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Le réveil sonne trop tôt. 

La nuit a été agitée, pour être honnête. Quand j'ai réalisé ce que j'avais dit sous l'effet de l'adrénaline et du choc, j'ai compris que j'étais définitivement dans la merde et je n'ai pas réussi à me rendormir après ça. La fatigue m'a finalement emportée vers cinq heures, et ces quelques heures de sommeil n'ont pas réussi à effacer les traces de ce qu'il s'est passé hier soir ; mais c'est mon premier jour avec Alina aujourd'hui. Je prends à nouveau une douche avec l'impression de sentir en permanence l'essence, m'habille, prend mon petit-déjeuner ainsi que mes affaires et je déguerpis. 

Je vais revoir Ren. 

Après ce que j'ai dit hier, il s'est levé, il a ramassé la boîte vide et m'a souhaité bonne nuit avant de redescendre. Je l'ai entendu mettre la boite à la poubelle et puis la porte d'entrée à claqué, et j'en ai conclu qu'il était aussi épuisé que moi mais je n'ai pas percuté sur le moment que c'était peut-être à cause de ce que j'avais dit avant. Le trajet jusqu'au QG passe comme un éclair et je me gare avant de sortir de la voiture, d'attraper mon sac et de pénétrer dans le club. Il est vide, mais l'écriteau indique qu'il est fermé et il n'y a personne derrière le bar. Je traverse le couloir comme d'habitude, descends les escaliers si familiers et sonne à la porte. Le voyant vert s'allume. C'est Marcus qui m'ouvre et qui me serre super fort en me voyant, l'espace de trois secondes, et je reste un peu abasourdie de cette marque d'affection. 

- T'a meilleure mine qu'hier, tu nous a fait peur espèce de crétine. 

- Désolé, je murmure. 

Il me fait entrer. Dans le salon, Alina fait les cents pas, les yeux rivés sur son téléphone, et Teddy est en train de se changer devant l'armoire du fond de la grande pièce. 

- Salut. 

- Silene, soupire la Comtesse. 

Elle se jette presque dans mes bras et je frotte son dos doucement avec un faux petit sourire, elle se décolle en remettant ses cheveux et j'observe les cernes sous ses yeux. 

- Tu aurais pas dû venir. Tu as l'air épuisée.

- J'honore notre accord, je n'ai qu'une parole et tu le sais, je déclare. 

- C'est Teddy qui va te former un peu aujourd'hui, et tu pourras rentrer tôt. 

Je hoche la tête. La porte s'ouvre, Ren rentre la tête baissée et ne salue personne - comme d'habitude. Il pose son sac dans l'armoire, se déshabille sans un mot et je détourne le regard pour aller poser mes affaires dans la pièce du fond comme me l'a indiqué Alina. Sans savoir comment, je me retrouve à un moment donnée seule dans le salon avec l'homme-ténèbres ; incapable de que je dois faire ou dire, je me contente de rester assise sur le canapé en attendant Teddy. Aucun de nous ne parle. Il affûte ses lames dans un coin, je fixe la table basse en silence. 

- Silene, on y va ? 

Avec un sursaut, je me retourne. Teddy est en train de compter les chargeurs de balles devant moi et je hoche la tête. 

- Attends, j'ai oublié mon portable dans le bureau. 

Elle repart en sens inverse et mon regard croise celui de Ren. Longtemps. Puis elle revient et m'emmène en voiture jusqu'à un espèce de terrain vague sur lequel est disposé un stand de tir. 

- Maintenant que tu sais monter et démonter une arme, on va apprendre à tirer. 

Elle me donne les consignes, me guide et me conseille avant de me mettre un casque sur les oreilles et de m'indiquer le cible en forme d'humain à vingt-cinq mètres de là. Je met cinq minutes à me décider à tirer, puis je presse la détente. Le recul de l'arme me fait reculer, et aucune trace sur la cible ; je ne suis pas rendue à son niveau. Je m'entraîne encore et encore, change le chargeur toute seule, et au bout d'une heure, je parviens à faire un premier trou dans la cible au niveau de l'épaule. 

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant