14.

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Je me recoiffe devant la glace en espérant que mes longs cheveux bruns seront mon bouclier pour ce premier jour d'essai avec Alina et son équipe ; il est quinze heures, et je dois être dans une demi-heure au club de strip-tease pour faire ma première permanence là-bas. Le stress monte et je ferme les yeux pour essayer de me dire que je ne risque rien, que ça ne m'engage à rien et... Mon téléphone se met à sonner. Je sursaute, rouvre les yeux et décroche immédiatement en voyant le nom de Hadidja sur l'écran. 

- Ça va ? je demande. 

- Ça va et toi ? Tu as pas donné de nouvelles après la soirée, je me suis inquiétée. 

Putain. J'ai été tellement accaparée par cette histoire, par ce qu'il s'est passé avec Alina, par les dires de Ren, que je n'ai répondu à aucun message depuis deux jours. 

- Désolé, je souffle. J'ai été débordée par les révisions...

- La même, dit-elle. La gériatrie c'est vraiment la pire chose à apprendre. 

Je pouffe de rire pour la première fois depuis longtemps et me reconcentre sur la conversation. Après quelques secondes, je me décide à poser la question qui me taraude depuis vendredi, peu importe la réponse que j'aurais de toute façon.

- Il s'est passé quoi après que je sois partie vendredi soir ? 

- On a mis Axel dans une chambre à dessoûler. Il se souvient de rien, mais nous si... 

- C'est clair, je dis. C'était n'importe quoi, il était pas comme ça à la soirée d'Halloween pourtant ! 

Je prépare mes affaires en tenant le téléphone entre mon épaule et mon oreille pour gagner du temps. Hadidja m'explique qu'il a apparement des problèmes et que les garçons l'ont laissé boire sans trop se soucier de la quantité, ce qui a valu à Will et Charles de se faire passer un savon par Rose et elle. Je lui dit qu'elle a bien fait, mais si il y a bien un truc qui me reste en tête, c'est le " je t'aurais tout donné ". 

- Tu te souviens de ce qu'il a dit ? je questionne. 

- Oui. 

- Il ne le pensait pas, Hadidja, il était ivre. 

- Et si il le pensait vraiment ? On est toujours plus honnête quand on a bu, après tout... 

Je secoue la tête. 

- J'espère vraiment pas. 

- Pour tout te dire, j'espère pas non plus. 

On ricane comme des mouettes et je suis malheureusement obligée de lui dire que j'ai un double appel et que je dois raccrocher, car il m'est impossible de lui dire ce que je pars faire ; c'est contraire à toute notre morale, tous nos serments, toutes nos ambitions, et je préfère n'en parler à personne au vu des menaces passives-agressives d'Alina. Elle me souhaite bon courage, je lui souhaite bon courage en retour et elle raccroche ensuite. Je lisse ma chemise bleue et prends mon manteau avant d'attraper mon sac à main et de monter dans ma voiture après avoir fermé la porte de chez moi à clé. Il est temps. J'enfonce la pédale d'accélérateur et prend la direction du centre ville pour rejoindre le club, mais une question persiste : pourquoi est-ce que Ren a été si virulent a mon égard alors qu'il ne l'avait jamais été avant ? Et par corrélation, pourquoi s'oppose t-il fermement à cet essai ? Ce sont des questions qui n'ont pas de réponses, et je me gare dans la rue à côté du club. La rue est déserte, pour une fois, et je pousse la porte pour pénétrer dans la grande pièce. Deux techniciens réparent la scène et j'adresse un simple " bonjour " à la barmaid. Dire qu'Alina m'a proposé ce poste... Je chasse cette pensée de mon esprit, traverse la pièce jusqu'au couloir, pousse la porte du fond, descends les escalier et appuie sur le bouton vert comme l'a fait Albert - parce que bien sûr, je n'ai pas le digicode. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant