19.

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Je flotte. 

C'est tellement chaud et mou et confortable, je suis dans l'exacte position que j'aime le plus quand je dors, il y a le silence, je voudrais y rester pour des heures et... 

Je me réveille en sursaut. 

Il fait noir et je cligne des paupières frénétiquement pour adapter ma vue à la pénombre de la pièce, le coeur battant. Je comprends que je suis dans ma chambre, puisque je reconnais mes meubles et la fenêtre : le réveille indique cinq heures trente-deux du matin. J'essaye désespérément de me souvenir de comment je suis arrivée là, mais la vérité, c'est que je n'en ai pas la moindre idée ; tout ce dont je me souviens, c'est avoir dansé jusqu'à en avoir mal au pieds. Qui m'a ramené chez moi ? Probablement Rose ou Hadidja. La gorge sèche, l'esprit embrumé, je me lève de mon lit pour aller chercher un verre d'eau et constate que je suis toujours dans ma robe en satin rouge puis je descend en bas les yeux à moitié fermés, embrumée, en essayant de me rappeler de la fin de la soirée. Mais en bas, la lumière est toujours allumée et je descend les dernières marches de l'escalier en fronçant les sourcils. Peut-être qu'une des filles a oublié d'éteindre. Mais cette théorie est balayée en quelques secondes ; Marcus est en train de nettoyer son arme au dessus de l'évier de la cuisine, Ren est appuyé sur le comptoir et joue avec ses dagues, et Alina est assise dans mon fauteuil, tranquillement. 

- Qu'est-ce que vous faites tous là ? je crie, paniquée. 

Marcus redresse la tête, Alina se relève et Ren envoie son couteau dans le mur derrière moi, épinglant un bout de ma robe sur le côté. Mes yeux s'agrandissent sous le choc et placardée - littéralement - au mur, je le regarde lancer une deuxième dague qui arrive à côté de mon bras, et une troisième qui se niche dans un tableau au dessus de ma tête. Terrorisée, ne comprend pas ce qu'il se passe, je me met à hyperventiler. Je me doutais bien que dire non à la Comtesse serait lourd de conséquences, les voilà...

- Ça suffit, concède Alina. 

Il s'approche, la mâchoire serrée, et retire la dague sur mon côté droit.

- Tu as failli tout faire foirer. 

En un mouvement, il retire le couteau planté dans le tableau et paralysée, je ne bouge pas, ayant trop peur qu'il recommence mais en visant mes organes vitaux cette fois. Il effleure ma clavicule avec l'une des dagues qu'il a récupéré, et je me rends compte que j'ai saigné de cet endroit, mais impossible de me souvenir de... Les premières images me reviennent en tête, bien réelles, de Ren me passant une lame sous la gorge et me blessant. Je me souviens d'un accord entre Marcus et moi, seulement vaguement, et rien de plus. 

- Ren. 

Il se retourne, à quelques centimètres de moi. 

- Je règle mes comptes, Alina, et je suis tout à toi ensuite. 

- Dépêche-toi, ordonne t-elle. 

Se tournant à nouveau vers mon visage, les yeux dans les yeux, il déclare : 

- Si j'avais voulu l'ange de la bêtise je l'aurais invoqué, or ce n'est pas le cas. 

- Je... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Il arrache du mur la troisième dague et j'ai une vague pensée pour les dommages causés par cet homme dans ma maison.

- Je veux des noms, exige t-il. 

- Quoi ? je souffle. 

- Les noms de tes amis. 

Perdue, je me dégage de là et m'avance dans le salon, ne comprenant pas pourquoi est-ce qu'ils sont tous réunis chez moi au beau millieu de la nuit alors qu'il y a quelques heures j'étais en train de m'amuser comme une folle. Peut-être que j'étais un peu trop pompette et que j'ai dit des choses à Marcus et Ren ? Ça expliquerait beaucoup de choses. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant