Les cendres du souvenir - Partie III

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« Ils étaient tout ce que j'étais.
Ils étaient mon havre, ma force et mon éternité. Après eux, la lumière s'est éteinte.
Après eux, mon monde s'est figé.
Avent eux, j'étais.
Après eux, j'errais. »

MM

            -Votre père vous a laissé partir...

-Peu importe.

La voix de Myriam était cassante, dure, comme son cœur qu'elle avait durci d'année en année.

-Tu lui ressembles beaucoup, tu sais.

Devant mon absence de réponse, elle insista :

-Tu ressembles à ta mère.

-Non, je ne lui ressemble pas...

-Tu as ses yeux, son menton, ses pommettes et sa physionomie. Je suis certaine que tu dois être aussi brillante cavalière qu'elle.

-Lorsque tu verras Clara, tu ne diras plus que je lui ressemble.

-Peut-être. En attendant, tu es là, Myriam. Je ne croyais pas à votre retour, tu sais.

-Notre retour ?

-La rumeur s'est vite répandue : les sœurs Devon sont de retour en Nation de Rubis.

-Les gens parlent de nous ?

Myriam trouvait cela ridicule. Certes, la famille Devon était connue de tous, ils avaient été respectés et aimés, mais de là à ce que des rumeurs court à leur sujet...

-Ils ne font que ça. Vos noms à toutes les deux sont dans toutes les bouches.

-Le retour du fils prodigue, murmura Myriam avec aigreur.

-La déchéance de votre famille a attristé la Nation entière. Les gens vous appréciaient, Myriam. Ils respectaient ton père pour son travail et ta mère pour son talent merveilleux. Ta sœur et toi étiez en passe de connaitre le même avenir brillant qu'eux.

-On voit où cela les a tous deux menés...

-Ils ont mis au monde des filles exceptionnelles, si l'on en croit les rumeurs. Des filles qui ont su se faire une place tout en haut de la hiérarchie Émeraude. Qui se sont attirées les faveurs de la reine et des Princes d'une autre Nation.

-Alors nous ne sommes pas de traitres ?

-Vous faites partie des huit Joyaux d'Émeraude, votre histoire, tout comme celle - tragique - de votre famille, est légendaire.

-Les gens s'ennuient, visiblement.

Madame Deneva eut un mouvement de recul, comme blessée.

-Je te savais un brin rebelle, Myriam, mais pas méprisante.

-J'ai changé.

-Tout comme nous tous. Cela ne te donne pas le droit de te moquer des tiens.

-La Nation de Rubis n'est plus chez moi, et son peuple a cessé de l'être il y a bien longtemps.

-Tu ne pourras pas renier toute ta vie d'où tu viens, jeune fille.

-Je le fais depuis 9 ans, et cela ne m'empêche pas de vivre.

La Tour d'Ivoire - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant