CHAPITRE QUARANTE-CINQ

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CHAPITRE QUARANTE—CINQ

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L'inconvénient dans le baby-sitting, c'est que mon temps libre se révèle bien plus restreint. Sans compter la reprise des cours, je n'ai presque plus un seul moment à moi. Ou du moins, ça se fait rare. Très rare. Toutefois, cela m'arrange bien dans un certain cas. Il faut avouer que cela m'aide à ne pas trop penser et ne pas trop songer à la triste réalité qui entrave au sein de ma joie et ma positivé. Tout n'est que tristesse et négativité à l'intérieur. Même si je fais au mieux pour ne pas le refléter à l'extérieur. Ce qui n'est pas tâche aisée, compte tenu de l'ampleur considérable et néfaste que cela prend dans l'entièreté de ma misérable vie insignifiante. Comment l'incroyable train-train d'étudiante que je menais jusqu'ici a-t-il pu être bouleversé à ce point ? Simple, la personne étant en elle-même la source de tout ce qui faisait la joie que j'étais parvenue à obtenir est celle qui s'est permise de s'arracher au bonheur que nous menions tous les deux. Mais il faut croire que j'avais une perception beaucoup plus utopique que la sienne, vraisemblablement fondé sur la réalité de notre relation peu importante à ses yeux qu'aux miens.

Heureusement pour moi, je n'avais pas d'enfants à garder ce week-end, alors j'en ai profité pour le passer chez mes parents. Ces derniers avaient d'ailleurs « quelque chose de la plus haute importance » à nous dire, à Mia et moi. J'ai acceptée, sans prendre la peine de me questionner sur la nature de ce qu'il pouvait en être. Parce que la grande nouvelle qu'ils s'apprêtent vraisemblablement à m'annoncer ne sera de toute évidence rien comparée à celle que m'a révélée Livaï. Car rien ne pourra autant troubler le cours de ma vie que ça. Même pas le déroulement de ce film romantique que ma sœur et moi regardons. Celle-ci ne cesse de piocher dans le bol de pop-corn que nous avons préalablement remplis avant de venir se réfugier dans ma chambre, tout en commentant certains passages qu'elle juge trop prévisible ou irréfléchie de la part du rôle principale. Pour ma part, je regarde les images qui défilent sans réellement y accorder toute mon attention.

— Quelle débile celle-là ! Elle voit pas qu'il s'en fiche ? Pourquoi elle insiste ? Passe à autre chose et trouve quelqu'un d'autre qui s'intéressera à toi ! s'écrie soudainement Mia, comme si la concernée pouvait l'entendre.

Je dévisage ma petite sœur en haussant un sourcil, et pouffe de rire.

Elle peut pas t'entendre. lui fis-je remarquer, amusée.

Je sais, mais quand même. grommelle-t-elle en enfournant une énième bouchée de pop-corn dans sa bouche.

Je souris en reportant les yeux sur l'écran de mon ordinateur et écoute ce que dit le personnage du film, sans pour autant suivre le déroulement. Au même moment, deux coups se font entendre sur la porte de ma chambre qui s'ouvre la seconde d'après. Je clique sur le bouton espace du clavier pour stopper le film et relève la tête en même temps que ma sœur vers la personne qui vient de faire son entrée, étant notre mère. Celle-ci arbore un air particulièrement soucieux et préoccupé. J'imagine que c'est en raison de la nouvelle qu'elle et mon père s'apprêtent à nous annoncer.

Les filles, déclare-t-elle d'une voix blanche, Venez, nous devons vous parler.

Nous ne rechignons pas. Laissant l'ordi en plan, Mia et moi quittons mon grand lit deux places que nous occupions. On descend toutes les trois, suivant ma mère qui se dirige vers la salle à manger. En arrivant dans cette dernière, mon père nous y attend déjà, assit sur la chaise en bout de table. Il fixe le meuble devant lui, sans même relever les yeux. Ma mère nous incite à prendre place d'un simple geste de la main, et c'est ce que nous fîmes. Nous nous asseyons toutes les deux l'une à côté de l'autre, du côté droit de notre paternel tandis que notre génitrice s'assoit en face de moi. Le blond lève finalement la tête vers son épouse, échangeant un long regard grave avec elle, comme pour silencieusement se concerter avant le moment qu'ils ont l'air de considérer comme fatidique.

COLOCATION DIFFICILE | LIVAÏ x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant