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Il fait jour. On a dû oublier de fermer les volets hier, dans la précipitation des corps, dans l'envie et l'amour, et je me promets de ne plus jamais sauter cette étape parce que je déteste me faire réveiller par la lumière. J'ouvre les yeux quand il se colle un peu plus à moi dans le lit, et pose ma tête contre sa joue. Aucun de nous ne parle, savourant le silence quelques instants de plus, puis je me retourne pour lui faire face. Il sourit. 

- Cauchemars ? je questionne en voyant ses yeux fatigués. 

Il hoche la tête. Ses cheveux tombent en mèches sur son front mais il a l'air apaisé et il est beau comme un dieu. Je sais qu'il n'est jamais vraiment loquace le matin, mais il si il y a un truc qui le réveille, c'est bien ce que je m'apprête à faire. Je l'embrasse doucement, puis monte à califourchon sur lui et pose mes mains sur son thorax un sourire au lèvres.

- Madame, dit-il en m'observant attentivement. 

Nue sur lui, je bouge lentement les hanches contre sa peauet sens presque immédiatement entre mes cuisses l'effet que ça lui fait ; il me laisse m'amuser durant quelques minutes, le torturer de cette façon, avant d'à son tour passer ses mains sur mon corps. L'intensité de l'orage de désir que ça déclare en moi est incroyable.

- Tu es divine. 

- Merci, je dis d'un petit air suffisant. 

- Ton arrogance me donne des pulsions, tu sais ? souffle t-il.

- Lesquelles ? 

Un sourire presque carnassier se dessine sur ses lèvres et il se redresse pour me mettre sur le dos avant d'embrasser mon cou, mes seins et mon ventre. 

- Celles-là. 

Il lèche, mord, embrasse tout ce qu'il peut. Je le sens se placer entre mes jambes, et bientôt nos deux corps sont réunis d'un seul mouvement. Je me mords la lèvre pour ne pas crier en le sentant entièrement en moi et il me force à ouvrir la bouche en glissant sa langue à travers. 

- Dis-moi à quel point tu aimes ce que je te fais, Silene, murmure t-il contre mon oreille. 

Je lâche un petit cri et ferme les yeux. Ren est ma drogue, il est mon soleil, il est mon poison et il est mon antidote, et j'ai peur de ne plus jamais pouvoir me passer de lui. Si le diable le rencontrait, il embrasserait ses yeux et se repentirait ; c'est un homme bon qui a fait du mal et à qui on a fait du mal, mais il n'est pas le monstre qu'il pense être. 

- Tu me rends fou, gronde t-il quand je noue mes chevilles autour de ses hanches. 

- C'est réciproque, je ricane. 

Quand quelques minutes plus tard nous retombons essoufflés dans les draps, vidés de cette tension perpétuelle entre nous, bien réveillés. J'effleure son visage du bout des doigts. 

- Il faut que j'y aille. 

- Non, je murmure. 

Il plonge ses yeux dans les miens. 

- Si. Une grosse affaire avec Marcus. 

- Tu repasses ce soir ? 

- Oui, me confirme t-il en se redressant. 

Il se lève pour aller prendre sa douche dans ma salle de bain, et je m'occupe de faire le lit et de ranger nos affaires en me demandant ce que j'ai pu faire aux yeux du monde pour mériter ce que je vis. C'est notre routine depuis presque un mois ; revenir à la tombée de la nuit après une journée de travail, passer la nuit l'un chez l'autre, se faire l'amour pour apaiser nos âmes qui ne demandent qu'à pouvoir se toucher enfin, se dire je t'aime pour se dire bonjour et bonsoir. Un jour chez l'un, un jour chez l'autre en fonction de notre emploi du temps. On se croise des fois au QG, à des entraînements, il arrive qu'on soit mis en mission ensemble mais toujours avec quelqu'un d'autre, et pourtant là bas, on ne laisse rien transparaître. Comme depuis le début, on ne se parle pas ou du moins sèchement. Personne n'a compris la supercherie donc on suppose que ça a fonctionné jusque-là... Mais bientôt tout sera fini : dans quelques jours, Ren découvrira qu'il est libre, que je prends son poste, et je sais que ça risque d'être le chaos dans nos vies respectives. Alors en attendant, je profite de chaque moment, je passe un peu plus longtemps dans ses bras, je dévoile un peu plus ce que je ressens, je capture de l'essence des plus petits détails pour me souvenir de tout ça. Avant que tout se casse la geule. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant