La Tour d'Ivoire - Tome 3

Ari

"Et quand le sommeil me prend, je ne peux m'empêcher d'espérer que c'est l'heure.

l'heure de te rejoindre, l'heure de nos retrouvailles.

Mais l'aube arrive et je finis par me réveiller, mais tu n'es pas là, et je suis toujours aussi seul."

MM

(POV) Azel

Le corps sans vie de sa sœur gisait dans la cellule. Le blanc immaculé du sol et des murs étaient recouverts de sang et de cervelles.

-Sortez, dit-il d'un ton froid aux gardes l'ayant accompagné.

Il avait été informé trop tard de l'intrusion de Melech et de ses soldats dans la cellule d'Arianna. Melech l'ayant forcé à assister à une réunion stupide. Il avait cherché à l'éloigner. Azel avait été stupide. Stupide de croire que sa sœur était en sécurité. Ce n'était pas pour rien qu'il l'avait délibérément laissé fuir il y a une quinzaine d'années. Il savait pertinemment que sa vie serait comptée sinon. L'orgueil l'avait-il tellement dévoré qu'il avait oublié les nombreux ennemis qui peuplaient la Tour ?

Quel stupide homme il était.

La personne de Melech Malkam avait toujours consisté une grande menace. Seulement, Azel avait pensé être plus malin que lui. Il l'était, mais il avait baissé sa garde. Et sa sœur était morte.

Oh, Ari...

Il éclata en long sanglot. Avec personne pour l'observer, personne pour l'évaluer, il laissa libre cours à son chagrin.

Il avait fait assassiner son père afin de protéger leur famille. Renoncé à la présence de sa mère qu'il avait bannie afin de la sauver. Et il avait passé sa vie à essayer de faire en sorte que sa sœur jumelle ne soit jamais découverte. Même si, il est vrai, Arianna n'avait jamais vraiment eu besoin qu'on la sauve.

Aujourd'hui si, et il n'avait pas été là.

Quels avaient été ses derniers mots ? Avait-elle eu peur ? Avait-elle pensé à lui avant de mourir ? Certainement, lui-même aurait pensé à elle. Il espérait simplement que ce n'était pas en mal.

Peut-être s'était-elle souvenue de lui, enfant, lorsqu'ils n'étaient qu'un.

Il s'accroupit et d'une main tremblante, caressa ses boucles dorées poissées de sang.

-Pardonne-moi, petite sœur, chuchota-t-il. J'aurais de l'être là, j'aurais dû te protéger. Tu étais retenue ici par ma faute, sans moi, tu serais encore en vie.

La vérité lui déchira les entrailles.

Oui, sans lui, Arianna Eléazar serait encore vie, pétillante de toutes les merveilles de leur monde.

Il pleura.

Cela lui était si étrange. Il n'avait plus pleuré depuis longtemps, très longtemps. Seule Ari pouvait lui faire ressentir de telles émotions. Seule elle arrivait à faire ressortir en lui le meilleur, le plus beau.

Azel n'avait jamais ressenti de pitié de sa vie. La froideur et l'indifférence étaient ses refuges les plus intimes. Il ne connaissait rien d'autre.

Arianna était son exact opposé et elle avait la capacité de lui faire ressentir tant de choses qu'une partie de lui était presque soulagée de la voir enfin quitter ce monde. Au moins, ne viendra-t-elle plus le perturber et mettre toutes ses décisions en doute. Son cœur était mort. Il avait envie de rire, de hurler.