Chapitre 10

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Les jours suivants, Pansy ne se cacha pas pour sourire à Harry dès qu'ils se croisaient. Au début, Harry rougissait et baissait la tête, comme s'il voulait disparaître. Puis, toujours écarlate, il commença à répondre à ses sourires, timidement.

Puisque rien ne pouvait rester secret dans Poudlard, leur comportement fut le sujet de beaucoup de conversations, et si les Serpentard laissaient Pansy tranquille, ce n'était pas le cas des Gryffondor. Ainsi, il y eut un remue-ménage inhabituel à la table des rouge et or, qui se termina par la fuite stratégique de Harry.

Pansy se mordilla la lèvre hésitant à le suivre. Cependant, le but n'était pas de l'isoler complètement de sa maison, et le rejoindre directement causerait probablement plus de problèmes.
Elle jeta cependant un long regard vers la porte, pressée d'avoir un nouveau moment en tête à tête avec le jeune homme.


*


Après une longue nuit d'insomnie, Harry s'était résolu à laisser Pansy agir à sa guise et à voir ce qu'il adviendrait. Il avait été trop surpris par son comportement pour réfléchir sérieusement à ce qu'elle avait dit, mais à force de se rejouer les scènes dans son esprit, il avait fini par se souvenir qu'elle comptait jouer les espions pour lui. Uniquement pour lui, sans passer par l'intermédiaire de Dumbledore, et il aurait enfin accès à ce qu'on lui cachait.

Avec une parfaite mauvaise foi, il s'était convaincu qu'il attendait avec impatience leur prochaine rencontre seul à seule, uniquement pour lui demander des précisions, évidemment...


Lorsqu'il croisa Pansy, il ne put s'empêcher de rougir, surtout lorsqu'elle lui adressa un sourire séducteur qui envoya une nuée de papillons dans son estomac. Malefoy lui lança un coup d'œil moqueur et Harry se tassa sur lui-même, prêt à subir une remarque désagréable. Mais le blond passa son chemin sans un mot, remorquant Pansy à sa suite, comme si rien ne s'était passé.

Surpris, il cligna des yeux et marqua un bref temps d'arrêt pour se retourner — admirant au passage la silhouette de la Serpentard qui peuplait ses songes.

Après avoir croisé plusieurs fois Pansy et reçu des sourires sans que Malefoy ne cherche à l'humilier ou à le bousculer, Harry osa répondre timidement, étirant légèrement ses lèvres, les joues toujours aussi rouges. Le sourire de Pansy s'agrandit, et le jeune homme en fut stupidement heureux.

Au fil de la journée, ses sourires en réponse à ceux de Pansy se faisaient de plus en plus larges et spontanés, et même s'il rougissait toujours, il ne craignait plus être victime d'une plaisanterie. Au contraire, il était envahi d'une sorte de fébrilité et il attendait leur prochain cours en commun avec impatience.


Au repas du midi, il se rendit compte que beaucoup de regards étaient braqués sur lui, et il se retint de lever les yeux au ciel. Ginny lui lança un regard colérique qu'il ignora avec soin, et il s'installa pour manger, ignorant Hermione qui cherchait à engager la conversation.
Cependant, lorsque Lavande s'approcha de lui pour mettre les pieds dans le plat, bras croisés sur sa poitrine, il se retrouva coincé, avec ses camarades de maison attendant une réponse.
— Alors Harry ? Qu'est-ce qui se passe avec Parkinson ? Elle semble soudain très amicale.

Il sentit ses joues s'enflammer, mais il ne baissa pas les yeux, haussant juste les épaules.
— Et alors ? Rien n'interdit d'être amical avec quelqu'un d'une autre maison, non ?


Il y eut un lourd silence pendant lequel il continua de manger, ignorant les regards sur lui. Hermione fronçait les sourcils, mais il refusa de croiser son regard parce qu'elle avait cette capacité à lui faire avouer tout ce qu'il voulait cacher.
Alors qu'il buvait, Ron fut celui qui prit la parole.
— Mais c'est une Serpentard !

Harry reposa son verre tranquillement et haussa les épaules une fois encore, sans répondre. Il sentait la colère monter en lui, alors qu'il avait l'impression d'être à un procès — à son procès. Neville lui lança un regard de sympathie, et se remit à manger, décidant visiblement qu'il n'était pas concerné par le sujet. Dean et Seamus échangèrent un regard, et ce fut l'Irlandais qui continua, avec un sourire égrillard.
— Si elle aime les Gryffondor à ce point, on peut aussi se dévouer pour la distraire !

Harry serra les poings sur ses cuisses, se forçant à ne rien dire tandis qu'ils étaient plusieurs à rire. Le froncement de sourcils de Hermione s'intensifia alors qu'elle l'examinait comme s'il était un problème qu'elle devait résoudre.

Ginny se pencha les yeux plissés, une moue agacée sur le visage.
— Qu'est-ce que tu fiches avec elle d'abord ? C'est probablement une Mangemort qui va te livrer !


Cette fois, Harry grogna et se leva sans dire un mot. Hermione l'attrapa par le poignet.
— Harry ?

Il se dégagea brusquement.
— J'ai terminé, je vais prendre l'air. Seul.

Il avait ajouté le dernier mot en voyant Ginny faire le geste de se lever, et il fit volte-face pour quitter la Grande Salle rapidement, avec l'impression de fuir.


En passant près de la table des Serpentard, il croisa le regard inquiet de Pansy, et il se sentit d'un coup moins oppressé.

*


Après la scène à laquelle elle avait assisté dans la Grande Salle — Harry Potter devant prendre la fuite pour avoir un peu de paix, uniquement parce qu'il avait répondu à ses sourires —, Pansy envisagea sérieusement d'abandonner son plan soigneusement établi.
Elle voulait aider Harry, pas l'isoler ou le mettre en difficulté.

Cependant, Drago la convainquit de ne pas baisser si vite les bras. Ou plus exactement, il sut lui montrer la solution : laisser le choix à Harry de la suite.

Ainsi, en parcourant les couloirs à la recherche du Survivant, Pansy était inhabituellement nerveuse. Elle comptait demander à Harry s'il voulait qu'elle s'éloigne et le laisse tranquille. Si c'était ce qu'il voulait, alors elle abandonnerait son idée et prendrait le risque de déclencher la colère de son père.

Elle trouverait autre chose pour échapper à son destin, quitte à accepter l'union avec Drago. Ce serait définitivement étrange — ils étaient amis rien de plus, et il n'y avait jamais rien eu de romantique entre eux — mais ce serait mieux que de terminer avec un Mangemort célibataire plus âgé comme Rabastan Lestrange...

Elle réprima une grimace de dégoût en pensant à l'homme ignoble et se reprit, continuant de parcourir les couloirs en essayant de localiser Harry Potter — qui savait se faire aussi insaisissable qu'une anguille quand il le voulait...

Alors que Pansy passait devant une salle de classe déserte, une main passa par l'entrebâillement de la porte et la tira à l'intérieur avant qu'elle n'ait le temps de réaliser ce qui se passait.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant