Chantage brûlant

Chapitre 23

Le lendemain matin, tout Poudlard semblait être au courant du baiser entre Harry et Pansy. Visiblement, la rumeur avait fait son travail, plus vite que Harry ne l'avait pensé.

Il supporta le soudain silence quand il entra dans la Grande Salle, en compagnie de Hermione et Neville. Il ignora le regard furieux de Ron qui semblait consoler sa sœur. Il lança préventivement un regard noir à Lavande, essayant d'être assez impressionnant pour la dissuader de venir lui poser des questions.

Hermione pinça les lèvres en regardant Ron, et murmura.
— Je vais... essayer d'arranger les choses.

Harry laissa échapper un bref ricanement, et secoua la tête.
— Peu importe, Hermione. Je... Je n'ai pas envie de le supplier jusqu'à sa prochaine crise de jalousie. Si ça ne te dérange pas, je vais m'installer un peu à l'écart.

Neville le suivit sans hésiter et se plaça face à lui, avec un sourire amical. Harry le lui rendit, esquissant un remerciement muet.
Cependant, le Gryffondor rougit un peu et jeta un bref regard par-dessus son épaule en direction de la table Serpentard. Il haussa un sourcil en direction de Harry.
— Je ne compte pas t'ennuyer avec cette histoire. Mais dis-moi juste si la rumeur est vraie ou pas. Toi et...
Harry ricana et hocha la tête, les yeux brillants. Ses yeux se portèrent sur la porte, au moment où Pansy arrivait, encadrée des autres filles de sa maison. Malgré lui, ses joues prirent une teinte rosée et il lui sourit affectueusement. La jeune fille lui adressa un clin d'œil et lui rendit son sourire, visiblement heureuse de son accueil muet.

Lorsqu'il reporta son regard sur Neville, ce dernier le fixait, stupéfait. Puis il eut un rire un peu nerveux.
— C'est... surprenant. Mais tu as l'air... Bon sang, Harry, je ne t'ai jamais vu comme ça. Quand elle est entrée...

Harry rougit un peu plus et se concentra sur son assiette. Il fronça le nez, et marmonna, mal à l'aise.
— Je suis bien avec elle, tu vois ? Elle... elle est vraiment surprenante.
Neville lui sourit tranquillement, et reprit son repas, changeant de sujet pour parler des cours. Visiblement, la réaction instinctive de Harry l'avait convaincu.

*

À la table des Serpentard, Pansy s'installa comme à son habitude près de Drago, ignorant les gloussements amusés de ses camarades de maison. Le sourire de Harry, ses yeux si verts brillants avaient fait fureur et elle avait eu droit à quelques plaisanteries sur le charme de son nouvel ami. Elle avait souri sans répondre, essayant d'ignorer l'aiguillon de la jalousie quand certaines parlaient de le séduire à leur tour.

Drago lui jeta un bref coup d'œil en coin et lui tendit un verre de jus de citrouille sans un mot. Elle le remercia d'un sourire et ne put s'empêcher de regarder Harry.

Leurs yeux se croisèrent une fois encore et elle eut l'impression qu'une nuée de papillons prenait son envol dans son estomac. Elle cligna des yeux, et se concentra sur la nourriture, essayant d'oublier à quel point elle avait envie de le rejoindre pour l'embrasser.

Drago lui donna un coup de coude, et elle se redressa, reprenant son visage lisse de toute émotion. Ce masque qu'elle avait l'habitude de porter pour se protéger lui semblait d'un coup trop lourd à porter.
Finalement, l'estomac noué, elle but son verre et se leva.

Son ami lui jeta un coup d'œil inquiet, et Pansy força un sourire mécanique sur son visage.
— J'ai oublié mon livre de sortilèges. Je me dépêche.
Sans un mot, Drago hocha la tête, pinçant les lèvres pour ne pas faire la moindre réflexion.

*

En voyant Pansy se lever d'un coup, Harry se raidit. Il s'apprêtait à la suivre quand il croisa le regard de Malefoy. Celui-ci semblait plus amical et ouvert qu'il ne l'avait jamais été, et il lui fit discrètement « non » de la tête, comme pour lui faire comprendre de ne pas bouger, pour ne pas attirer l'attention.

Il hésita un long moment, prêt à se lever d'un bond et à courir rejoindre Pansy, mais il accepta de faire confiance à son rival de toujours. Il se relaxa, sans quitter Malefoy des yeux, et ce dernier lui adressa un bref sourire approbateur.

Cependant, Harry était inquiet et il joua plus avec la nourriture qu'il ne mangea. Quand il estima que Pansy était partie depuis suffisamment longtemps pour que son départ ne semble pas suspect, il se leva, tapotant distraitement sa poche où était dissimulée la carte du Maraudeur.

Drago lui jeta un bref coup d'œil, mais n'eut pas la moindre réaction et Harry sourit à Neville.
— À plus tard, Nev.

Son camarade lui sourit, et lui adressa un clin d'œil.
— Essaie juste de ne pas être en retard.

Harry gloussa, et secoua la tête.
— Je serais à l'heure. Promis.

*

Pansy se trouvait stupide de fuir de cette façon. Elle avait l'habitude de cacher qui elle était réellement, et ce depuis toujours. Son père n'avait jamais été vraiment aimant et il voulait la façonner en poupée obéissante. Dès sa naissance, il avait imaginé la marier à un autre Sang-Pur plus puissant, pour rehausser le prestige de leur famille.

Petite fille, elle obéissait sagement et elle ne se posait jamais de questions. L'autorité de son père était sans appel et sa mère courbait l'échine devant lui, épouse soumise et effacée. Mais en grandissant, lorsque son caractère s'était affirmé, Pansy avait commencé à se rebeller. Pas de façon frontale, mais insidieusement. Elle avait commencé à se poser des questions, de plus en plus souvent.
Puis, elle avait pris l'habitude de se cacher derrière le masque de sotte évaporée, la petite Sang-Pur sans cervelle, que son père avait voulue. Sauf qu'elle n'était pas stupide et profitait de ce rôle pour duper tout le monde. Pour apprendre à aiguiser ses griffes et sa langue acérée, pour se défendre et prendre du pouvoir.

Il n'y avait que Drago pour savoir qui elle était vraiment, probablement parce qu'il jouait lui aussi un rôle, enfermé lui aussi dans les désirs égoïstes de ses parents.

Le sourire de Harry, si franc et si lumineux, lui avait rappelé qui elle était. Une fille de Mangemort. Quoi qu'elle fasse, elle serait toujours vue de cette façon. La fille d'un criminel — d'un petit criminel, de bas étage, bien loin d'un génie du crime —, et elle-même une criminelle en puissance.

Le cœur battant, elle s'immobilisa alors qu'elle arriva devant les escaliers qui menaient aux cachots. Elle soupira, et sursauta en entendant du bruit derrière elle. Elle allait se retourner, quand elle sentit un choc dans son dos et elle battit des bras, essayant de se rattraper. Avant même de comprendre ce qui lui arrivait, elle se sentit tomber. La douleur explosa en elle, puis ce fut le trou noir.