42.

669 46 11
                                    

Je marche en silence. Il fait froid et nuit dans la rue passante, les néons des commerces éclairent mon visage faiblement et je suis Ren jusqu'à sa voiture. 

- Je te ramène. Dépêche-toi. 

- Merci, je souffle en montant du côté passager. 

Il met le contact et se saisit de son portable qui s'est mis à vibrer pour de répondre. Il fait ce que je ne croyais pas être possible quand on passe un coup de fil ; il décroche, et ne dit pas un seul mot de tout l'appel qui dure une trentaine de secondes en tout. Assise sur mon siège, attachée, consciente que je viens d'être enrôlée dans une organisation criminelle, je me contente d'attendre en me demandant comment il fait pour être au téléphone et ne pas parler. Puis il raccroche, balance son portable sur le tableau de bord et coupe le contact. 

- Descends. 

- Quoi ? Pourquoi ? 

- Descend ou je te descends, Silene.

L'ordre claque sur mon âme comme un coup de fouet, je déglutis et me détache avant de sortir de la vieille Chevrolet. Ren court jusqu'au club et rentre à l'intérieur avant de sortir quelques secondes plus tard, alors que le rideau de fer commence à se baisser. Mais qu'est-ce qu'il fait, bon sang ?

- Il y a encore des gens dedans, je proteste en me rapprochant. 

Il court jusqu'à moi, rabat sa capuche noire sur sa tête et me désigne le dessous de la voiture. 

- Rampes-là dessous. 

Je fronce les sourcils. Pourquoi il a besoin que j'aille sous sa voiture, il veut que je lui fasse la vidange tant qu'on y est ? 

- Ça va pas la tête ?

Sans ménagement, il me fait tomber par terre, je sens mes genoux frotter contre l'asphalte et il me force à ramper jusqu'à me mettre en dessous du véhicule. Dans l'incompréhension face à tant de précipitation, je chuchote : 

- Qu'est-ce qu'il se passe ? 

Il se met à plat ventre pour être à mon niveau et me glisse un pistolet sorti de je-ne-sais où avant de jetter un coup d'oeil derrière lui. C'est là que je comprends que c'est quelque chose de grave.

- Quoi qu'il arrive, tu restes là et tu ne bouges pas. 

- Dis-moi ce qu'il se passe. 

- Rien. 

- Ren, je gronde. 

Il jette un nouveau coup d'oeil derrière lui. 

- Ça va être le chaos, je veux que tu te prépares mais que tu ne bouges sous aucun prétexte. 

Puis sans une autre explication, il se relève et contourne la voiture. De l'autre côté, je vois ses pieds, je crois qu'il s'est accroupi du côté trottoir pour que le véhicule le cache. Ça va être le chaos ? Comment ça ? Mon coeur se met à battre sous l'effet de l'adrénaline, de plus en plus fort, et les minutes passent sans que rien n'arrive mais je n'ose rien dire à l'homme-ténèbres caché à côté de moi. Puis une voiture, tranquillement, emprunte la ruelle déserte, et ensuite, l'assourdissante apocalypse qui se déchaîne. Les balles pleuvent comme une averse qui ne veut pas s'arrêter, atteignent la carrosserie au dessus de moi. Ça fait un bruit tellement fort que je me bouche les oreilles. Il y a des cris, des hurlement, ça tire sans relâche et puis je vois les pieds de Ren sous le rai de lumière qu'offre la voiture, s'avancer vers l'autre voiture. Ça tire, il y a d'autres pieds qui ressemblent au siens, je le perds de vue, quelqu'un tombe à terre. Mon coeur s'arrête. Capuche noire. Pantalon noir. La même carrure que lui. Je tousse pour chasser l'odeur de la poudre de mes narines, les impacts de balle continuent de martyriser la voiture. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant