"He didn't know it, but he had a lot of power over me . And that was what scared me the most."
Auteur inconnu
Myriam
Elle n'était plus revenue ici depuis 9 ans.
Parfois, dans ces nuits d'angoisse, elle y revenait. Elle revoyait l'éclat rougeoyant de la forge, l'établi bien rangé de son père, ainsi que certaines de ses créations qui trainaient sur les fenêtres. Elle se rendait parfois même dans la cuisine, où un rayon de soleil venait se poser sur la petite table en bois où sa famille se réunissait chaque soir pour manger et pour jouer aux cartes. Parfois, à la fin du repas, elle montrait les sculptures qu'elles avaient fini de tailler. Elle revoyait le sourire de son père et la douceur dans les yeux de sa mère, ainsi que leur fierté, leur espoir et leur amour. D'autres nuits encore, elle rêvait qu'elle était dans son petit lit à l'étage, celui de sa sœur accolée au sien (elles avaient très rapidement décidé de dormir ensemble), pendant que sa sœur dormait -protégée par les sculptures d'animaux que Myriam lui avait offerts posés, délicatement posées sur sa table de nuit - elle regardait par la fenêtre au-dessus du lit, et passait des heures à contempler le ciel nocturne.
Ces nuits étaient les pires. Elle se réveillait, un sourire aux lèvres, le cœur léger. Puis la vérité refaisait surface. Dure. Intolérable. Sa mère n'était plus. Sa vie n'était plus.
Jamais elle n'avait rêvé de ses années passées au Palais de Rubis, après qu'ils aient abandonné leur bien aimée chaumière pour s'installer dans ce nid à serpent qu'était la résidence des souverains.
Son cœur se serra.
À l'époque, elle avait insisté pour vivre au Palais. Elle avait convaincu sa famille de sauter le pas. Ils avaient pourtant tous été réticents. Surtout sa mère. Ils avaient finalement accepté. Et leur vie avait volé en éclat.
C'était sa faute. Jamais ils n'auraient dû quitter la chaleur de leur foyer. Myriam aurait dû se contenter de la vie qu'elle avait. Elle était trop orgueilleuse. Elle voulait apprendre à se battre, à être plus que ce qu'elle n'était. Elle avait cédé aux paroles empoisonnées d'un Constantin âgé de 8 ans.
Sa mère était morte par sa faute.
Nikolas était mort par sa faute.
Son père avait sombré dans la folie par sa faute.
Sa sœur adorée avait dû fuir son pays par sa faute.
Myriam avait brisé leur famille.
Cela faisait trois jours qu'ils avaient accosté en Nation de Rubis, mais elle n'avait pas encore réussi à franchir le proche de leur chaumière.
Chaque jour elle venait, et chaque jour elle rebroussait chemin.
Elle partait chevaucher pendant toute la journée, sans but, puis revenait le soir, épuisée. Elle avait perdu du poids, du muscle puisqu'elle avait arrêté de s'entrainer, ainsi que le gout des choses.
Elle n'aurait jamais dû revenir. Elle n'aurait jamais dû accepter la proposition de Seth. Elle avait cru qu'elle aurait la force de faire face. Elle avait eu tort.
Fouler ces terres avait ouvert toutes les plaies qu'elle avait mis 9 ans à essayer de panser. À présent, il n'y avait plus de rempart entre elle et son chagrin.
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La Tour d'Ivoire - Tome 3
Science FictionAlors qu'elle s'apprête à découvrir la tristement célèbre Nation de Rubis, Era n'a qu'une idée en tête : protéger les siens et empêcher son cœur de mettre le monde en danger. Attiré par ses yeux rouges sang semblables à ceux de son peuple et par le...