CHAPITRE QUARANTE-DEUX

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CHAPITRE QUARANTE—DEUX

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— Alors, tu as prévu des résolutions pour cette prochaine année ?

Faisant pianoter le bout de mes ongles vernis de blanc sur le comptoir de la caisse, je feigne un air songeur, alors que Jer' encaisse mon article. Puis, après quelques secondes de réflexion abstraite, je finis par vaguement hausser les épaules, ne trouvant aucune réponse spontanée à sa question.

Non, aucune. Et toi ?

— Eh bien, il commence en poussant un petit soupir, mettant soigneusement mes achats dans un sachet qu'il déposa entre nous, comme toi. Aucun objectifs. À quoi ça servirait de s'en fixer alors que je sais déjà que c'est mission impossible ? pouffe-t-il, me faisant rigoler à mon tour.

— Effectivement, concédais-je, sortant mon porte-monnaie grenouille dont je sors deux billets que je glisse sur le comptoir.

Jer' saisit l'argent que je lui tends et le range dans sa caisse, rassemblant ensuite la petite somme qu'il me doit. Je prends l'ensemble des pièces et les laisse tomber dans mon porte-monnaie. Je ferme ensuite ce dernier que je glisse dans mon sac et attrape joyeusement le sachet où sont regroupés mes nouveaux achats de la journée. Je salue mon ami, qui en fait de même, puis sors du petit magasin. En me retrouvant à l'extérieur, je n'ai pas besoin d'hésiter sur ma prochaine destination de la matinée, sachant déjà pertinemment où je veux aller. J'ai vraiment envie d'un lait cacaoté chaud, surplombé d'un voile de chantilly et d'un nappage de chocolat.

À peine arrivée devant le café où se trouve ma convoitise de l'instant, je m'en languis de plus belle. À un tel point que je manque de remarquer la personne qui sort au même moment où j'entre. Heureusement pour moi, nous nous reculons tous les deux à temps, évitant ainsi à sa boisson de se renverser désastreusement sur moi.

Hazel ?

Mon corps se fige net en reconnaissant cette voix et dans la foulée, ma respiration se coupe abruptement. Il m'est difficile de relever les yeux vers celui qui venait de prononcer mon nom, mais je me résigne bien vite à le faire, n'ayant guère d'autres choix. Les émeraudes que j'avais brillamment réussie à fuir jusqu'ici me font désormais face et je crois défaillir sur place. J'ignore complètement quoi dire. Car il y'a-t-il réellement quelque chose à dire à ce moment-là ? Si c'est le cas, cela m'est impossible à trouver. Ce qui n'est pas le cas d'Eren qui, lui reprend sans difficulté la parole.

Je t'invite ? Comme ça...on pourra parler.

Non merci. parvins-je à répondre en m'apprêtant à le contourner pour entrer et ainsi mettre rapidement fin à cet instant de pur supplice.

Mais bien sûr, le brun ne l'entend pas de cette oreille, puisqu'il prend la liberté d'enrouler ses doigts autour de mon poignet. Ce geste a le don fâcheux de me provoquer un frisson que j'aurais préférée ne pas ressentir. Dans un soupir, je fais mécaniquement volte-face, les yeux rivés vers sa main posée sur la peau de mon bras qui me semble tout à coup particulièrement sensible qu'à l'ordinaire.

J'insiste, fit-il sur un ton sérieux et un brin peiné à la fois, On doit vraiment parler.

— Non, on a rien à se dire. rétorquais-je d'une voix que je veux certaine.

COLOCATION DIFFICILE | LIVAÏ x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant