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Six semaines plus tard 


Je pousse la porte d'entrée, épuisée. Je viens de finir ma journée de cours et il n'y a rien que je veux plus que d'aller dormir ; il faut dire que l'insomnie de cette nuit m'a empêchée d'avoir un sommeil convenable. En rassemblant le peu de forces qu'il me reste, je monte poser mes affaires à l'étage et redescend pour aller me préparer à manger. Le steak haché et les haricots verts fumants dans mon assiette sont avalés en quelques minutes devant la fenêtre, à regarder les rares gens passer dans la rue, puis je vais prendre ma douche à l'étage. Je m'enferme dans la salle de bain, contente de voir se profiler la fin de cette interminable journée, et me déshabille. Je m'arrête un instant pour regarder dans le miroir la cicatrice qu'a laissé cette attaque au couteau, il y a un mois et demi, sur ma peau. C'est une ligne rouge, un peu boursouflée à certains endroits ( mais c'est normal d'après le médecin ) d'une dizaine de centimètres de longueur, une belle cicatrice de guerre apparement. J'allume l'eau et après m'être démaquillée, je monte dans la douche avant de savourer l'eau tiède sur moi. Ça fait un bien fou. Le savon mousse puis efface les dernières traces de transpiration, j'en profite pour me faire un masque pour le visage et sors finalement après une dizaine de minutes, délassée et détendue. Je me sèche les cheveux, revêt mon pyjama, c'est-à-dire un vieux tee-shirt noir et un short bleu marine, avant de redescendre en bas pour vérifier que j'ai bien éteint le gaz et les lumières. 

Pour ne pas prendre de retard, je fais mes exercices pour demain sans y passer trop de temps parce que je n'arrive plus à garder les yeux ouverts, prépare rapidement mes affaires et me glisse dans mon lit. Enfin. Je met mon alarme sur mon téléphone puis éteint la lumière et ferme les yeux ; je ne met que quelques secondes à m'endormir, cette fois. Mais je suis réveillée à minuit et demi par la sonnerie de chez moi, qui me fait me redresser d'un seul coup. Le coeur battant, je reste là sans savoir quoi faire : qui peux bien venir à cette heure ? Je décide de faire la morte, trop fatiguée et pas très rassurée, et me retourne dans mon lit, mais à peine ai-je fermé les yeux que le son se fait entre à nouveau. Peut-être que c'est un de mes voisins ivres qui se trompe de maison, qui sait... Troisième sonnerie, et je me lève en trombe pour aller ouvrir. C'est la règle chez moi. Une sonnerie, c'est sûrement de la publicité ou peu important ( sauf quand j'attend un colis ), deux sonneries c'est important mais ça repassera, trois sonneries je dois ouvrir. Et c'est ce que je fais. Je dévale les escaliers dans le noir, les yeux encore endormis et l'esprit embrumé, je manque de tomber mai réussi à allumer la lumière de l'entrée et tourne la clé dans la porte avant d'entre-ouvrir légèrement le battant pour voir qui vient de sonner trois fois chez moi au beau millieu de la nuit. Mais même dans la pénombre, impossible ne pas reconnaître les traits de la personne en face de moi. 

- Désolé, je ne savais pas où aller d'autre. 

Je déglutis et ouvre la porte en grand tout en contemplant Ren devant moi. Il se tient le côté du ventre, presque plié en deux, et je fronce les sourcils en comprenant que quelque chose ne va pas.

- Ça va ? 

Il relève le nez vers moi. Avec la lumière des lampadaires de la rue il n'est pas difficile de voir son visage pâle et couvert de sueur ; il manque de tomber, chancelant sur ses pieds. Je me précipite pour l'aider à tenir debout et le fait entrer, choquée de le trouver sur mon porche. Pourquoi est-il venu chez moi au lieu de rester chez lui ou d'aller aux urgences ? 

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Sans répondre, il se contente de se redresser et d'enlever sa main de son abdomen. Elle est couverte de sang, et il y a un trou dans son tee-shirt couvert d'un liquide sombre et poisseux. Je suis à peu près sûre que c'est du sang. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant