.

Je me suis levée une heure et demie plus tôt ce matin pour pouvoir rendre mon travail. Si mes parents savaient ça ils m'étrangleraient à mains nues... à tour de rôle. Du moins, s'ils me prêtaient attention.

Depuis ma rébellion de samedi ils m'ignorent complètement. Je suis devenue invisible et ça me fait drôlement bizarre de ne plus les avoir sur le dos. Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais je compte bien en profiter.

Le seul problème c'est que, puisque je n'existe plus à leurs yeux, ils ne s'occupent plus de moi et donc ne me préparent pas à manger. Elégant. Je préfère tout de même ça aux remarques à chacun de mes faits et gestes. Néanmoins je ne dois pas me laisser aller et en profiter pour leur prouver que je peux être indépendante. J'ai hâte de quitter cette maison.

En revanche je n'étais pas prête pour cette journée. Je franchis le seuil du lycée et remarque immédiatement des affiches sur la plupart des murs disant « Alyssia Reeves est une trainée » ou des plus poétiques comme « Si tu cherches Alyssia, regarde sous le bureau. ».

J'écarquille les yeux et rejoins mes amies dès que je les aperçois. Luca ne tarde pas à arriver.

- Ce sont vraiment des ordures, siffle-t-il.

- En attendant ils ont raison. J'ai eu une relation avec un de mes enseignants.

- Oui mais tu n'as pas fini dans son lit donc ces rumeurs sont injustifiées, m'arrête Matylde.

Je me rends compte que Mattew a eu raison de me retenir. Si j'avais écouté mes envies je le regretterai à l'heure qu'il est. Voyant que je ne réponds pas tout de suite Luca devient rouge.

- Alyssia ? Tu n'as rien fait avec Bargens on est d'accord ?

- Non, enfin oui il ne s'est rien passé entre nous.

Mon meilleur ami semble recommencer à respirer et je trouve sa réaction quelques peu exagérée. Je suis libre de faire ce qu'il me chante avec mon corps que je sache. D'autant plus que ce n'est pas la priorité à l'heure actuelle.

- Pourquoi personne ne retire tout ça ? Les surveillants n'auraient même pas dû permettre de les poser s'ils faisaient leur boulot.

Je sens la colère bouillir en moi, mais la honte se manifeste à son tour, me laissant incertaine quant à la réaction que je dois adopter.

Mattew arrive au bout du couloir quand ça sonne. J'ai le temps de voir la tête qu'il fait en constatant les dégâts de notre histoire. Il serre le poing et la mâchoire simultanément. Nos regards se croisent quelques secondes, j'ai l'impression qu'il me fait des excuses silencieuses.

Il reprend alors sa route et je remarque que de nombreux élèves se sont arrêtés pour nous observer. La plupart me lance des insultes à voix haute, tandis que les autres restent plus discrets -vocalement parlant- et préfèrent me pointer du doigt ou me bousculer. Je me résigne et garde la tête baissée pour rejoindre ma salle.

Affronter mes « camarades » de classe est en fait encore pire, puisque que je les côtoie non-stop durant la journée. Les réflexions qu'ils lancent à mon intention sans aucune gêne – et devant nos différents professeurs – ne font que m'enfoncer encore plus dans mon erreur.

Laquelle d'ailleurs ?

Le fait d'avoir accepté mes sentiments pour Mattew ? Ou bien d'avoir mis fin à notre relation, mettant au passage tout le lycée au courant ?

Et là je percute que c'est ma faute ce qu'il m'arrive.

Si j'avais fermé ma bouche ce jour-là, la classe n'aurait pas assisté à ma scène.

Si j'avais choisi de lui faire confiance et de patienter, nous serions encore ensemble à l'heure actuelle.

Et avec tous ces « si », j'aurais passé une bonne journée, calme et normale.

Malheureusement, je suis rentrée chez moi avec la peur du lendemain. Car ce que je sais de ce genre de comportement, c'est qu'il va toujours crescendo.

~.~.~

Mattew

Je me dirige vers ma salle au moment où la cloche retentit. Je suis stupéfait en arrivant dans le bâtiment principal, par la nouvelle décoration que les élèves ont dû poser dans la matinée. Je peux lire sur des affiches, différentes insultes qui ne volent pas bien haut, telles que « Alyssia Reeves, la suceuse de service et pour service ».

Alors c'est de ça que me parlait Henzo ?!

Je reste estomaqué jusqu'à ce que je la vois. Je prends alors conscience que j'ai contracté tous mes muscles et son regard me calme un peu. J'essaie de lui dire à quel point je suis désolé qu'elle subisse ça. J'ai ma part dans cette histoire mais elle doit tout prendre pour nous deux.

Je ne peux pas décemment la rejoindre alors je décide d'aller en cours sans plus attendre.

Plusieurs filles me font les yeux doux, ce qui me donne envie de vomir. Puis les regards assassins de la gent masculine me rappellent que je n'ai rien fait de répréhensible. Mis à part tomber amoureux.

Comment on va se sortir de ce merdier ?

Je n'imagine pas la journée qu'a dû passer Alyssia vu à quel point la mienne a été mouvementée. J'ai eu beaucoup de mal à contrôler mes élèves et leurs remarques. Combien de « est-ce que c'est vrai monsieur ? » j'ai entendu aujourd'hui ? J'ai arrêté le compte après sept fois.

Je rentre chez moi épuisé. J'espère que cette situation se calmera rapidement parce que c'est infernal à vivre. Je me promets tout de même de garder un œil sur Alyssia, au cas où. Je ne sais pas de quoi sont capables des jeunes de leurs âges. J'étais si imprévisible au leur...

Mes espoirs de repos sont exterminés au moment où je vois Jérémy en bas de mon immeuble. Qu'est-ce qu'il veut celui-là ?

Je ne lui accorde aucune attention mais cela ne suffit pas puisqu'il m'attrape le bras. Je me défais rapidement de sa poigne et le dévisage d'un regard noir.

- Je suis là de la part de Kyoto.

J'ai tellement entendu cette phrase que je blêmis. Autrefois elle sortait de ma bouche et ce n'était pas bon signe. Je suis immédiatement sur le qui-vive.

- Elle a juste un message à te faire passer. Pour cette fois du moins, me lance-t-il un sourire en coin comme s'il tentait de me rassurer et à la fois me rappeler que c'était mon rôle autrefois.

- Je t'écoute, qu'on en finisse.

- Elle te laisse une chance pour revenir parmi nous. Sinon elle s'en prendra à ceux que tu aimes en commençant par la vieille que tu es allée voir ce week-end. Et en finissant par celle qui était encore avec toi récemment.

Comment il sait ça bordel ? Ses propos me confirment qu'Ashley me fait suivre et ce, sans doute depuis mon départ.

- Tu lui diras que j'ai reçu le message.

Jérémy hoche la tête avant d'enfiler son casque et de grimper sur la moto garée quelques mètres plus loin. Je ne l'avais même pas remarquée.

Ce n'est que lorsqu'il démarre que je percute et fait le rapprochement avec mercredi. C'est la même moto que j'ai aperçu en sortant de chez Alyssia. Elle sait où elle habite. En réalisant cela, je ne peux plus prendre ses menaces à la légère.

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Et voilà, c'est fini pour aujourd'hui ! J'espère que vous avez aimé, n'hésitez pas à me le signifier en mettant une étoile. Vous pouvez aussi me laisser un commentaire ça fait toujours plaisir !

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant