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- Il est l'heure, je dis en souriant. J'y vais. 

Cheryl, la responsable, hoche la tête et j'attrape mon portable sur la table de la salle des infirmières. 

- Je ramène un gâteau demain, pour mon départ. 

- Génial, dit-elle. Si il est au chocolat, j'écrirais une lettre de recommandation. 

J'éclate de rire.

- Tu sais me prendre par les sentiments. 

Je lui adresse un signe de la main et prend le chemin des vestiaires, dans lesquels je me déshabille pour remettre ma robe pull, ma ceinture dorée, mes collants et mon manteau noir. C'est en effet demain que je quitte le service d'obstétrique après deux mois ici, et je n'arrive pas à croire que ça fait déjà autant de temps... Pour les deux derniers mois de mon année, nous nous verrons attribuer un autre service, ensuite viendra l'examen qui déterminera le reste de ma carrière. Dans toute cette épreuve, faire ce que j'aime a été ma bouée de sauvetage. Le travail, les révisions et les cours m'ont maintenue à flots alors que mon navire prenait l'eau de toute parts ; heureusement que c'est ce soir que j'annonce à Alina que je m'en vais. Fatiguée de cette garde de douze heures qui dure depuis minuit, je rentre chez moi rapidement, me cuisine des spaghetti bolognaise et file me coucher pour rattraper quelques heures de sommeil avant d'aller au club. 

A dix-neuf heures, bien reposée, je prends ma douche, m'habille et mange le reste des spaghetti en me demandant comment va Ren. Après avant-hier, je ne l'ai plus vu. Il faut dire que ma garde hier m'a empêchée d'aller au club, mais je n'ai pas eu de nouvelles au simple " Ça va ? " que j'ai envoyé par message. L'inquiétude est montée en flèche pour atteindre un pallier et ne plus redescendre ; j'espère, au fond de moi, qu'il sera là ce soir, pour que je sache la réponse à ma question. Quand je suis fin prête, je monte dans la voiture et démarre. Le trajet est rythmé par les battements de mon coeur paniqué à l'idée de finir comme Aleksandr, mais je sais que si je ne prends pas le risque, je finirais aussi morte que Lauren parce que ce sera Ren qui me tuera de ses propres main. L'un dans l'autre, ça revient au même... Je traverse le rue et pousse la porte du club, déjà plein, adresse un sourire à la barmaid qui m'a sauvé la mise l'autre jour, et traverse le couloir avant de descendre les escaliers. J'appuie sur le bouton du digicode, et après dix secondes, la porte s'ouvre. 

- Salut.

Alina descend ses yeux sur ma tenue, se mord la lèvre et me fait entrer avec un petit sourire. 

- Dommage qu'on ne soit pas seules, souffle t-elle à mon oreille. 

Je ricane en essayant de paraître séduite mais elle me dégoûte, et je salue Marcus en train de pianoter sur son ordinateur, assis dans le canapé. 

- Comment va ton nez ? je questionne. 

- Cassé, dit-il. T'avais touché dans le mille.

- Techniquement, c'est Ren qui a touché dans le mille, réplique Richard. 

Tout le mondé éclate de rire : le leur est vrai, le mien est aussi faux qu'un rire puisse puisse l'être. Marcus m'informe qu'il l'ont redirigé vers un chirurgien plastique mais qu'il fera son opération plus tard, et je hoche la tête, pas surprise. Il a quand même meilleure mine. Mais pas de Ren dans les parages, et je prends mon courage à deux mains. 

- Je peut te parler ? 

Alina fronce les sourcils et me dit de la suivre. On rentre dans son bureau, je m'assois en priant pour ne pas qu'elle me tue sur place, et elle s'assoit en face de moi en me demandant pourquoi j'ai l'air si sérieuse. 

- Il faut que je te dise quelque chose. 

- Je sais déjà ce que tu va dire. 

- Ah bon ? je demande. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant