50.

1.9K 93 72
                                    

REN 

Kiev.


Je met le doudou vert à côté de lui et rabat la couette. Pitié, qu'il dorme, sinon Natashka va encore me dire que le petit à l'air fatigué alors qu'il fait la java toute la nuit.

- Dis moi comment elle était maman. 

Une douleur renaît au creux de mon diaphragme. 

- Alek, tu as école demain. Je te raconterais un autre jour, je soupire. 

Il est déjà vingt heures et je suis aussi fatigué que lui. Je n'aurais pas la foi de lui parler de ça ce soir, surtout avec la journée qui m'attend demain, mais il se met à pleurer et tout son corps est pris de sanglots. Je m'assois sur le lit, soulève la couette et l'attrape sous les aisselles pour le faire venir sur mes genoux. Il s'aggripe à mon cou et je sens toutes ses petites larmes tomber sur mon pull, alors je lui frotte le dos et je ferme les yeux pour ne pas me mettre à pleurer moi aussi. 

- Mais je me souviens pas d'elle, geint-il. 

- D'accord, je vais te dire. 

Il se décolle et pose sa petite main sur mon nez. 

- Assis-toi bien sinon tu va tomber, je le préviens. 

Il s'assoit mieux sur mes genoux et commence à jouer avec mes cheveux pendant que je réfléchis à comment commencer et surtout par où commencer cette histoire qui est la mienne, et qui est aussi la sienne. 

- Maman et moi on s'est rencontré parce que maman m'a sauvé des méchants. 

- Quels méchants ? 

- Des méchants comme ceux qui veulent faire du mal à Oleg dans la Princesse Volée. 

La référence à son dessin animé préféré le fait bondir. 

- C'était une princesse, maman ? C'est vrai ? 

Ses questions parfois me donnent mal à la tête, mais je souris. 

- Non, c'était la reine. La plus belle reine qu'il soit dans le monde entier.

Il tire mes cheveux. 

- Aïe, mon ange, on tire pas les cheveux à papa. 

- C'est ma maman, c'est ma reine, pas la tienne, dit-il férocement. 

Protecteur comme son père, têtu comme sa mère, et déjà combatif comme sa tante et son oncle, Alek a tout des Ievseïev. Je souris et lui explique que papa et maman s'aimaient très fort, qu'elle reste sa maman mais que moi aussi je l'aimais. Il paraît comprendre, même si du haut de ses quatre ans, je me doute que ce n'est pas vraiment le cas, puis je reprend.

- Et ensuite maman est venue travailler avec papa mais papa a fait des bêtises. 

- On fait pas de bêtises parce que c'est pas bien et ça peux faire du mal aux gens. 

Punaise, je l'ai bien élevé. Silene serait fière de moi. 

- Exact, je réponds. Comme papa ne voulait pas faire du mal à maman, il lui a dit de partir. 

- C'est pour ça qu'elle est plus là ? piaille t-il.

Je secoue la tête.

- Les gens avec qui travaillaient avec papa étaient des méchants et ils voulaient qu'elle vienne parce que c'était une reine. Alors maman est venue et papa est partit. 

Bon, en réalité, ça ne s'est pas vraiment passé comme ça. C'est elle qui m'a poussé dehors et qui m'a claqué la porte au nez, mais impossible de lui dire, de toute façon. Il continue à faire bouger ses petits doigts dans mes cheveux, les bras tendus en l'air, l'air très intéressé par mes mèches sombres et je reprends. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant