« Nous nous prenions pour des dieux, oubliant peu à peu que nous étions en réalité les enfants d'un monde en ruine. Des enfants pleins de doutes, de peur, et d'amertume. On ne peut atteindre le soleil lorsque nos yeux sont obscurcis par le sang et les ténèbres.
Nous n'étions pas des dieux, mais des tyrans. »MM
Amara fixait l'homme avec une fausse désinvolture.
Les mains attachées dans le dos, le dos et la tête bien droits, le regard clair, il soutenait leur regard avec détermination. Il avait dans les quarante ans, plus âgé que les cinq personnes assises sur l'estrade en face de lui. L'homme restait calme, lucide.
La foule de personnes amassée derrière lui attendait impatiemment que l'un des cinq se mette à parler.
Alexander se leva soudain. La foule retint son souffle.
-Domitius Vonarb, vous avez été interpellé par les autorités alors que vous tentiez de commettre un attentat. Le niez-vous ?
-Non.
La réponse, brève, claqua dans l'air.
Alexander feuilleta quelques papiers devant lui.
-De nombreux stocks d'armes ont été également retrouvés chez vous. En êtes-vous le propriétaire ?
-Oui.
-Avez-vous agi seul ?
-Oui.
Un sourire machiavélique étira les lèvres d'Alexander. Il n'en croyait pas un mot. Amara non plus.
-C'est ce que l'on verra... souffla la belle voix d'Alexander. Qui comptiez-vous assassiner ? reprit-il après quelques minutes.
L'homme bomba le torse, et ses yeux bleus les fixèrent un à un.
-Vous.
-Moi ? fit Alexander, faussement surpris.
-Oui. Et vos amis. Vous, les despotes de ce monde.
Vous. Eux. Les cinq.
Amara lança un bref regard à Maximilian, qui se contenta de fixer Domitius avec férocité. Elle n'avait jamais vu une telle expression sur son visage.
Ils avaient longuement discuté de ce jugement, hier. Apollina aurait aimé garder l'homme pour des expériences personnelles. Anastasia s'en fichait complètement, quant à Maximilian et Alexander, ils le voulaient mort. Amara, quant à elle, était perdue. D'un côté, elle ne reconnaissait plus ses amis, mais de l'autre... cet homme avait comploté contre eux, essayant de les assassiner, et montant une petite cellule de résistance en raison de leur prise de pouvoir.
Elle ne comprenait pas Domitius Vonarb. Leur monde était à l'agonie, les cinq avaient simplement pris les choses en main. Ils avaient certes pris le pouvoir pour une période plus au moins longue, mais les gens les avaient choisis, eux, des jeunes gens, pour les guider. Ils étaient légitimes. Pourquoi Domitius chercherait-il à assassiner les seules personnes capables de tous les sauver ?
-Très bien, fit Alexander. Le monde que nous voulons créer est à portée de main, bientôt, rien ne sera plus pareil. La faim, la violence, la mort, tout ceci prendra fin. Mais pas tant que des gens avec tant de violence en eux fouleront nos terres. Des gens comme Dimitrius, cria Alexander au public, pendu à ses lèvres, il y en a partout dans nos rues. Ils cherchent à ce que le chaos gagne sur nous, que nous abdiquons face à l'inhumanité. Je refuse, nous refusons de nous incliner face à cette fatalité. Mais nous ne pouvons pas éradiquer toutes les personnes comme Dimitrius.
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La Tour d'Ivoire - Tome 3
Science FictionAlors qu'elle s'apprête à découvrir la tristement célèbre Nation de Rubis, Era n'a qu'une idée en tête : protéger les siens et empêcher son cœur de mettre le monde en danger. Attiré par ses yeux rouges sang semblables à ceux de son peuple et par le...