CHAPITRE VINGT-ET-UN

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CHAPITRE VINGT—ET—UN

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     Le couloir vide de ce bâtiment maussade me donnerait presque la chair de poule. Néanmoins, il me fait froid dans le dos. Un violent et désagréable frisson parcoure l'entièreté de mon corps, alors que je m'avance toujours vers les deux portes au fond. En les poussant lentement pour atteindre l'autre côté, je tombe sur les deux visages fermés et attristés sans égale de ma mère et ma soeur. Je dois sans nul doute partager le même faciès qu'elles.

Ma génitrice relève doucement ses yeux rougis vers moi, et se force à m'offrir un sourire qui se veut rassurant. Je reste debout, toujours face aux deux portes derrière moi, ne pouvant pas lui rendre ce faux sourire encourageant qu'elle m'adresse. Mes jambes commencent à trembler, mais je rassemble au mieux le peu de force qu'il me reste pour ne pas flancher et rejoindre le sol.

Je grimace de douleur lorsqu'une vive douleur me vient à la tête, et je porte instinctivement ma main sur cette dernière qui s'est violemment mise à me faire souffrir. Au même moment, le bruit sourd et lourd des pas de quelqu'un résonne soudainement dans le couloir. Directement, ma mère et Mia se levèrent d'un bond des sièges sur lesquels elles étaient assises, sous l'effet de l'impatience. En dépit de la fatigue et du chagrin que nous éprouvons toutes les trois à l'heure actuelle.

Le quarantenaire à la fidèle blouse blanche qui le caractérise nous regarde à tour de rôle, cette lueur peinée et désolée dans ses prunelles qui en disent long sur ce qu'il en est du verdict. Mon coeur se serre douloureusement dans ma poitrine. Le regard du porteur de la nouvelle que nous appréhendons se pose sur ma mère. Les yeux de celle—ci s'embuent, semblant deviner les prochains propos de l'homme. Malheureusement, je le devine également et secoue vivement la tête, refusant d'accepter cela. Voir même concevoir à l'idée de la révélation qu'il s'apprête à nous faire.

Non, soufflais—je, sentant une forte brûlure envahir mes yeux.

L'homme détourne son regard de ma génitrice dont les lèvres se mettent à trembler. Je vois ma soeur retomber lourdement sur le siège qu'elle venait de quitter, ayant elle aussi compris. Ce n'était pas difficile. Il suffisait de voir l'air plus qu'attristé que le quarantenaire arborait. Celui qu'affiche désormais Mia se fait fermé, interdit, confus, perdu, mais essentiellement surplombé par cette tristesse sans égale.

Je suis navré, souffle l'homme en face de nous, Il est décédé dans son coma. déclare—t—il difficilement.

Le cri déchirant que je pousse brise ce silence étouffant, et ne tenant plus, je m'effondre par terre. Mes genoux heurtent en premier le sol dur et froid, alors que mes larmes dévalent à flot sur mes joues. Je me sens soudainement perdue, vidée, brisée de l'intérieur. Et je ne trouve aucune issue. J'ai peur. La boule au ventre qui venait tout juste de se faire sentir ne cesse de s'accroître. Ma poitrine est compressée par cette nouvelle que je ne me conçois pas d'accepter. Ça ne peut pas être possible. Il ne peut pas.

Mon père ne peut pas être mort.

Les mots du docteur ne cessent de se répéter en boucle dans ma tête qui continue ardemment de me faire atrocement mal. Je sature. J'ai ce besoin alarmant et pressant d'un élément qui m'aiderait un tant soit peu à ne serait—ce que supporter ça. Mais de quoi s'agit—il ?

Hazel... m'appelle une voix.

Sauf qu'elle n'appartient ni à ma mère, ni a ma sœur qui n'ont malheureusement pas tardé à être dans le même état que moi.

COLOCATION DIFFICILE | LIVAÏ x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant