Chapitre 20 - Eastwood 🏍

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"Elle n'a pas peur de toi, elle veut même en savoir plus sur toi. Si je peux te donner un conseil en tant que seule femme de ton entourage, c'est de l'ouvrir un peu plus pour l'avoir. Et continue à faire ton gentleman, elle aime bien ça. Je ne te dis plus rien maintenant, j'ai remplis ma part du marché."

Ce sont les paroles de Émilie concernant Charlie. Elle a refusé de m'en dire plus, parce que c'est son amie, mais ça me rassure de savoir ça. Je sais ce que je voulais savoir, c'est le principal. Et puis si je veux en savoir plus, je n'ai qu'à écouter leur conversations quand elles sont toutes les deux, mais je ne serai pas capable de faire ça. C'est privé.

Grâce à mes caméras, je repère où Charlie se situe. Elle se trouve en compagnie d'Émilie, en train de jouer du piano. Ma cousine semble l'admirer et je comprends pourquoi. Charlie est vraiment très talentueuse. Je dirais même exceptionnelle.

Je souffle la fumée de cigarette avant de l'écraser dans mon cendrier et abandonne les papiers administratifs que j'étais en train de remplir pour descendre au salon. J'avance vers le piano, où Émilie complimente la magnifique jeune femme sur son talent.

-Il est quinze heures Émilie, prévenais-je ma cousine en me posant à côté d'elle.

-Quoi ? S'exclame-t-elle. Déjà ? Merde alors, je suis désolée Charlie, je dois t'abandonner. On se revoit ce soir !

La jeune femme la salue alors que Émilie court vers son sac et sort précipitamment de la villa. Elle est très indécise concernant ce qu'elle veut faire, alors avant de se lancer dans une énième formation qu'elle va abandonner le mois d'après, elle fait des stages un peu partout dans Singapour pour trouver ce qu'elle veut vraiment faire. Sauf que ça fait depuis ses dix-huit ans qu'elle cherche, je ne sais vraiment pas ce que ça va donner, rien ne lui plaît. Je lui ai dit que si elle n'avait rien trouvé d'ici ses vingt-cinq ans, elle pourrait avoir une place dans mon empire, et je crois qu'elle n'attend que ça.

Je m'installe sur le banc du piano à côté de Charlie et joue quelques notes. Elle regarde attentivement ma main glisser sur les touches noires et blanches avant de s'y mettre de son côté. La dernière fois que je l'ai rejoint ici, je lui ai fait des confidences sur ma vie. Elle m'a posé des questions auxquelles j'ai répondu, alors que je n'avais jamais toléré qu'une femme me pose une question.

Je ne sais combien de temps s'est passé depuis que je me suis assis sur ce banc, mais nos jouons tous les deux, sans prononcer une seule parole. Je m'arrête finalement et elle joue encore quelques notes avant de s'arrêter à son tour.

-Tu as épaté les hommes sur mon circuit depuis que tu t'entraînes, commençais-je.

-Comment ça ? Me répond-elle en se tournant vers moi.

-Une petite femme comme toi, c'est normal de les surprendre. En général, les femmes ont plus peur que les hommes de s'incliner dans les virages, mais tu le fais bien plus que tous ceux qui sont réunis. Il me semble que tu fais des courses avec des motards de mon circuit ?

-C'est eux qui me le proposent et je ne refuse jamais un défi sur un circuit. Je suis obligée de relever leurs défis.

-Combien est-ce que tu en as battu ?

-Je ne sais pas combien j'en ai affronté, mais je sais que j'ai remporté toutes les courses !

Nous discutons encore quelques instants sur son entraînement avant que le silence ne reprenne place. C'est elle qui le brise cette fois. Charlie est beaucoup moins timide en ma présence, ça me rend heureux de savoir qu'elle arrive à tenir une discussion entière avec moi.

-Pourquoi... Est-ce que vous avez quitté Cuba ?

Elle semble tout de même hésitante lorsqu'elle me pose sa question, et j'hésite moi-même à lui répondre. Elle fait un pas vers moi, à moi d'en faire un vers elle.

-Ça a été une décision préparée des mois voire des années à l'avance, mais je l'ai tout de même fait très soudainement. Mon père parlait beaucoup du potentiel de ce pays. Il disait qu'en ayant beaucoup d'argent de côté, il était possible de devenir le Roi d'ici. J'ai toujours envisager la possibilité de venir ici. Il battait ma mère, il l'a toujours fait. Un jour, je n'ai plus supporté ça et j'ai défendu ma mère. Elle voulait juste se libérer de son emprise. Je l'ai tué et tout a changé depuis ce jour-là. Elle a eu la vie meilleure et je suis parti en prenant l'argent qu'il avait réservé pour moi en héritage. J'ai construit ce pays en implantant des sociétés populaires et tout s'est fait en un claquement de doigts.

À ma surprise, elle ne semble pas apeurée par le fait que j'ai tué mon père. Il n'était pas le seul que j'ai tué, mais il était le premier. Elle semble même compréhensive quant à la situation. Tout ce que je lui ai dit est vrai, c'est réellement ce qui s'est passé.

-Vous ne regrettez pas alors ?

-Pas le moindre du monde. C'était de la simple défense. Il était mauvais, bien plus que je ne peux l'être.

-Je suis sûre que vous n'êtes pas mauvais.

-Oh Charlie tu apprendras un jour que tout ce que j'ai fait pour ce pays n'est pas tout blanc.

Puisque je n'ai pas envie d'en venir à ce sujet, je décide de fuir pour rejoindre mon bureau et allume une cigarette. Elle a encore beaucoup de choses à apprendre sur moi, mais mes activités ne font pas partie des éléments dont je veux lui parler dès le début. Un jour peut-être elle saura, mais en attendant, je préfère ne pas l'effrayer. Je sais qu'elle n'a pas peur de moi et je ne veux pas que ce soit le cas alors je ferais en sorte de seulement lui parler des bons côtés, pas des mauvais côtés dès le début.

Queen of my Empire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant