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Trois semaines. 

Trois semaines. 

Trois semaines. 

Trois semaines. 

- Silene.

Je tourne la tête. Hadidja, venue réviser avec moi à la bibliothèque, désigne mon doigt en train de tapoter sur la table nerveusement et je m'arrête en m'excusant. J'essaie de me replonger dans mon livre d'histologie mais impossible de me concentrer. 

Il y a quelque chose qui ne va pas.

 Les fêtes de fin d'années sont passées, j'ai eu la chance d'avoir pu être avec mon père mais ma mère n'a pas daigner m'inviter chez elle ou même venir, ce qui a fortement influencé le fait que je suis restée très peu de temps en Californie. Il faut croire que je n'ai plus de famille, ou que du moins, elle a tellement explosé qu'il ne reste que des petits débris pratiquement inutilisables. Les fêtes de fin d'années sont passées et je n'ai reçu aucun message de la part d'Alina ; elle aurait dû me souhaiter bonne année, joyeux Noël, ou un truc comme ça puisqu'on a décidé de garder contact, mais rien. Je n'ai recroisé ni Marcus, ni Teddy, et encore moins Ren. Pas un signe de vie des cinq criminels du sous-sol du Twenty Girl Chaos Strip Club, comme si ils s'étaient tous volatilisés, comme si tout ça n'avait été qu'une illusion, qu'un mirage.

Trois semaines. 

Trois semaines. 

Trois semaines. 

- Tu recommences, m'indique mon amie. Qu'est-ce qui ne va pas ? 

Je secoue la tête en souriant et cette fois, je me reconcentre sur mes révisions. Les vacances m'ont fait le plus grand bien, m'ont remise sur pied après ces dernières semaines éprouvantes, et je suis d'attaque pour finir mon année et avoir cet examen. On reste jusqu'à ce que la bibliothèque ferme, à vingt heures, et je ramène Hadidja chez elle avant de rentrer chez moi en ne cessant de penser qu'il y a un problème quelque part, que quelque chose ne va pas. Ça ne peux pas être si facile, n'est-ce pas ? Ça me rend dingue de ne pas savoir si c'est normal et que je devrais me réjouir, ou si c'est alarmant et que je devrais rester sur mes gardes. Je commande une pizza une fois rentrée car la flemme l'emporte sur la volonté de manger sainement, et range ma chambre en attendant que le livreur vienne, seule avec mes pensées. C'est alarmant. C'est décidé, je trouve cela alarmant. Impossible qu'Alina aie lâché prise d'un seul coup comme ça sans se poser plus de question alors qu'elle se venge depuis des années sur Ren et sa famille. Impossible que j'aie pu partir sans en payer les conséquences après, je sais comment ça marche. Je sursaute presque quand la sonnerie de la maison vient m'interrompre dans mes réflexions, et soulagée de pouvoir enfin manger, je me précipite pour descendre l'escalier et aller ouvrir. Cependant, ce n'est pas le livreur que je trouve sur le pas de ma porte. 

C'est Teddy et Marcus. 

Je déglutis. Le sang se retire de tout mon corps, j'ai tellement l'impression de tomber dans un trou sans fond que ça m'en donne le tournis. Je m'en doutais, souligne mon intuition. C'est trop étrange, une visite à cette heure, pour que ce soit normal. C'est trop étrange, une visite sans Alina. C'est trop étrange, cet air sur leur visage. 

- Salut, je dis le coeur battant.

- Salut, répond Teddy avec un demi-sourire. 

Marcus me bouscule presque violemment pour rentrer dans la maison, et se met immédiatement à regarder partout, dans tous les recoins, même au plafond, puis il monte l'escalier et je le regarde sans rien faire. Le choc est immense. Qu'est-ce que... Je me tourne vers Teddy, abasourdie de ce qu'il se passe, en quête de réponses, mais elle n'a pas le temps de dire trois mots que la tempête Marcus redescend, les larmes aux yeux, son arme à la main.

LE PLOMB DANS L'ÂMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant