Chantage brûlant

Chapitre 19

Pansy le fixa longuement, puis hocha la tête.
— Tu n'étais pas obligé de te précipiter pour me le dire, ça pouvait attendre demain, non ?

Harry s'empourpra, et détourna les yeux. Il haussa les épaules, et grogna.
— J'étais furieux, dans le bureau de Dumbledore, et j'avais envie de te voir après... après ça.

Pansy ne bougea pas, observant Harry. Ses mots avaient fait bondir son cœur dans sa poitrine, et elle hésita longuement. Puis elle murmura, croisant les bras sur son ventre comme pour s'empêcher de le toucher.
— Tu sais que ce n'est pas... Enfin, on... Ce n'est pas réel.

Elle avait baissé les yeux, et n'osait pas regarder le jeune homme, probablement par peur de lire la colère ou le rejet dans ses yeux verts.

Harry ricana et elle sursauta, se crispant, prête à recevoir des mots blessants. Mais il tendit la main et caressa sa joue gentiment.
— Je suis peut-être novice comme tu as pu le remarquer, mais je ne suis pas stupide. Et tu as été claire dès le début. Je t'apprécie de plus en plus, Pansy, mais je ne compte pas te demander en mariage ou te jurer un amour éternel... Je voulais juste m'assurer que tu allais bien et... j'aime bien être avec toi.

Surprise, elle leva les yeux vers lui. Il lui fit un clin d'œil amusé et continua, en la couvant d'un regard tendre.
— Disons que je te vois comme une amie un peu spéciale, d'accord ? Et j'aime être avec toi, parce que je me sens bien à tes côtés. Je n'ai pas besoin de... me cacher.
— Te cacher ?

Harry soupira, et un bref instant, son visage refléta de la tristesse et une autre émotion que Pansy ne put identifier. Il se reprit rapidement et eut un sourire crispé avant de s'expliquer.
— Ron est jaloux. Parce que je suis riche, parce que je suis célèbre. Si je me plains, il... il trouve le moyen de me rappeler que j'ai ce qu'il n'a pas. Quant à Hermione... Et bien, je l'adore, mais elle pense que toutes les solutions sont dans les livres et que Dumbledore a toujours raison. Elle est mon amie, pas ma mère et elle est trop... directive.

La Serpentard haussa un sourcil surpris.
— C'est la première fois que je t'entends parler de cette façon. Habituellement, tu leur trouves toujours des excuses...

Harry cligna des yeux, comme s'il avait parlé sans s'en rendre compte, et il haussa les épaules avec une moue résignée.
— Ce sont mes amis, je ne compte pas... Enfin. Je les aime toujours autant.
Pansy soupira.
— Mais tu vas les repousser.
— Oui.

La réponse rapide et brève surprit Pansy. Elle souffla, soudain inquiète.
— Tu ne peux pas... T'isoler ainsi !
— Je peux les protéger de cette façon. Ils... ont leur vie, et moi je suis pris dans ce bourbier. Soyons honnêtes, j'ai peu de chances de m'en sortir indemne. Et si tu n'étais pas déjà en danger, jamais je n'aurais accepté... Je t'aurais tenu à l'écart de moi, pour te protéger.

La jeune fille eut un bref moment d'hésitation, puis elle l'attira dans ses bras. Il se laissa aller contre elle, et elle ne put s'empêcher de chuchoter.
— Tu es un idiot, Harry Potter.

Il ricana, sans pour autant s'écarter.
— Tu as une façon étrange de me réconforter...

Elle lui donna une claque sur le bras, avec un grognement agacé.
— Ce n'était pas du réconfort ! Tu ne devrais pas rester seul ! Je n'aime pas Weasley, et encore moins Granger, mais je ne suis pas aveugle. J'ai vu à quel point ils étaient importants pour toi, et ils sont inquiets. Tu ne peux pas juste les rayer de ta vie.

Harry la serra un peu plus contre lui.
— Oh si, je peux. Ils ont risqué leurs vies l'an dernier, et en fin de compte, mon parrain est mort par ma faute. Ce n'est pas un jeu, c'est réel. Je ne veux pas me réveiller un jour, et me rendre compte qu'ils sont morts parce qu'ils étaient amis avec moi.

— Et s'ils veulent se battre ? Parce que tu peux toujours essayer de me repousser, Harry, mais je n'attendrais pas sagement que tout soit terminé. Je compte bien rester impliquée, et tout faire pour...

Pansy s'interrompit brusquement. Elle n'avait jamais été jusqu'à affirmer qu'elle voulait la chute de Voldemort à haute voix, mais elle se rendait soudain compte que c'était ce qu'elle désirait le plus au monde depuis que Drago était arrivé avec la Marque sur son bras, et le désespoir chevillé au corps.

Elle sursauta quand Harry reprit la parole, craignant un instant avoir parlé à haute voix.
— Pourquoi Malefoy a pris la marque ?

Elle se raidit, hésitante, puis elle finit par répondre. Drago serait furieux, mais elle faisait ça aussi pour l'aider...
— Il n'a pas vraiment eu le choix. Avec son père en prison, c'est ce que... C'est ce qu'il a exigé de sa famille pour leur échec. Il vit pratiquement dans son manoir et...

Harry hoqueta et jura sourdement.
— Encore quelque chose qui s'est produit à cause de moi... Si je ne m'étais pas précipité au Ministère...

Il y eut un long silence, puis Pansy le brisa, murmura juste.
— Tu te souviens quand je t'ai parlé du rôle d'idiote qui me permettait de... d'écouter ? Il m'arrive d'entendre des conversations qui auraient dû rester... secrètes. Je n'ai pas tous les détails de ce qui s'est produit l'an dernier. Mais je peux juste te dire que c'était un piège qui t'était destiné, et que tu n'avais aucune chance d'y échapper. Ils avaient besoin de toi pour récupérer un objet et tous les Mangemorts étaient prêts à risquer leurs vies pour ça. Lucius connaissait les risques, lorsqu'il s'est attaqué à toi. Il s'est fait prendre et c'est uniquement de sa faute, pas de la tienne.
— Malefoy...
— Drago est mort de trouille. Il me tuerait d'apprendre que je te l'ai dit. Et surtout, il doit montrer qu'il te déteste plus que tout, parce qu'il a peur pour sa mère. S'il commet la moindre erreur, elle sera torturée. S'il échoue, elle sera tuée. S'il t'ignore en ce moment, c'est uniquement parce que je dois... me rapprocher de toi.

Harry laissa échapper un bref gémissement.
— Je ne peux pas... Laisser ça continuer. Je dois y mettre fin. C'est...
— Tu ne vas rien faire pour le moment.

Le jeune homme se tendit, prêt à protester, mais Pansy s'écarta de lui juste pour le fixer dans les yeux, mortellement sérieuse.
— Tu ne vas pas te jeter tête la première. Tu vas prendre le temps de te préparer, pour être certain de réussir. Nous allons tout faire pour te faire gagner du temps, alors profites-en !

Harry l'attira brutalement contre lui pour l'embrasser, presque désespéré.