Les souverains d'ivoire

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« When you're
scared but you still
do it anyway,
that's brave. »

Neil Gaiman, Coraline

  
Arrachant le bas de ma robe pour plus facilement me mouvoir, j'avais grimpé en haut d'une grande colline surplombée d'un immense plateau, idéal pour permettre à un avion d'atterrir.

            J'entendais les soldats qui arrivaient, en contrebas, leur voix se faisait de plus en plus forte. Qu'ils soient Émeraudes ou Rubis, ils seraient bientôt là. Mais ce sera trop tard. Ils seront là avant. Ils étaient toujours là avant.

            À peine cette pensée effleura mon esprit qu'un avion militaire aux emblèmes des Malkam fendit l'horizon. Quelques secondes plus tard, ils se posaient. Je reculai le plus possible, protégeant mes yeux du vent et mes oreilles du bruit assourdissant. Je ne m'étais jamais retrouvée aussi près d'un de ses engins.

            Les soldats Rubis et Émeraudes arrivèrent aux mêmes instants. Ils s'arrêtèrent nets. Sage décision.

            Mes cheveux fouettaient mon visage tandis que je regardais droit devant moi, prête à voir surgir toute une armée d'homme. Il n'en fut rien. Ou du moins, pas exactement.

            Un seul homme sortit du monstre volant.

            Ayaan Malkam en personne.

            Mais ni moi ni les soldats derrière ma personne n'étions assez stupides pour croire que des hommes armés n'étaient pas cachés dans les ténèbres de l'appareil pour protéger le prince d'ivoire. Je pouvais presque sentir leurs yeux de faucon posés sur nous. Selon les rumeurs, les tireurs d'élite de la garde rapprochée des Malkam ne rataient jamais leur cible.

            Ayaan était vêtu d'une tenue de combat noir, simple, mais élégante. Pas de casque, pas d'armes. Rien. Juste lui. Et c'était déjà amplement terrifiant.

            Il s'arrêta à quelques mètres de moi.

            Ses cheveux blonds brillaient sous le soleil Rubis, les faisant paraitre plus pâles qu'à l'ordinaire. Si ma chevelure volait en tous sens, la sienne était parfaitement coiffée vers l'arrière, offrant une vue imprenable sur le tatouage des Malkam sur son cou.

            Jusqu'ici, je n'avais pas encore osé le regarder en face. Je n'eus pas le choix.

            Ses yeux, d'un gris presque translucide étaient fixés sur moi. Il ne semblait ni heureux ni rempli de haine, comme je m'y étais pourtant attendu. Il restait aussi impassible qu'il était possible de l'être, et je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

            Puis soudain, il me tendit sa main. Sans rien ajouter. Juste sa main.

            Comme pour dire : rentre à la maison avec moi.

            J'avais déjà fait mon choix. Je l'avais appelé de mon plein gré.

            J'hésitai quelques secondes seulement, puis, portée par une force inconnue, je m'avançai vers lui et pris sa main. Elle était chaude et ferme. Douce et puissante. J'espérais ne pas regretter mon choix. Puis je lançai un dernier regard aux soldats Émeraudes et Rubis. Seth n'était pas là. Ni aucun de mes amis, d'ailleurs.

            Amis... Pouvais-je encore les appeler ainsi ? Je n'étais certainement plus la leur, en tout cas.

            J'avais tout perdu. J'avais choisi de tout perdre. Pour les protéger, et surtout, pour comprendre. Parce que les réponses à mes questions se trouvaient là-bas, là où j'étais née et non ici. Je devais partir sur les traces de mes ancêtres et comprendre qui était cette Amara. Ce n'était pas leur combat, c'était le mien, uniquement le mien. Trop de gens étaient déjà morts par ma faute, je refusais que mes amis et Seth tombent eux aussi. J'avais maintenant trop à perdre.

🕊

Bonjour à tous,

Le chapitre de la Tour d'lvoire de cette semaine est minuscule,vous m'excuserez ! Mais le découpage pour la suite des chapitres est plus simple et logique comme ça 😁🙃

À bientôt,
Marie

🕊

La Tour d'Ivoire - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant