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Ses mains sur mon visage, sa bouche réactive à la mienne, son corps qui semble s'être calqué sur le mien, il n'y a que ça dans ma tête. Je n'ai plus de pensées là haut, c'est le vide, il y a trop de choses pourtant et il n'y a que lui, que ce qui est en train de se passer. Il m'enlève mon pull et je sens ses lèvres, dans la pénombre, sur mon cou : il me dévore. J'ai envie qu'il me dévore. Il le faut. Je passe ma main dans ses cheveux, savourant chaque seconde, chaque baiser qu'il dépose sur ma gorge, puis mon cerveau se remet à fonctionner et je lui enlève son tee-shirt. Il se recule d'un seul coup, et on se fixe. Le désir qu'il y a dans ses yeux me brûle la rétine et je cligne des paupières. Il passe sa langue sur ses lèvres et d'un commun accord silencieux, on ramasse nos affaires pour les remettre, parce qu'on sait très bien l'un comme l'autre qu'on est fatigués et que ça a été une dure journée pour tout le monde. Comme si nous savions implicitement que c'était mal. Mais on a épanché l'envie pour un court instant - et heureusement qu'on s'est arrêtés avant que ça ne dérape trop. Sans un mot, j'enfile mon pull et quitte la salle de bain en premier, le coeur battant, pour aller retourner me coucher.

À peine ai-je passé le seuil de la chambre, sa chambre, que je suis plaquée contre le porte de celle-ci. Je reconnais sa brutalité familière en l'espace d'un instant, je reconnais son corps contre le mien, je reconnais ses lèvres qui s'acharnent durement sur les miennes comme pour me faire comprendre quelque chose que j'ignore toujours. Ren est un mercenaire, c'est un assassin, il a tenté de me tuer, je ne peux pas me laisser aller avec lui... Mais si, je le peux. Et c'est d'ailleurs ce que je vais faire, parce que plus rien n'a de sens, parce que c'est la dernière chose à faire pour toucher le fond de la folie, parce que je suis déjà entrée par la grande porte dans son monde.

- S'il te plaît, je murmure quand il s'arrête une nouvelle fois. 

C'est plus une supplique qu'autre chose et il ferme les yeux en posant son front contre le mien, sachant très bien que je lui demande de continuer. 

- C'est ce que tu veux ? 

J'effleure ses lèvres et je dis contre ces dernières : 

- Oui. C'est toi que je v... 

Mes mots sont aspirés par sa bouche qui avale le reste de ma phrase. J'enlève moi-même cette fois mon pull et j'enlève le sien parce qu'il est trop occupé à morde et lécher chaque coin de peau qu'il trouve pour y penser. Il m'attrape à nouveau le visage, on fais quelques pas chancelants jusqu'au lit et il recule sa tête, toujours debout, presque alarmé. 

- Je ne suis pas tendre. 

- Ne le sois pas, je réplique.

Il enlève son jogging et je fais de même avec mon pantalon et très vite, plus vite que je ne l'aurais pensé, on se retrouve nus l'un devant l'autre. Le petit moment de gêne est effacé lorsqu'il monte sur le lit pour m'y allonger et que sa peau est enfin contre la mienne. Le désir est tellement grand, tellement fort que j'ai l'impression que je vais exploser. 

- Tu va t'en vouloir, me prévient t-il quand je touche du bout des doigts son thorax. 

- Ren, je te jure que la seule chose que je veux maintenant, c'est toi.

Il ferme les yeux, paraissant constamment réfléchir ou se battre contre lui-même, et je m'arrête dans mes mouvements. 

- À moins que ce ne soit pas ce que toi, tu veuilles. 

Il rouvre les yeux. 

 - Baisse les yeux et tu auras la réponse à ta question.

Je baisse les yeux et j'ai effectivement la réponse à la question. Je me mords la lèvre pour réprimer un sourire avant de l'embrasser dans le cou, mais il m'en empêche en me forçant à rester allonger pour que lui puisse accéder au reste de mon corps. Mes clavicules, ma poitrine, mes côtes, mon ventre. Il lèche lascivement les deux cicatrices que j'ai sur l'abdomen et la sensibilité à cet endroit me fait presque bondir sur le lit. Je croise les jambes en me mordant la langue et il passe ses mains sur mes cuisses afin de les décroiser. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant