Chantage brûlant

Chapitre 59

Harry vacilla, perplexe. Il fronça les sourcils et Lily eut un rire tendre.
— Oh ! mon chéri, tu ressembles tellement à ton père quand tu as cette expression.

Boudeur, Harry répliqua aussitôt.
— Tout le monde me dit que je suis le portrait craché de mon père. Mais que j'ai tes yeux.
Lily soupira et caressa son visage, puis elle haussa les épaules.
— Bien sûr que tu ressembles à ton père. Mais pas à ce point. Tu es un parfait mélange de nous deux.

Il y eut un long silence puis Lily soupira.
— Tu devrais être mort, Harry. Mais... lorsque tu étais bébé, je me suis interposée. Je me suis sacrifiée pour toi mon chéri, et crois moi, je voulais que tu vives. Plus que tout. La Magie, quelque chose, m'a laissé le choix, à moi aussi. De revenir, bel et bien vivante. Mais... j'ai préféré t'offrir cette vie, à toi, mon fils. C'est de cette façon que tu as survécu, la première fois.

Harry hocha la tête avec un sourire triste, comprenant que Dumbledore s'était trompé sur les raisons de sa survie. Lily continua, avec douceur.
— Tu es venu défier ce monstre, pas par vengeance, pas par colère, mais juste pour protéger tes amis. Le monde magique. Tu es venu librement, sans contraintes, et tu t'es sacrifié sans hésiter. Tu voulais que ton amie soit libre.

Le jeune homme rougit légèrement en pensant à Pansy, puis il fronça les sourcils, perplexe.
— Je ne comprends pas.

Lily eut un rire amusé et son fils la regarda avec fascination. Elle soupira et reprit.
— Pour faire simple, ton sacrifice était totalement désintéressé. Tu n'as pas eu la moindre hésitation. J'aurais préféré te savoir loin de tout ce bourbier, mais je suis si fière de toi, du garçon... pardon, de l'homme que tu es devenu.

Harry haussa les épaules et détourna les yeux.
— Je n'avais pas vraiment le choix.
— Bien sûr que si mon chéri. Tu pouvais décider de tourner la page et partir loin. Tu pouvais juste décider d'attendre comme le voulait ce vieux manipulateur de Dumbledore ! Mais tu es venu et tu as fait en sorte de protéger tes camarades.

Harry soupira.
— Le professeur Rogue, Malefoy... ils méritent une seconde chance. Ils ont la marque, mais...

Sa mère sembla soudain triste, et hocha la tête.
— Je sais. Tu devras dire à Severus que je l'ai pardonné depuis bien longtemps et que je m'excuse de l'avoir abandonné... Nous étions amis, tu sais ? Et il était le meilleur ami que j'aurais pu espérer. Tu lui ressembles un peu. Lui aussi avait pour habitude d'écarter ses proches quand ça n'allait pas.

Harry rougit un peu, tête baissée. Lily l'attira contre elle de nouveau, caressant son dos, passant sa main dans ses cheveux encore et encore.
Harry soupira, puis se tendit.
— Comment pourrais-je dire quelque chose à... au professeur Rogue ?
Elle eut un rire joyeux, et le serra un peu plus.
— Parce que nous avons peu de temps. Tu vas repartir dans ton corps, mon chéri, tu vas survivre à toute cette folie.

Un bref instant, Harry fut tenté de refuser. De lui demander de rester éternellement dans ses bras, de connaître enfin la sensation d'avoir une mère. D'être aimé.
Puis, il pensa à Pansy. À la place qu'elle avait pris dans sa vie, à son sourire, à son visage si doux lorsqu'ils étaient seuls.

Comme si elle avait deviné les pensées de son fils, Lily rit de nouveau.
— Tu as choisi une compagne de valeur, mon chéri. Elle est forte et indépendante, et elle t'aime.
Rougissant encore une fois, Harry baissa les yeux. Il répondit, un peu sur la défensive.
— Je l'aime aussi. Plus que tout. Peu importe que son père soit un Mangemort, je resterai près d'elle.

Lily ébouriffa une fois de plus les cheveux de son fils et hocha la tête.
— Mais j'espère bien ! Tu mérites d'être heureux et cette jeune fille est parfaite pour toi... Au moins, elle ne s'arrête pas à ta fortune ou à ta célébrité.

À cet instant, Harry aurait pu exploser de bonheur. Il était dans les bras de sa mère, profitant d'une étreinte tendre pour la première fois depuis bien longtemps. Elle le câlinait comme s'il était un petit garçon. Et elle approuvait sa relation avec Pansy.

Lily hésita puis sourit doucement.
— C'est le moment de repartir, mon chéri. Nous t'aimons, mon bébé. Plus que tout au monde. N'oublie jamais ça... Nous veillons sur toi, tu ne seras jamais seul...

Harry hocha la tête, déchiré à l'idée de ne plus revoir sa mère. Lily s'écarta, sans le quitter des yeux. Elle murmura.
— Sirius s'est sacrifié pour toi lui aussi, Harry. Volontairement, parce qu'il t'aimait autant que nous. Il s'excuse de ne plus être là pour toi, mais... Mon chéri, ce n'est pas de ta faute. Tu n'as rien fait de mal... Rien du tout. Tu es un jeune homme merveilleux et nous aurions tellement aimé te voir grandir...

Les larmes commencèrent à couler sur les joues de Harry alors que le salon semblait s'effacer, devenant presque transparent. Lily aussi devenait moins tangible, fantomatique. Et Harry était certain que s'il se jetait dans ses bras, il ne rencontrerait que du vide.

Il ferma les yeux, triste, mais apaisé, et se laissa aller.

*

Pansy avait fini par se calmer. Drago lui chuchotait des paroles de réconfort, semblant réellement touché par la mort de Harry, mais elle ne l'écoutait pas. Elle s'était perdue dans ses pensées, les yeux fixés sur le visage du Gryffondor.

Elle pensait stupidement qu'il avait l'air paisible. Comme s'il dormait.

D'un coup, elle se sentit épuisée. Elle voulait juste s'allonger près de lui, et oublier tout ce qui venait de se passer. Elle aurait presque pu se convaincre que c'était un cauchemar, que Harry n'était pas vraiment mort. Qu'elle allait se réveiller dans ses bras et qu'elle se trouverait stupide d'avoir imaginé un tel drame.

Elle se souvint de Harry lui disant à quel point elle était forte, lui disant qu'elle pourrait tout surmonter. À cet instant précis, elle n'avait pas l'impression d'être si solide.

En voyant le professeur Rogue se pencher sur Harry et le fixer avec attention, elle se tendit. Une part d'elle voulait espérer un miracle, mais elle savait que le miracle avait déjà été accompli. Harry s'était sacrifié pour défaire Voldemort et il avait réussi.

Pansy ferma les yeux de toutes ses forces, et souffla doucement, avant de se dégager des bras de Drago pour s'approcher de Harry. Elle ignora le regard de Rogue, plein de pitié, et attrapa sa main — la trouvant encore chaude et souple — pour enlacer leurs doigts.
Elle ne quitterait pas son corps tant qu'ils ne seraient pas de retour à Poudlard, en sécurité.