CHAPITRE VINGT-TROIS

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CHAPITRE VINGT—TROIS

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Oï, j't'ai pas appelé pour qu'tu rêvasses.

Je souffle en me tournant vers le noiraud qui me lance un torchon à la figure. Je maugrée dans ma barbe, tout en aspergant le tissus de produit ménager. Je lance un regard peu amical à Livaï qui se charge d'installer la nouvelle porte, tandis que je passe le chiffon sur la vitre de la fenêtre pour la nettoyer aussi soigneusement que l'a exigé le propriétaire de ce lieu. Je détourne le regard de celui—ci et pose mes yeux sur la vue extérieure en face de moi, à travers la fenêtre. Le Soleil est en train de se coucher et répand ses dernières onces de lumières à l'horizon. Livaï et moi n'avons pas arrêtés de réaménager sa cabane de toute l'après—midi. Il n'avait pas exagéré quand il disait avoir besoin de moi. Toutefois, maintenant il ne nous reste plus qu'à placer les meubles. Bien que je ne sois pas totalement certaine que cette tâche se révèlera des plus simple.

C'est bon ? On a fini pour aujourd'hui, non ? fis—je, me retournant vers mon colocataire.

Je l'entends longuement soupirer, alors qu'il termine de placer la nouvelle porte d'entrée. Une fois qu'elle fut bien stable, le brun aux cheveux de jais se tourne vers moi et lance un coup d'oeil vers la fenêtre que je viens d'astiquer. L'exaspération déteint sur son faciès, en même temps qu'il s'avance jusqu'à moi. Arrivé à ma hauteur, il tente de s'accaparer du torchon dans mes mains, mais je l'en empêche en mettant ma main hors de sa portée, fronçant les sourcils en le dévisageant. Il m'imite, avant de rouler des yeux.

C'est mal nettoyé, j'vais l'faire. lâche—t—il, non sans un brin d'agacement résonnant dans sa voix.

Je prends un air outré, offusquée par ses propos, et désigne la fenêtre en le toisant.

Tu te fiches de moi ? Dis tout de suite que je sais pas nettoyer une fenêtre. 

Il me jauge durant quelques secondes, puis détourne le regard, feignant de réfléchir un très court instant, son fidèle air toujours blasé scotché à son visage.

Bah j'te l'dis, répond—il, reposant ses prunelles sur moi, tu sais pas nettoyer une fenêtre.

Je lâche un rire jaune et le toise, éloignant d'un vif geste de la main ce qu'il tente de nouveau de me prendre.

Non, j'vais le faire. protestais—je. J'en suis parfaitement capable.

Il hausse légèrement les sourcils sans me quitter des yeux, puis croise ses bras sur sa poitrine. Je comprends donc qu'il attend que je lui prouve mes derniers dires. Chose que je ne tarde pas à faire en me tournant vers la fenêtre que je dois de nouveau nettoyer. Retenant un soupir, je vaporise une fois de plus le tissus dans mes mains et le passe sur la vitre, sous le regard attentif de mon coloc. Ce dernier pousse un soupir au bout de deux secondes et je le sens se rapprocher de moi, son torse venant presque percuter mon dos. Un frisson détale dans mon corps lorsque sa main se pose sur la mienne. Son bras vient amener le mien vers la vitre sur laquelle il effectue doucement l'astiquage à sa manière, me montrant ainsi le cheminement qui correspond à sa convenance.

Mais je suis bien trop captivée par ma proximité avec lui pour suivre et mémoriser les gestes et les mouvements qu'il m'incite à assimiler. Mes yeux se perdent sur les traits de son visage impassible, et je sens mon souffle se couper. Sa main guide la mienne, sauf que ne n'y prête guère attention, me laissant faire en silence. Cela me semble durer de longues secondes qui s'avèrent bien trop courte. Ce n'est que lorsqu'il ôte nos mains superposées de la fenêtre, que je sors finalement un tant soit peu de ma transe.

COLOCATION DIFFICILE | LIVAÏ x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant