Chapitre 51

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Alyssia

Une semaine s'est déjà écoulée. Le temps passe si vite, mais je n'ai pas eu vraiment le temps de m'ennuyer. Il y avait souvent les filles avec moi pour m'occuper et vérifier que j'allais bien.

Aujourd'hui je vais enfin voir Mattew. J'ai hâte et j'appréhende à la fois. Il me manque, mais suis-je prête à entendre ce qu'il a à me dire ?

J'enfile ma veste et prends la route pour aller à son appartement. J'ai opté pour une tenue simple, un jean noir et un tee-shirt blanc, relevés par une veste beige. Parfait pour la saison. Je suis sûre que Matylde m'aurait félicité pour mon look. J'ai l'impression que mon beau professeur fait ressortir la styliste qui sommeille en moi.

Je ne suis pas surprise lorsque je vois Mattew qui m'attend en bas de son immeuble. Il sourit dès qu'il m'aperçoit, me réchauffant le cœur. Je me rends compte que mon propre sourire s'étire jusqu'à mes oreilles, quand je sens une crampe au niveau de mes zygomatiques.

Au moment d'entrer dans son appartement, il se retourne et me tire vers lui. Nos bouches se collent immédiatement dans un baiser tendre. Un baiser d'adieu ?

- Désolé. Je voulais t'embrasser au cas où ce serait la dernière fois, me confesse-t-il en me caressant la joue.

J'ouvre la bouche pour le rassurer, mais la referme presque de suite après. A vrai dire, je ne peux rien lui promettre et il le sait. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Plus le temps passe, plus je me dis que je pourrais me passer de savoir ce qui lui est arrivé par le passé. La curiosité me ronge, mais l'inconnu m'effraie.

- Tu ne veux pas attendre plus longtemps, n'est-ce pas ? je finis finalement par demander.

- A quoi bon ?

Nous nous installons face à face sur le canapé. Je l'observe tandis qu'il cherche ses mots. Il paraît plus vieux de quelques années avec cette ride inquiète qui lui barre le front.

- Je ne sais pas par quoi commencer, alors le début fera l'affaire.

Je hoche doucement la tête pour lui signifier que je suis prête.

- Quand j'avais huit ans, ma mère a quitté mon père pour un autre homme. Il ne s'est jamais vraiment relevé depuis. Il est devenu alcoolique et dépressif du jour au lendemain. C'est moi qui ai payé les pots cassés. J'ai payé le départ de ma mère. Alors que moi aussi elle m'a abandonnée.

Je suis déjà au bord des larmes alors que ça ne fait même pas deux minutes. Je n'avais pas soupçonné un seul instant qu'il avait une enfance si... difficile. Il semble si bien dans sa vie.

Je l'entends prendre une grande inspiration avant d'enchaîner.

- Je ne vais pas m'attarder là-dessus parce que ce n'est pas ce dont je dois te parler. Je répondrai à tes questions plus tard.

- Ça se voit à ce point que j'ai déjà des questions ?

- Tu es à deux doigts de te jeter sur moi, donc oui.

Nous rigolons doucement quelques secondes, puis il remet son masque de sérieux, d'abattement, de tristesse. Tout ça à la fois, et plus encore.

- Malgré tout ça, j'étais un très bon élève. J'avais de l'avance sur mes camarades et je travaillais toujours plus pour avoir l'approbation de mon père. C'est durant cette période que j'ai fait la connaissance du mini Henzo encore boutonneux.

- J'ai du mal à l'imaginer, je l'interromps. Quand tu auras fini de ma raconter je veux voir une photo !

Il acquiesce silencieusement. Je comprends qu'il ne croit pas que je resterai assez longtemps pour qu'il puisse m'en montrer. Je lui fais donc signe de poursuivre sans relever.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant