La Tour d'Ivoire - Tome 3

Era Eléazar - Partie III

« Maybe one day we'll meet again, when we're
different people. Maybe then we'll be better
for each other. »

Auteur Inconnu

            Au même moment, une explosion retentit. Je fus projetée au sol, mais avant que je puisse me relever, un bras m'empoigna fermement et me tira dans une pièce adjacente.

            Je toussais et tentai de me dégager.

            Lorsque je pus à nouveau ouvrir les yeux, Seth me regardait.

            Il avait l'air dégouté. Profondément dégouté.

            -Myriam avait raison, commença-t-il d'une voix froide. Néhora aussi. Moi aussi. Depuis le début, tu nous mentais. J'aurais dû m'écouter, écouter cette voix qui me soufflait de ne pas te faire confiance.

            -Seth, s'il te plait... Je suis désolée, tentai-je d'expliquer. Je n'avais pas le choix.

            J'essayai d'aller vers lui, mais il recula en secouant la tête.

            -Je ne peux pas croire que tu m'aies fait ça. J'étais prêt à tout pour toi, Leva... (Il s'arrêta net, et me lança un regard meurtri.) Comment suis-je censé t'appeler maintenant ?

            -Peu m'importe... Seth, s'il te plait, écoute-moi. Je suis toujours la même. Ce n'est qu'un nom.

            -Qu'un nom ? (Il eut un rire mauvais.) Tu n'es pas la fille dont je suis tombé amoureux. J'aimais Lévana Sildek. Je t'aimais pour mille raisons. Et tu m'as trahi, tu es comme ta petite copine stupide Iris. Vous êtes des menteurs et des tricheurs. Tu es comme tes ancêtres, qui n'avaient aucune considération pour les autres. Tu es égoïste, tu l'as toujours été, tu as simplement réussi à nous faire croire le contraire.

            Je pleurais à présent, pleurais sans pouvoir m'arrêter. Mon cœur était brisé. Piétiné.

            -Je t'aime toujours, moi, gémis-je.

            Il se pencha vers moi.

            -Je ne te connais pas, souffla-t-il. Tu es Era Eléazar. Mon ennemie. Rien d'autre. La fille que j'aimais est morte.

            -Ne dis pas ça... Seth....

            -J'étais prêt à tout, à tout. Je ne peux aimer une femme qui me ment ouvertement. Je ne peux aimer quelqu'un en qui je ne peux avoir confiance.

            -Et si je te l'avais dit ? hurlai-je soudain, la tristesse laissant place à une colère sourde. Vas-tu me faire croire que tu m'aurais protégé ?

            Il me regarda, la haine que je vis dans ses iris me détruisit.

            Avant que nous puissions dire autre chose, des hommes armés fracassèrent la porte. Ils étaient habillés de toutes les couleurs et donc impossible de savoir dans quel camp ils étaient.

            Ils fondirent sur moi. Seth cria et essaya de les en empêcher.

            -Elle est la prisonnière de la Nation d'Émeraude ! hurla-t-il.          

            Mais ils étaient une cinquantaine, et bientôt, sans que je ne puisse rien faire, ils me firent sortir du Palais. Je ne vis plus Seth. Dehors, c'était la cohue. Tout se passa bien trop vite.

            Ils m'emmenèrent sur une plage en friche, ou deux petits navires étaient arrimés au loin.

            Un homme nous attendait.