17.

1.1K 92 17
                                    

- Alors ? je questionne. 

Will sort de la salle et se prend la tête entre les mains. 

- Ça a été, déclare Rose. 

- La question neuf de la troisième partie m'a fait perdre la boule, geint Charles. 

- Pareil, je dis. 

Nous discutons devant la porte en attendant qu'Hadidja sorte. Cet examen blanc a été mieux que je ne le pensais, moi qui avait eu beaucoup de mal à me mettre dans les révisions durant les premiers mois de l'année... On verra les notes, mais je pense que ce sera plutôt positif. Je resserre les pans de mon manteau autour de moi ; le début du mois de décembre a bien fait chuter les températures à Albuquerque et la chaleur si familière de notre état me manque déjà. Quand ma meilleure amie passe la porte, je vois sur son visage que ça ne s'est pas bien passé et me précipite vers elle alors qu'elle s'éffondre en larmes dans mes bras. 

- J'ai complètement raté, Silene, murmure t-elle. Je ne vais jamais être infirmière. 

Nous passons au moins dix minutes à essayer de la faire revenir à la réalité, à la consoler et à la rassurer, mais rien en paraît éclairer son visage qui s'est éteint. Puis j'ai une idée, qui je le sais, nous fera du bien à tous. 

- On va aller faire la fête ce soir. 

- Mais on est jeudi ! proteste Charles. 

- T'es pas drôle, se plaint Rose. Moi, je suis partante. 

- Idem, déclare Will. 

Comme d'habitude depuis que la vérité a éclaté, Axel sort de la salle et passe devant nous sans nous parler, ce qui assombri encore plus le visage d'Hadidja. Elle est cependant d'accord pour sortir ce soir à condition qu'elle puisse avoir au moins cinq heures de sommeil, et je lui dis de venir chez moi pour qu'on se prépare ensemble. Chacun repart de son côté, je rentre en espérant vraiment que je ne me trompe pas par rapport à cet examen blanc et je me dis que ce serait une réussite si malgré tout ce qu'il s'est passé, je l'avais réussi. Je range un peu la maison, prends ma douche et je suis à peine sortie que la sonnerie retentit en bas. C'est Hadidja, ça. Je me précipite pour ouvrir, la fait entrer avec un grand sourire ; ce soir, ma mission, c'est de la faire retrouver sa joie habituelle. 

- Tu as amené ton maquillage ? je demande. 

Elle hoche la tête. En peignoir, je lui prend les épaules. 

- C'est un examen blanc. On s'en fout. 

- On s'en fout, répète t-elle. 

Je vois bien qu'elle n'est pas convaincue mais qu'elle essaye très fort de la paraître, ce qui me fait sourire. 

- Ce soir, Had, on va faire la tête, se trouver un mec avec qui passer la nuit... Et ça ira mieux. 

- On se bourrer la geule, confirme t-elle. J'ai besoin d'au moins un mètre de shots de vodka. 

- Je tes offre, je dis. Allez viens. 

Elle installe ses affaires dans ma chambre pendant que je me sèche les cheveux. Je les ai coupés quelques jours après ma dernière conversation avec Alina, comme si symboliquement je rompais définitivement avec ma vie d'avant. Elle était le prolongement de cette histoire de coup de couteau qui m'a fait changer, et maintenant que je suis tranquille sans eux, maintenant que tout est fini, il a fallu que je tourne la page pour de bon. Alors j'ai été chez ma coiffeuse et j'ai coupé mes longueurs brunes ; je suis ressortie avec les cheveux coupés au carré et teins en noir de jais. J'ai cru que Rose allait faire un infarctus sur place quand elle m'a vue, Hadidja m'a demandé pourquoi je n'avais pas fait cette coupe plus tôt, et quant à Axel, il m'a évité du regard pendant une semaine. Je ressors de la salle de bain vêtue de ma robe en satin rouge que je n'avais pas ressortie depuis la soirée de mes dix-huit ans et tournoie sur moi-même, toute fière. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant