13.

1.4K 88 9
                                    

Je porte ma tasse de thé à mes lèvres. 

- Si tu as des questions, tu peux les poser. 

Ça tombe bien, parce que j'en ai un paquet, malgré le fait que j'en ai posé beaucoup il y a quelques jours. Mais sans vouloir en rajouter une couche, il faut avouer que ces cinq minutes de pur plaisir m'ont bien vidé la tête, et je suis de nouveau en pleine possession des mes facultés mentales que je compte utiliser à bon escient. 

- Pourquoi tu penses que je suis la bonne personne ? 

- Je ne sais pas si tu es la bonne personne. Mais tu fais bien ton travail et tu t'es sacrifié pour un inconnu... Ça, ça rentre dans mes critères d'embauche. 

Je hoche la tête. Quelque part, c'est flatteur.

- Tu n'a pas peur que je dise quoi que ce soit à propos de ce qu'il se passe ici ? 

Elle se renfonce dans son siège, le visage détendu. C'est une belle femme, je ne fais pas mentir, et quand elle s'y met, elle peux être très impressionnante, comme ce jour au téléphone ou quand elle s'est pointée sur le pas de ma porte. Je ne suis pas sûre de la cerner encore, on va dire, alors je reste sur mes gardes au cas où. 

- Même si tu parles, on échappera aux forces de l'ordre, et on saura ensuite que c'est toi. Donc je ne pense pas que tu diras quoi que ce soit, tu es plutôt rationnelle. 

Ça paraît comme une simple explication, mais je sais au fond de moi que c'est plus qu'une simple explication. C'est une menace en creux. C'est me présenter la sanction pour ne pas que je faute et que je me taise, et le pire c'est que ça marche. Je n'ai pas très envie d'être assassinée dans une ruelle sombre comme dans les films par Ren ou même Marcus, donc bien entendu, je vais me taire. Je réalise d'un seul coup qu'étrangement, prévenir la police ne m'a pas effleuré l'esprit une seule fois, et je me déteste soudainement d'être si déviante. Si dysfonctionnelle. Je ne peux même pas accomplir mon devoir de citoyenne, je ne pense même pas à protéger la ville de criminels, comment est-ce que je peux prétendre vouloir soigner les autres ? 

- En quoi consiste le poste exactement ? je demande.

Il y a un petit silence. 

- Des permanences ici, comme dans un cabinet libéral. Tu aurais la pièce du fond, tu soignerais Marcus, Ren, Teddy et Richard quand ils auraient besoin.

- On parle de permanences à quelle fréquence ? 

- Tous les jours à des heures variables. Ou chez toi, si ça t'arranges plus que de venir au club. 

- Non, je murmure. Je préfère autant venir. 

Elle hoche la tête, et je baisse les yeux. 

- Et pour le salaire ? 

- Combien tu gagnais à l'hôpital d'Albuquerque ? répond t-elle.

Je lève les yeux au ciel pour me souvenir des chiffres que j'avais retenu il y a quelques mois. 

- Deux mille dollars et quelques, je crois. 

- Je peux facilement t'offrir le double. 

On dit toujours qu'on achète pas de l'amour, ni de la passion, ni les gens en général. La vérité, c'est que si. On peux toujours acheter quelqu'un si cette personne a besoin d'argent, et quand on est dans une situation économique instable, on donnerait tout pour s'assurer un peu de répit et un peu plus d'argent. La balance s'équilibre une nouvelle fois entre les pour et les contre, et je me pince l'arrête du nez. 

- Est-ce que je vais avoir des ennuis si j'accepte ? 

- Avec nous, non, déclare t-elle. Au contraire, on se protège les uns et les autres...

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant