J'ouvre les yeux, réveillée par mon alarme, et me redresse sur un coude. Ce maudit canapé est vraiment inconfortable et les courbatures que j'ai irradient dans tout mon corps à cause de cette nuit. Cette nuit... Merde. Ren. J'éteins l'alarme, me rue en haut du plus vite que je peut en espérant qu'il ne se soit pas vidé de son sang et ouvre la porte de ma chambre à la volée. J'ai un mouvement de recul en balayant la pièce des yeux, prête à me rendre à la gendarmerie si je découvre son cadavre dans mes draps, mais il n'est plus là. Je déglutis, me retourne, regarde sous le lit, cherche dans la chambre sauf qu'elle est définitivement vide.
- Ren ? j'apelle.
Personne ne me répond. Interloquée, je me presse dans la salle de bain. Il n'a pas pu aller bien loin dans cet état, de toute façon. Mais là non plus, il n'y a pas âme qui vive.
- Ren, je crie.
Les minutes suivantes, je fouille la petite maison de fond en comble mais je dois finalement me rendre à l'évidence. Il n'est pas là. Il est parti. Et c'est si surréaliste que je m'assois dépitée sur le bord du lit en me demandant si je n'ai pas rêvé, si ce n'était pas une hallucination ou la fatigue qui m'a fait croire à toute cette histoire. Pourtant, les taches de sang dans mon lit me rappellent à quel point c'était réel. À quel point je n'ai pas compris ce qui m'arrivait. À quel point c'était étrange. Pourquoi ne voulait-il pas aller à l'hôpital ? Pourquoi venir ici ? Dans quel contexte s'est-il pris cette balle ? Est-ce qu'il va bien ? Où est-il allé ? Je soupire et me lève, comprenant que je n'aurais jamais les réponses à mes questions ( pas ce matin, en tout cas ). Une grosse journée m'attend alors je m'habille, me coiffe, saute l'étape du maquillage pour privilégier celle du petit-déjeuner et une fois que je suis fin prête - et un peu en retard - je grimpe dans ma voiture. Arrivée devant le bâtiment de l'université dans lequel j'ai cours, je monte en classe et m'assois à côté d'Hadidja, essoufflée, alors que le cours débute.
- Tu t'es pas réveillée ? questionne t-elle.
- On peux dire ça comme ça.
Le professeur tape dans ses mains pour ramener l'ordre et nous demande de consulter nos mails pour voir où nous avons été assignés en stage pour les deux mois à venir. Nous nous jetons tous sur nos téléphones, mains tremblantes, impatients de découvrir nos affectations dans différents services.
- Psychiatrie, souffle mon amie, déçue.
- Merde, je dis, désolée pour elle.
C'est pourtant un service que je trouve très enrichissant sur beaucoup de domaines. Je clique sur le mail que je viens de recevoir, descends jusqu'à trouver le nom en gras et jubile.
- Obstétrique !
- La chance, grince Rose, devant nous. Moi, j'ai gériatrie.
Quand l'ordre est enfin revenu dans la salle après cinq minutes de cris et d'euphorie, je sors mes feuilles et nous commençons à travailler ; nous passons notre diplôme dans moins de cinq mois, et il va falloir que je me mette aux révisions très sérieusement. Ces derniers temps ont été compliqués, entre le coup de couteau et ma crise existentielle, alors je n'ai eu que très peu de temps à consacrer à réviser. Et ce n'est pas ce qui s'est passé hier qui va arranger les choses, soyons clairs. Je n'arrive toujours pas à réaliser, pour commencer. Dire qu'il est parti sans même me dire qu'il allait bien, sans même me dire quoi que ce soit, sans rien laisser derrière lui... C'est presque comme si il avait toujours été un fantôme. Il l'a été pour ce coup de couteau parce qu'il a filé après l'agression, il l'a été quand il est venu comme un mirage chez moi pour me remercier, il l'a été hier et ce matin, et impossible de comprendre toutes ses réactions. Nos deux rencontres dans ces conditions peu appréciables m'ont secouées ; je crois que j'en ai ma claque, des aventures, et si j'ai dit vouloir vivre ( et vivre à fond ) je ne suis pas sûre que ce rythme infernal me convienne. Mais une idée germe dans ma tête au fur et à mesure de la journée, alors que je ne cesse de penser au fait qu'il s'est pris une balle et est partit comme un voleur, et je suis obligée d'attendre de rentrer chez moi pour la mettre à profit. À peine ai-je passé le seuil de ma porte que je me jette sur mon téléphone et fouille dans mes affaires pour essayer de trouver la petite carte de visite qu'il m'a donné l'autre jour. Et après quelques minutes de réflexions, je compose le premier numéro de la carte. Je n'ai rien à perdre, n'est-ce pas ?
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LE PLOMB DANS L'ÂME
RomanceQuand elle prend un coup de couteau pour un inconnu, l'existence de Silene bascule. Mais cet homme étrange l'intrigue et l'entraîne dans sa noirceur. Alors, qui est l'ange gardien de qui ?