Le roi des rois

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"Et ainsi il vint,

plus éclatant que le soleil, plus ardent que les flammes, plus libre que le vent.

Du sang des Malkam et des Eléazar viendra le roi des rois, prince du ciel et de la terre,

héritier du monde, dernier des Hommes des temps anciens.  "


Mémoire de la Tour d'Ivoire,

Par l'Inconnu au visage de cendre


3 mois plus tard...

-Hélios. Hélios Eléazar Malkam.

Le prénom sonna comme une évidence.

Hélios. Mon fils.

On venait de le mettre dans mes bras. Je contemplai avec fascination le petit homme qui dormait calmement. Je le posai contre ma peau, sentant son cœur battre contre le mien.

Evarion me sourit.

-Il est en parfaite santé, et vous aussi.

Puis il partit, et avec lui les autres médecins et infirmiers.

Je levai les yeux et croisai le regard d'Ayaan.

Il pleurait. Il pleurait de joie.

Il me caressa les cheveux, puis du bout du pouce, toucha doucement le front de notre fils.

Notre fils.

-Tu veux le prendre ? demandai-je d'une toute petite voix, comme si devant ce si petit être, je n'osais élever la voix.

Il me regarda, il avait soudain l'air terrifié.

Je lui offris un sourire d'encouragement et déposai délicatement le petit paquet blanc dans ses bras.

Ses larmes redoublèrent, et bientôt, il s'effondra complètement. Les larmes se transformèrent en sanglots.

Je restai d'abord muette de surprise, incapable de faire le moindre geste. Puis je vis les yeux de mon fils s'ouvrir doucement, perturbé par le bruit.

Je me relevai doucement, et sans réfléchir le serrai contre moi, notre fils entre nous.

-Je suis père, répétait-il sans cesse, je suis père... par les Créateurs.

Il me regarda, ses yeux gris rouges d'avoir pleuré. Son regard était un maelstrom de mille émotions, mais le désespoir y avait la place la plus importante.

-Il va me haïr. Comme toi tu me hais.

Je choisis mes mots avec soin.

-Tu es son père, Ayaan. Rien ne pourra jamais changer cela. À toi de te comporter comme tel.

Il posa une main sur ma joue. Je fermai les yeux. Sa main était glacée.

-Tu feras une mère bien meilleure que le père que je vais devenir, prédit-il, déjà las.

-Rien ne te pousse à être comme ton père, Ayaan. Hélios à besoin de toi.

-Hélios, souffla-t-il en regardant l'enfant.

Il m'avait laissé choisir le nom. C'était bien la seule chose qu'il pouvait encore me laisser.

Ces trois derniers mois avaient été éprouvants. Si En Bas je n'avais nullement souffert de ma grossesse, ce ne fut pas le cas dans la Tour. Comme si mon corps ressentait que ma place n'était pas ici, comme s'il ressentait l'étendue de ma tristesse, mon corps avait décidé de m'en faire voir de toutes les couleurs. La fin de ma grossesse avait été particulièrement difficile. Cela ajouté à la tyrannie qu'Ayaan faisait planer sur la Tour, j'avais fait plusieurs malaises qui auraient pu couter la vie à Hélios. Heureusement, il était né sans encombre. L'accouchement, avec les merveilleuses technologies de la Tour, s'était déroulé comme dans un rêve. Les contractions avaient débuté, Evarion était arrivé, puis quelques heures après, je tenais Hélios dans mes bras. Comme dans un rêve... J'imaginais sans mal que mon accouchement En Bas aurait été plus douloureux. Ça, au moins, je ne le regrettais pas.

La Tour d'Ivoire - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant