Chapitre 6

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La respiration de Harry se coupa brusquement et il eut l'impression que son visage entrait en ébullition.

Pansy ne perdit rien de sa réaction et elle approcha de lui encore une fois, posant ses mains sur ses épaules et allant jusqu'à coller leurs corps l'un à l'autre.
Harry émit un bref couinement, mais resta immobile, les yeux écarquillés, tandis que la jeune fille se penchait vers lui, toujours plus près, avec une lenteur délibérée.


Il sentit son souffle chaud sur sa joue, et frissonna violemment, perturbé. Lorsqu'elle arriva près de son oreille, il ferma les yeux, déglutissant nerveusement, et elle murmura, tout contre son oreille.
— Tu aimes qu'on te chuchote à l'oreille, Potter chéri ?


Harry eut l'impression que son corps entier prenait feu, et il se tendit, clignant furieusement des yeux, essayant de reprendre le contrôle. Il n'avait jamais eu cette sensation désagréable de perdre totalement la tête de cette façon, pour si peu.

Pansy écarta sa bouche de son oreille avec lenteur, laissant son souffle chaud caresser sa joue, le frôlant de ses lèvres volontairement. Elle eut un bref sourire rusé, et appuya ses lèvres à la commissure de la bouche de Harry, longuement.

Satisfaite, elle s'écarta de lui, les yeux pétillants de malice et elle laissa échapper une fois de plus son rire séducteur.
— À très vite, Potter chéri...

Puis elle partit, le laissant là, figé.


*


Une fois seul, Harry laissa échapper un souffle tremblant, essayant de comprendre ce qui venait exactement de se passer. Il passa la langue sur ses lèvres sèches, et lorsqu'il sentit le goût du gloss de Pansy Parkinson, il ferma les yeux, et laissa échapper le gémissement qu'il avait réussi à contenir face à elle.


Il rougit en se rendant compte qu'il était excité, plus qu'il ne l'avait jamais été.

Il avait rêvé de Cho Chang, lorsqu'il avait imaginé être amoureux d'elle, et il avait eu des rêves où il s'imaginait la toucher, l'embrasser. La jeune asiatique avait alimenté ses premiers fantasmes au passage à l'adolescence.
Ensuite, malgré ses cauchemars avec Voldemort, malgré tout ce qui n'allait pas dans sa vie — ses tuteurs, la mort de Sirius, la traque constante des Mangemorts — il restait un garçon en relativement bonne santé. Il lui arrivait de faire des rêves plus ou moins érotiques. Des rêves d'adolescents, que ses camarades de dortoir évoquaient parfois à mots couverts, les joues rouges et avec un petit sourire crispé.

Lorsque la petite sœur de Ron apparut dans un de ses rêves, il lui fallut un long moment pour croiser le regard de son meilleur ami sans se sentir gêné ou honteux. Il avait fait en sorte d'oublier ce rêve très vite et de ne plus jamais penser à Ginny avant de se coucher...

Cependant, jusqu'à présent, il n'avait jamais eu de petit scénario mental avec une fille de Serpentard. Il n'avait jamais imaginé que Pansy Parkinson puisse être... attirante, parce qu'elle s'était toujours affichée comme une groupie de Drago Malefoy.
Il l'avait jugée comme une cruche sans cervelle, sans le moindre intérêt, toujours renfrognée et il prenait conscience de son erreur...

Harry souffla doucement, essayant de sortir de son esprit le contact du corps de Pansy, sa chaleur, son parfum. Ginny avait un parfum de petite fille encore, une senteur légère, aux agrumes. Mais Pansy... C'était une odeur bien plus riche, un parfum enivrant, qui avait assailli ses sens. C'était une senteur complexe, un mélange de fragrances épicées. À un instant, il avait cru reconnaître la douceur de la vanille, avant de détecter l'effluve légèrement citronné du gingembre. Son odeur lui avait tourné la tête, et ses sens s'étaient enflammés.
Le jeune homme pensa brièvement que le souvenir de cette odeur serait dans ses rêves les plus torrides, et il ne savait pas s'il devait s'en agacer ou se sentir honteux d'être excité pour si peu...


Les mots qu'elle lui avait murmurés à l'oreille sonnaient presque comme une menace, mais ils avaient mis Harry dans tous ses états. Une part de lui-même avait presque hâte de voir ce qu'elle allait inventer, tout en craignant d'être humilié. Se retrouver avec une érection voyante dans la Grande Salle ou pendant un cours ne l'attirait pas vraiment, lui qui détestait être remarqué.

Soudain, Harry se rendit compte que les attentions de Pansy ne seraient pas discrètes — le but pour elle était d'être vue — et qu'il aurait à s'expliquer auprès de ses amis. Hermione détestait la Serpentard et lui ferait peut-être une liste interminable de recommandations. Ron grognerait, il se plaindrait sûrement que Pansy Parkinson soit à Serpentard et proche de Malefoy, mais... il était un garçon lui aussi et il comprendrait qu'il puisse être attiré physiquement par elle.

Restait Ginny.
Ils avaient échangé quelques sourires ces derniers temps, et Ginny le couvait du regard avec des airs de propriétaire. Ron lui avait dit que sa sœur était follement amoureuse de lui, et il avait préféré ne pas y penser et l'ignorer.
Sauf que son manque de réaction semblait encourager la jeune fille, bien malgré lui.

Il n'avait aucun doute que lorsqu'elle découvrirait le petit jeu de séduction de Pansy — et surtout qu'il n'était pas aussi insensible qu'il l'aurait aimé — Ginny lui offrirait une scène pénible. Elle n'avait jamais caché sa jalousie ni son caractère et il n'était pas pressé d'être la victime de sa colère.

Penser à la sœur de Ron avait définitivement calmé son excitation et Harry vérifia rapidement sa tenue, avant de passer machinalement la main dans ses cheveux. Avec un soupir fatigué, il fouilla son sac pour en extraire la carte du Maraudeur, la faisant apparaître d'un geste machinal en marmonnant la formule.

Depuis la rentrée, il la gardait sur lui, pour surveiller Drago Malefoy. Comme Pansy l'avait dit, il savait que le blond était devenu Mangemort, suite à l'arrestation de son père après le désastre du Ministère. Il avait dans l'idée qu'il passerait plus de temps désormais à chercher la position de Pansy Parkinson, pour tenter de lui échapper au maximum.

En repliant le parchemin, Harry sentit un frisson dévaler son échine, alors qu'il repensait au rire de Pansy et il se demanda malgré lui s'il voulait vraiment lui échapper. Il n'avait aucune véritable expérience avec les filles et même si une partie du monde magique le voyait comme un héros, il se rendait compte qu'il n'était pas suffisamment héroïque pour repousser une Pansy Parkinson décidée à le séduire.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant