Le prince aux songes vermeils - Partie II

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« we destroy. it's the constant of our kind.
no matter the colour of the blood,
man will always fall.»

victoria aveyard

J'étais sur le chemin du retour vers mes appartements lorsqu'un garde passa près de moi et me glissa un petit bout de papier dans la main.

             Constantin était pressé, visiblement. Le Prince Rubis me donnait rendez-vous dans son jardin personnel. Le temps de laisser une note sur le bureau de Seth – qui n'était nulle part en vue –je partais rejoindre le chef des armées.

            Le garde qui m'avait informé du lieu de rendez-vous me conduisit vers le Qvardan ; la haute tour blanche au centre du Palais qui était le lieu de vie de tous les souverains Rubis depuis des millénaires.

            Je n'avais pas encore eu l'occasion de venir dans cette partie du Palais. Le garde marchant avec lenteur, j'eus la possibilité de tout contempler à loisir. Je n'en perdis pas une miette. Je ne pus m'empêcher de poser ma main sur les fresques de rubis étincelants. Une en particulier attira mon attention. Elle faisait toute la longueur d'un couloir et représentait un massacre. À mesure que je marchais, les images défilaient devant moi, toutes plus sanglantes les unes que les autres. Je n'avais aucun attrait pour la violence, mais cette fresque me fascinait. Je ne saurais dire pourquoi. Peut-être à cause de la gravité dans les yeux des personnages, des larmes de sang sur leur joue, ou bien en raison de la tristesse et la douleur qui semblaient contracter leur visage. L'artiste, en assemblant des milliers de rubis de nuances de rouge différentes, avait réussi à créer une atmosphère pesante, douloureuse et en même temps énigmatique.

            Je ne remarquai même pas que je m'étais arrêtée en plein milieu du couloir pour admirer l'œuvre. Je ne vis pas non plus que le soldat censé m'escortait avait disparu. Je ne fis pas plus attention au Prince Rubis derrière moi qui me contemplait avec curiosité.

            -Intrigant, n'est-ce pas ?

            Je sursautai.

            Constantin Saren, un sourire au coin, me regardait avec une lueur malicieuse dans les yeux. Des yeux de la même couleur que le rubis qu'avait choisi l'artiste pour faire le ciel de sa fresque.

            Ses yeux effrayants se posèrent alors sur l'œuvre. Je ne pus m'empêche d'y revenir moi aussi.

            -Qui a fait cette fresque ?

            -Myriam.

            Ce fut un réel choc. Je me retournai d'un bloc vers lui. Les yeux éberlués.

             Il rit.

            -Tu ne pensais pas qu'elle avait autant de talent ?

            -Je ne pensais pas que quelqu'un puisse avoir tant de talent, tout simplement.

            Il hocha la tête.

            -Nous sommes d'accord.

            -C'est magnifique et...

            -Triste ?

            -Oui, triste. Le mot est même trop faible pour décrire ce carnage.

            -Myriam a fait ceci en hommage à nos morts. Aux Rubis qui ont été assassinés lors des pogroms. Plus du tiers des nôtres périrent. Hommes, femmes, enfants, aucun ne fut épargné par la barbarie des autres Nations.

La Tour d'Ivoire - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant