"People always change after being hurt."
Auteur inconnu
Myriam
Elle monta ensuite à l'étage, directement dans son ancienne chambre. Il n'y avait plus grand-chose ; les sculptures sur le rebord de la fenêtre avaient disparu. Il ne restait que les deux lits, une armoire et deux bureaux en bois.
Du moins, c'est ce qu'elle croyait.
En s'approchant plus près de son lit, un éclat lumineux attira son attention.
Une sculpture reposait sur son oreiller.
Une sculpture qui n'était pas d'elle. Grossièrement taillé, l'animal, un loup, la regardait de ses yeux rouge sang. Le sculpteur n'était pas particulièrement doué et ne maitrisait pas l'art de rendre réel un simple morceau de bois, mais elle savait rien qu'en le regardant, que la personne avait passé des heures à le travailler.
Elle le sera dans sa main.
Elle savait très bien qui l'avait déposé là.
Sans trop savoir pourquoi, elle glissa la statuette dans sa poche.
Sentant l'émotion l'envahir, elle dévala l'escalier et sortit de la chaumière.
Il lui restait un dernier endroit à voir.
Le cœur plus lourd à chacun de ses pas, elle fit le tour de la maison pour accéder à leur jardin. Elle faillit pleurer en voyant le champ maintenant en friche dont sa mère avait pris tellement soin.
Elle s'arrêta tout au fond du domaine, là où deux stèles de pierre blanche avaient été érigées.
Là, elle fondit en larme.
Elle tomba à genoux face aux tombes de sa mère et de son petit frère.
Aussi étrange que cela puisse paraitre. Elle n'avait jamais pleuré leur mort. Elle ne s'était jamais autorisée à le faire. Se sentant responsable de leur perte, elle avait enfoui cette peine profondément en elle.
Mais maintenant... maintenant, elle était mise à nue. Seule face à ses regrets, face à l'immense perte que représentait la mort de sa mère et de son petit frère, elle s'autorisa enfin à les pleurer.
Elle n'était jamais allée sur leur tombe, contrairement à sa sœur. Depuis leur retour, cette dernière était déjà venue déposer un bouquet de fleurs devant chaque tombe. Des fleurs bleues venant tout droit de la Nation de Saphir.
Bleu. Comme la couleur des yeux de Nikolas. Bleu. Comme une révolte muette face à l'injustice. À l'intolérance.
-Oh Clara... souffla-t-elle.
Jamais Myriam n'aurait pensé que sa sœur était aussi révoltée qu'elle. Elle la pensait emplie d'une tristesse profonde, mais pas indignée. Elle eut honte de l'avoir vu ainsi, elle, sa propre jumelle. Myriam avait tellement été centrée sur sa propre peine, sa propre haine, qu'elle n'avait pas vu celle de sa sœur.
Elle n'avait pas de fleur, rien.
Elle porta la main à l'inscription inscrite sur la tombe de sa mère.
Améliane Devon,
Notre bien-aimée chevaucheuse de tempête.
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La Tour d'Ivoire - Tome 3
Science FictionAlors qu'elle s'apprête à découvrir la tristement célèbre Nation de Rubis, Era n'a qu'une idée en tête : protéger les siens et empêcher son cœur de mettre le monde en danger. Attiré par ses yeux rouges sang semblables à ceux de son peuple et par le...