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On me secoue sans ménagement et je me relève d'un seul coup. Mon pouls bat contre mes tempes mais mes vertiges se sont un peu apaisés et je cligne des yeux pour découvrir une femme avec une grosse sacoche, à côté de Ren. Le voir en vie me rappelle brusquement ce qu'il s'est passé mais m'enlève un poids énorme sur les épaules, et je le fixe les deux personnes de la pièce à tour de rôle sans comprendre. Je me suis endormie... Chez lui... Putain. 

- On l'a empoisonnée au cyanure, déclare Ren. Quand je suis rentrée, elle délirait. 

- Je suis le médecin, me sourit la femme. 

Elle pose sa sacoche au pied du lit et il allume la lumière au plafond.

- Vous pouvez me dire quand et comment c'est arrivé ? 

Allongée, trop faible pour bouger, je mens parce que je n'ai pas d'autre choix. 

- J'étais à une soirée, et je me suis évanouie. Je me suis réveillée par terre.

Elle hoche la tête et sort son stéthoscope pour écouter mon coeur durant de longues secondes. J'ai l'impression que c'était il y a un éternité, mais c'était il y a vingt-quatre heures, et le médecin me demande : 

- Et ensuite ? 

- Je... J'ai beaucoup vomi, j'avais des vertiges, mal à la tête... 

Elle hoche la tête en mettant le bracelet pour mesurer la tension autour de mon bras.

- J'ai dormi un peu et ça allait mieux, puis ça s'est aggravé. 

- D'accord. 

Ma tension est un peu faible, et elle se tourne vers Ren. 

- Généralement pour une intoxication au cyanure, on a un pic maximum très peu de temps après l'avoir pris, puis ça va mieux et ça revient ensuite avec un deuxième pic. 

Elle m'examine encore pendant dix minutes puis me dit que j'ai probablement passé le deuxième pic, qui était tout à l'heure quand Ren est arrivé - au pire moment. Je venais de vomir à travers mes larmes de désespoir, ma tête me faisait mal et je n'arrivais plus à penser comme si Alina m'avait empoisonné une seconde fois. J'ai cru que j'allais réellement mourir cette fois. Voir l'homme-ténèbres débarquer comme si de rien n'était m'a presque semblé être une illusion et c'est à peine si je peux me rappeler de notre discussion avant que je ne m'endorme. 

- Comme vous n'avez pas eu de traitement direct, c'est l'organisme qui s'en charge et c'est plus long. Vous allez être encore dans cet état jusqu'à demain au moins. 

- Il faut faire quoi ? je demande. 

- Vous reposer, et je vais vous donner un comprimé qui va neutraliser le reste du poison pour que vous alliez mieux, d'accord ? 

Je hoche la tête. Elle sort de sa sacoche un comprimé et me donne un petit gobelet d'eau pour que je le prenne. J'ignore la panique que j'ai que ce soit encore un coup d'Alina, parce que je suis trop fatiguée, trop mal, trop tout, et je repose la tête sur le lit. Le médecin redescend en bas avec Ren et je me rendors à nouveau. Je me réveille plusieurs fois et comme la position est très inconfortable, je fais un espèce d'oreiller avec mon manteau. 

- Met-toi correctement, me demande t-il. 

- C'est ton lit, désolé. Je vais aller dormir en bas, je souffle en me redressant. 

- Je serais pas là cette nuit, tu peux rester. 

- Tu va où ?

Je pose la tête sur l'un des oreillers du lit et ferme les yeux. Silence. Je rouvre les yeux. Il déclare simplement :

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant