Parce que c'était toi - Partie II

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"I saw only her. Th room was full of her alone."

Auteur Inconnu

Arianna

-Tu mens.

-Comme toi, je lui ai laissé la vie. Je l'ai chassé de la Tour. Elle doit probablement être en ce moment même bien cachée chez ces rats d'En Bas, et peut-être même qu'Era se trouve avec elle.

Elle secoua la tête. Incapable de le croire.

Elle avait vécu avec la perte de sa mère pendant des années. Maudissant son frère, sa propre faiblesse de n'avoir pas pu la sauver, et voilà qu'Azel lui disait qu'elle vivait. Qu'en ce moment même, elle était quelque part sur Terre, à respirer, à sourire peut-être, à vieillir.

Le gout de la trahison dans la bouche, elle ferma les yeux, incapable de lire la vérité sur le visage de son frère.

-Elle t'a abandonné ici, Ari. Elle a choisi l'exil. En sachant très bien qu'elle te laissait derrière elle. Elle t'a abandonné, toi, et Era. Tu veux que je te dise une chose, petite sœur ?

Non, elle ne voulait plus rien savoir. Plus rien.

-Depuis des siècles, on relate toutes sortes d'histoire sur les femmes de la lignée Eléazar. On parle du feu dans leur veine, de l'éclat du soleil dans leur âme, et de la vie elle-même qui s'incarne dans leurs yeux. On raconte aux enfants des légendes sur leur talent, leur force et leur courage. Depuis des années, on ne parle que de Maria Eléazar. Celle qui a failli changer la face du monde, et la Tour d'Ivoire elle-même. Celle qui est morte avant d'avoir pu mener à bien les rêves qu'elle espérait pour le monde. Les gens l'aimaient, et encore maintenant, elle reste comme une des souveraines des Quatre Familles les plus aimées depuis les Créateurs eux-mêmes. On dépeint sa bonté, sa patience, sa douceur, son intelligence et sa chaleur. On croit qu'elle représente le miracle des femmes de la lignée Eléazar. Mais en réalité, petite sœur, il se trompe. (Il prit son visage en coupe entre ses mains glaciales et plongea son regard dans le sien.) Maria Eléazar est un mensonge, elle a commis des fautes, elle s'est enfuie en te laissant derrière elle. Tu as tout sacrifié pour mener à bien ses projets. Elle t'a demandé d'être prête à tout sacrifier pour sortir Era de la Tour, même ceux que tu aimais, même toi. Elle a menti pour sauver Era. Elle a menti au monde entier. Elle a fait croire à ceux d'En Bas que Lévana Sildek était la réponse, la meilleure arme face à nous. En vérité, Maria Eléazar n'est pas celle que le monde pense, elle n'est pas la déesse de feu que l'on dépeint. Mais toi, petite sœur (Il caressa sa joue.) toi que le monde ne connait pas, toi qui as toujours œuvré dans l'ombre, toi que la mort n'effraie pas, toi qui as tout sacrifié pour tes idées, toi qui n'as jamais perdu espoir. Tu es plus courageuse, plus forte que notre mère, ou qu'Era. Elles n'ont pas ton courage, elles n'ont pas l'étoffe d'héroïnes. Mais toi si. Tu es la digne héritière du feu des femmes Eléazar, de la gloire de leur sang. Le monde attend beaucoup de deux Eléazar, de deux femmes dont ils ne connaissent rien. Ils ont cru en Maria, et maintenant ils mettent tout leur espoir en Era. Mais ils attendent la mauvaise femme. Tu aurais fait une bien meilleure dirigeante de Famille que notre mère, Ari. C'est elle qui n'a jamais été à ta hauteur et non le contraire. Notre mère n'avait pas l'étoffe d'un chef, la preuve, elle a tout abandonné, tout risqué pour Era. Pour la protéger. Ce n'est pas ce qu'on attend d'un dirigeant. Toi, en revanche, tes rêves et ton bonheur passent avant ton cœur. Tu es la vraie héroïne dont on ne racontera jamais l'histoire.

-Tais-toi, tais-toi, souffla-t-elle en fermant les yeux.

-J'ai toujours cru en toi, petite sœur. Même lorsque tu m'as trahi.

La Tour d'Ivoire - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant