Chapitre 19

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Mattew

Je vais lui parler. Il faut juste que je l'oblige à rester à la fin du cours. J'ai prévenu monsieur Jodes, son professeur de littérature, pour son retard, qui n'est d'ailleurs pas le premier. Il m'a un peu mal regardé, avant d'accepter. Il a dû se dire que je pouvais lui parler à un autre moment, mais le problème est tel que ce n'est pas le cas.

Aujourd'hui j'arrive après les élèves, ce qui me permet d'intercepter Alyssia lorsqu'elle rentre.

- Je dois vous parler à la fin du cours, c'est important. Monsieur Jodes a été mis au courant de votre probable retard.

Je relâche son bras que j'avais attrapé pour la forcer à m'écouter. Elle va s'installer, tandis que je referme la porte après que les retardataires soient arrivés.

Je me fais une joie d'annoncer à la classe le travail oral qu'ils devront produire prochainement. C'est l'une des choses que j'adore dans ce métier. Je comprends mieux mes anciens professeurs qui souriaient lorsque nous râlions. Ou qui écrivaient des commentaires sarcastiques sur nos copies. Et dieu sait que j'en eu pas mal. Sur toutes les copies que je daignais rendre à vrai dire.

Je pense qu'ils ne s'en remettraient pas s'ils apprenaient que je suis aujourd'hui enseignant. Moi, le mec qui causait un nombre incroyable de problèmes et qui adorait les confrontations avec les adultes.

La nostalgie perdure le restant du cours. Je sens qu'il est temps de faire un passage dans mon ancien établissement. Je leur dois beaucoup, principalement des excuses.

Quand sonne l'heure de finir le cours, je regarde instinctivement vers Alyssia pour vérifier qu'elle ne s'enfuit pas. Je suis satisfait de voir qu'elle range ses affaires au ralenti, bien que ça ne soit pas très subtil. A sa tête j'ai l'impression qu'elle veut clarifier la situation, alors je dois parler en premier.

Je réfléchis encore comment mener cette discussion, quand elle se pointe à mon bureau et fait semblant de refaire son lacet. Ses amies sont sorties elles aussi, je suppose qu'elles m'ont entendues tout à l'heure.

- Il n'y a plus personne Alyssia tu peux te relever.

- Je suis bien comme ça. Ça me permet de ne pas vous regarder en face, lâche-t-elle le plus honnêtement du monde.

- Justement j'aimerais pouvoir voir tes yeux quand je te parle. Relève-toi je te pries.

Ça ne va pas être simple.

- De quoi vous vouliez discuter ?

- De plusieurs choses, avoué-je. Du fait que tu m'évites. Mais aussi de ce qu'il se passe avec Luca. Du fait que tu aies annulé le cours d'hier pour un, soi-disant, exposé sur Nelson Mandela.

Elle me regarde en écarquillant les yeux ce qui me fait rire.

- Oui j'ai reçu un mail de ta mère qui voulait vérifier tes dires. Je lui ai bien évidemment dit que ce n'était pas vrai et nous avons pris rendez-vous ensemble.

- Pardon, vous avez fait quoi ?! s'étrangle-t-elle.

J'ai soudain l'impression qu'elle est prête à se jeter sur moi pour me tordre le cou.

- Je plaisantais, j'essaie de détendre l'atmosphère. Je t'ai couverte. Heureusement pour toi c'était par écrit, parce que vu la tête que j'ai fait en lisant son message, elle aurait compris que tu as mentis.

- Ce n'était pas drôle, contre-t-elle.

- Je voulais parler d'autre chose aussi, mais comme tu le sais nous n'aurons pas assez de temps, donc je préfère aller à l'essentiel.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant