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- Une dette ? je répète.

- Oui, une dette.

- Quelle dette ? 

- Celle de sa famille. 

Je ferme les yeux. Bon, ça explique pourquoi il est là, pourquoi il paraît aimer ce qu'il fait - il n'a pas d'autre choix, en même temps - et pourquoi il est plus insubordonné de tous. Ça explique pourquoi elle ne peux pas le tenir en laisse comme les autres. Ça explique pourquoi il dit bien connaître ses méthodes, aussi. Je me lève de la table pour remettre mon pull et elle me demande si je n'ai pas trop mal. 

- Non, je dis. Étonnement, ça va. 

L'adrénaline fait son petit effet. 

- Je vais prendre l'air, j'arrive, je dis. 

Elle hoche la tête, serre ma main avant de la lâcher et nous sortons toutes les deux de la pièce. Il n'y a plus personne dans le salon, et je sors du sous-sol pour remonter les escalier et déboule dans le club. Les premiers clients sont arrivés, le soir est tombé, la musique a été mise et les lumières rouges couvrent mon corps de la couleur de mon sang. Au bar, seul, est assis Ren. Je prends mon courage à deux mains et je m'assois à côté de lui, parce qu'il faut qu'on parle après ce qu'il vient de me faire et tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Je ne peux pas supporter de rester dans cette situation, il faut qu'il sache le fin mot de l'histoire.

- Un verre d'eau, s'il vous plaît. 

La barmaid me sert mon verre d'eau et je tourne la tête vers Ren. 

- T'es un sacré connard. 

- Tu m'a trahie, Silene, répond t-il d'un souffle, le ton amer.

- Je ne t'ai pas trahi, c'est moi qui ai demandé à Alina de me sortir de là. Elle ne m'a rien demandé, c'est moi. 

Il avale le contenu de son verre et le repose en le claquant sur le comptoir en bois, les yeux rivés sur le mur en face de lui. 

- Tu as manqué la partie où je dis que je m'en fous. 

- Visiblement non puisque tu viens de me poignarder, je réplique. 

Je suis bien remontée. Je suis déterminée, en fait. J'ai refait tout le chemin de notre conversation, de pourquoi on en est arrivés là, et je suis déterminée à avoir ce que je veux, c'est-à-dire des informations complémentaires pour essayer de comprendre. Parce qu'il y a quelque chose qui me taraude, qui m'intrigue, qui ne va pas, et il faut que je sache. 

- Je t'avais dit jamais deux sans trois. Je ne bluffe jamais. 

En effet, c'est pas faux qu'il a mis à exécution tout ce qu'il avait dit pour l'instant, ce qui bien sûr ne m'arrange pas puisque c'est moi qui en paye les conséquences à chaque fois. J'avale mon verre d'eau, le repose  et jugeant que ce n'est pas assez fort pour me faire tenir le coup, je demande un whisky. 

- Alina m'a dit des choses. 

- Je m'en fous. 

- Sur toi, je précise. 

- Je m'en fous. 

Il fait signe à la barmaid qui a l'air de lui apporter tout son soutient durant cette conversation et une fois n'est pas coutume, je me sens laissée de côté. Mais ce n'est pas grave. Il y a plus important. Le jeune femme remplit à nouveau son verre et j'inspire à fond, me préparant à ce que je vais expliquer.

- J'ai un meurtre sur la conscience et Alina pense que venir ici me libérera. Je suis d'accord avec elle. 

- Je m'en fous. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant