Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 42

Alyssia

Mon mardi a ressemblé en tout point à la veille. De nouvelles phrases ont été mises aux murs, puisque les surveillants ont finalement décidé de les enlever le lundi midi. C'était pas trop tôt. J'ai reçu les mêmes regards, les mêmes insultes.

J'espère passer une meilleure journée mais j'ai peu d'espoir. Heureusement que je n'ai pas de cours cet après-midi. Je ne sais d'ailleurs pas ce que je vais faire. Mattew n'a pas annulé le cours et moi non plus, mais je ne pense pas qu'il viendra.

On s'est à peine regarder en cours. Je crois que nous devons juste ne pas donner à ces gens de quoi colporter et amplifier la rumeur. Qui n'est qu'à moitié fausse.

Je devrais peut-être m'excuser ? On devrait tous les deux formuler des excuses je pense. Et je n'ai absolument aucune envie d'être la première à faire ce pas en avant.

J'entre dans le lycée, incertaine quant à ce que je vais trouver dans les couloirs. On ne m'a pas encore jeté de tomates ou d'œufs pourris à la figure, alors je me prépare à en recevoir à chaque carrefour.

Comme les deux derniers jours, il y a de nouvelles affiches mais moins nombreuses cette fois-ci. La rumeur serait-elle en train de s'essouffler ?

J'apprends que mon professeur d'allemand est absent ce qui me fait une heure de trou avant la récréation. Les filles partent en espagnol et je me retrouve rapidement seule dans les couloirs.

Je croise un groupe de filles qui ricanent dès qu'elles m'aperçoivent. L'une d'elle me bouscule violemment en passant me faisant presque tomber. Je comprends mieux pourquoi les murs existent.

Je la regarde choquée, mais ne réponds pas à sa provocation. Elles se tournent toutes vers moi et me toisent.

- Tu pourrais faire attention, m'assène celle qui m'a poussé.

- Tu vas lui faire peur Amber, elle est toute seule maintenant que même le prof l'a jeté, renchérit la rousse à ses côtés.

Elles s'amusent toutes de cette blague, ce qui me met hors de moi. Je ne peux m'empêcher de répliquer.

- Au moins je suis assez intéressante pour qu'il prête attention à moi. Pas comme vous qui êtes toutes plus superficielles les unes que les autres, avec vos six couches de maquillage qui ne vous rendent absolument pas plus belles.

Ce dernier point est un mensonge, elles sont carrément canons mais je ne peux pas l'avouer à voix haute. Elles semblent étonnées par le fait que j'ai parlé de façon si virulente, puis c'est l'irritation qui prend place sur leurs visages.

- Tu devrais pas faire la folle comme ça. T'es qu'une merde qui doit sucer son prof pour avoir des bonnes notes et contenter ses parents. T'as pas de vie et t'as personne qui t'aime.

C'est la dénommée Amber qui vient de me dire tout ça, je crois bien que ma réflexion l'a touchée. Pourtant ce n'est pas ma voix qui lui répond mais celle d'un homme. Et je connais très bien cette voix.

- C'est peut-être le cas et peut-être pas. En tout cas ce n'est certainement pas vous qui avez la réponse.

On se retourne de concert vers Mattew qui a les mains dans les poches. Il ne la laisse pas le contredire et poursuit sa tirade.

- Je vous conseille de vous excusez et déguerpir avant que je ne demande une sanction. Vous aussi vous devez contenter vos parents. Ça ne leur plairait certainement pas d'apprendre que leur gentille petite fille est une parfaite connasse quand ils ne sont pas là.