Queen of my Empire - Tome 1

Chapitre 24 - Eastwood 🏍

Lorsque j'entre dans le salon, je repère immédiatement que Charlie est en pleurs dans le canapé. Je me précipite vers elle pour lui demander ce qui lui arrive.

-Elle... Commence-t-elle avant d'être coupée par un sanglot. Ils l'ont tuée...

Je met d'abord quelques instants à comprendre ce qu'elle me dit, puis en entendant le prénom de la petite Romy à la télévision, je finis par comprendre de qui elle parle. Je serre les dents en pensant à Samantha qui vient de produire cet acte infâme.

Charlie a tout de suite été émerveillée par la petite fille atteinte de Trisomie 21, puis choquée par comment elle était traitée par ses parents. Je sais qu'elle a été la voir lors de la seconde réception. Aujourd'hui, elle semble véritablement dépitée d'apprendre le meurtre de Romy.

Je soupire doucement et avance plus près de Charlie pour la prendre dans mes bras. Elle pose sa tête contre mon torse en continuant à pleurer. Sa main se resserre autour de ma chemise et je me met à caresser ses cheveux.

-C'est horrible, souffle-t-elle.

-Le couple refusait d'avoir un second enfant pour ne pas avoir une autre petite fille trisomique, prononce le reporter à la télévision. Le couple revendique totalement cet acte que nous pouvons considérer comme infâme, décidé d'un accord commun, c'est Samatha qui est cruellement passée à l'action tout juste ce matin. Les autorités ont été prévenu des cris d'agonie de l'enfant et ont fait aussi vite que possible. Nous venons d'être informé que médecin légiste vient tout juste de terminer son autopsie. Elle aurait tout d'abord été frappée à coup de ceinture, on estime entre cinquante et soixante le nombre de coups subits. Elle aurait également été brûlée à plusieurs endroits, nous ne décrirons pas pour le jeune public qui nous écoute. La petite Romy, tout juste âgée de cinq ans aurait rendu l'âme à cause d'un traumatisme crânien important. Samantha déclare avoir voulu "rendre son visage irreconnaissable pour que personne ne puisse revoir sa laideur insupportable." Elle ne supportait apparemment plus de se dire qu'une mannequin aussi belle qu'elle pouvait avoir enfanté ce "genre" d'enfant.

Après avoir entendu ce récit, les pleurs de Charlie redoublent et je me détache doucement d'elle pour éteindre la télé, au même moment où Samatha apparaît à l'écran pour témoigner de son meurtre.

-Les services sociaux auraient dû faire quelque chose pour la sauver, reprend Charlie. Ils auraient dû lui reprendre en voyant à quel point elle ressentait de la haine envers elle. Je suis sûre qu'elle serait encore en vie si c'était le cas !

-Sa famille a déjà fait le nécessaire pour lui reprendre la petite, mais les services sociaux ont refusé de lui retirer la garde, parce qu'ils considéraient que Romy était bien traitée. Ils vont regretter de ne pas avoir agi, sois-en sûre. Samantha va être pendue, c'est le châtiment lorsqu'on tue quelqu'un.

-La peine de mort est toujours en vigueur ici ?

-Oui, et pour ce genre de personnes, je me dis que c'est vraiment bien que ce soit toujours d'actualité. Je suis désolé Charlie, j'aurais aimé pouvoir faire quelque chose pour elle, mais tout ce que je peux faire maintenant, c'est te promettre que Samantha va souffrir aussi.

J'ouvre un tiroir juste à ma gauche et lui tend une boîte de mouchoirs. Elle s'essuie les yeux, même si de nouvelles larmes font leur apparition. Si Charlie a été dévastée pour la mort d'une petite qu'elle ne connaissait pas très bien, je n'imagine pas à quel point elle a dû souffrir de la perte de son père, sachant qu'elle était très proche de lui.

Je prends la main de Charlie et la guide jusqu'à mon piano. Je l'aurais bien laissé faire de la moto, mais j'ai peur pour elle vu son état, on verra si le piano la calme.

-Je n'ai pas envie de jouer.

Je ne sais pas comment réconforter une femme, je ne sais donc pas quoi faire pour l'aider. Malheureusement Émilie est à un de ses stages, elle ne peut pas m'aider. Et puis je ne me vois pas l'abandonner là comme ça, en faisant comme si de rien n'était.

-Joue avec moi Charlie.

Elle soupire puis prend un nouveau mouchoir pour s'essuyer les yeux. Elle s'installe enfin sur le piano en posant sa boîte sur celui-ci et je prends place à ses côtés. Je réfléchis un instant avant de jouer quelques notes et elle essuie ses yeux une nouvelle fois avant de s'accorder au bout de plusieurs minutes de silence. Au fur et à mesure que nous jouons, les larmes cessent de couler et Charlie semble s'être calmée.

Me rappelant que j'ai bientôt une réunion, je joue la note finale et me tourne vers Charlie qui me fait un mince sourire en enlevant ses mains du clavier. Ça confirme mes pensées : elle va mieux.

-Merci, murmure-t-elle.

Je suppose qu'elle me remercie d'avoir joué avec elle, mais c'est un vrai plaisir de le faire. Je ne regrette jamais de ne me mettre en retard sur mon travail pour passer du temps avec Charlie, parce que c'est justement elle et pas une autre. Charlie ou rien, c'est ce que j'ai établi depuis qu'elle est entrée dans ma vie.

-C'est normal.

Je passe une main dans son dos et une autre derrière sa tête et la tire de nouveau contre moi. Elle repose sa tête sur mon torse en soupirant doucement et je lui embrasse le front.

-Je vais devoir te laisser, j'ai une réunion importante. Je te revois ce soir Charlie. Émilie devrait rentrer avant moi.

Elle hoche la tête et je la lâche doucement pour sortir de la pièce. Je choppe une cigarette dans la poche de ma veste et l'allume en montant dans ma voiture. Direction le Marina Bay Sands, l'hôtel de luxe qui m'a coûté le plus cher dans tout ce que j'ai fait construire. J'ai rendez-vous avec l'un de mes plus gros acheteurs de drogues, et il attend impatiemment sa commande du mois. Dans un pays où la drogue est strictement interdite (de même que les chewing-gums), c'est très compliqué de réussir à vendre la drogue que je récupère aux douanes, mais j'y arrive toujours, et ce depuis dix ans déjà.